La Verdure dorée/Les jours sont plats comme des soles

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La Verdure doréeÉditions Émile-Paul frères (p. 49).

XXIX


Les jours sont plats comme des soles
Et la rouille a couvert mon cœur ;
Mais tu parais et tu consoles
Mon amertume, ô remorqueur !

Amour, nous sommes les chaloupes
Vides sur le flot des hivers,
Et nous rêvons de Guadeloupes
Où rugissent des lions verts.

Là-bas, vibrent des promontoires
Sous le cri de tigres ailés ;
Et dans des champs de roses noires
S’étirent des chats violets.

Des oiseaux sont couverts de feuilles ;
Des plumes poussent dans les prés…
Emmène-nous, toi qui recueilles
L’espoir des rêves déchirés.

Amour, jette-nous tes amarres ;
Vois nos larmes, entends nos cris.
Les soirs dorment comme des mares
Autour des cœurs endoloris.