L’Encyclopédie/1re édition/GENTILÉ

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GENTILÉ, s. m. (Gramm.) terme latin, que l’usage a francisé pour exprimer le nom qu’on donne aux peuples par rapport au pays ou aux villes dont ils sont habitans.

Le gentilé d’un seul homme peut être de trois manieres & de trois sortes de dénominations : le gentilé, par exemple, du peintre Jean Rothénamer est allemand, bavarois & munichien ; allemand signifie qu’il est d’Allemagne ; bavarois, qu’il est du cercle de Baviere ; & munichien, qu’il est de Munich.

Le dictionnaire d’Etienne de Bisance enseigne le gentilé des habitans des villes, & des pays dont il parle. Notre langue manque souvent de cette sorte de richesse ; ce qui nous oblige d’employer des circonlocutions, parce que nous n’avons point de dénomination tirée du nom de plusieurs villes. On seroit bien embarrassé de désigner le gentilé des habitans d’Amiens, de Saint-Omer, d’Arras & d’autres lieux ; il est vrai cependant qu’il y a plusieurs pays & villes qui ont leur gentilé déjà fait, & que tout le monde ne connoît pas : tels sont les habitans de l’Artois, de Salé & de Candie, qui s’appellent artésiens, saletins & candiots. Mais on trouve encore dans les auteurs le gentilé des peuples de certaines provinces, qu’il est plus difficile de deviner, comme berruyers, guespins & hennuyers. La plûpart des François ignorent que ce sont les habitans de Berri, d’Orléans & du Hainaut.

Je crois que l’on pourroit former avec succès le gentilé qui nous manque de plusieurs de nos villes & provinces, & que ces sortes de dénominations faites dans la regle, & transportées ensuite dans les livres de Géographie, prendroient faveur. (D. J.)