Page:Sand - La Mare au Diable.djvu/193

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lescence, lui faisaient monter aux joues un éclat aussi suave que la fleur du pêcher aux premiers rayons d’avril.

Son fichu blanc, chastement croisé sur son sein, ne laissait voir que les contours délicats d’un cou arrondi comme celui d’une tourterelle ; son déshabillé de drap fin vert-myrte dessinait sa petite taille, qui semblait parfaite, mais qui devait grandir et se développer encore, car elle n’avait pas dix-sept ans. Elle partait un tablier de soie violet-pensée, avec la bavette, que nos villageoises ont eu le tort de supprimer et qui donnait tant d’élégance et de modestie à la poitrine. Aujourd’hui elles étalent leur fichu avec plus d’orgueil, mais il n’y a plus dans leur toilette cette fine fleur d’antique pudicité qui les faisait ressembler à des vierges d’Holbein. Elles sont plus coquettes, plus gracieuses. Le bon genre autrefois était une sorte de raideur sévère qui rendait leur rare sourire plus profond et plus idéal.

À l’offrande, Germain mit, selon l’usage, le treizain, c’est-à-dire treize pièces d’argent, dans la main de sa fiancée. Il lui passa au doigt une bague d’argent, d’une forme invariable depuis des siècles, mais que l’alliance d’or a remplacée désormais. Au sortir de l’église, Marie lui dit tout bas : Est-ce bien la bague que je souhaitais ? celle que je vous ai demandée, Germain ?

— Oui, répondit-il, celle que ma Catherine avait