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LE SAINT GRAAL

mes péchés que vous m’avez occis, et je vous le pardonne de bon cœur. En nom Dieu, si vous retournez à la cour du roi Artus, saluez ceux de la Table ronde qui reviendront vivants de cette haute quête et demandez-leur qu’ils prient Notre Seigneur d’avoir pitié de moi.

Puis il confessa ses péchés à un moine et reçut le Corpus Domini ; après quoi il dit encore :

— Doux ami, je vous requiers maintenant d’ôter votre épée de mon corps.

En pleurant, messire Gauvain mit la main à la poignée et doucement retira la lame qu’il avait plongée dans la poitrine de son ami. Mais le blessé s’étendit d’angoisse entre les bras d’Hector, et son âme abandonna son corps.

Alors les deux chevaliers songèrent à tant de prouesses qu’ils lui avaient vu faire, et ils commencèrent de mener le plus grand deuil dont on ait jamais entendu parler : sachez que messire Gauvain pâma de douleur plus de trois fois, coup sur coup. Puis ils ensevelirent leur compagnon dans un très riche drap de soie, que les moines apportèrent quand ils surent que le mort était fils de roi. Et sachez que messire Yvain fut enterré devant le maître-autel, sous une belle tombe où l’on écrivit son nom et le nom de celui qui l’avait occis. Mais le conte laisse maintenant ce propos pour dire ce qui advint à Bohor de Gannes.