La Verdure dorée/Regarde le jardin abandonné, le banc

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La Verdure doréeÉditions Émile-Paul frères (p. 73).

XLVIII


Regarde le jardin abandonné, le banc,
Et la tonnelle où tu pleuras au soir tombant,
La grange, le balcon rouge, le massif plein de
Grives, le gravier bleu sous les marronniers d’Inde.
Quand tu partis et que ton rire s’envola.
J’eus le cœur gros comme un volume de Zola ;
Mais te voilà ! — L’air est léger comme un sourire ;
Ma tristesse fond devant toi comme une cire
Sur la lampe. Rentrons. La porte grince et les
Volets. Veux-tu, soyons deux oiseaux envolés !
Nos regrets sont partis au grand trot des carrioles
Cahotantes et nous ferons des cabrioles
Dans l’azur. Le fauteuil est là, dans l’ombre. J’ai
Déboutonné tes gants et, bruyant comme un geai
Des bois, je ne dirai que des mots d’allégresse.
Vous pleurez ? Tu souris ? Est-ce de bonheur ? Est-ce ?