Page:Vallès - L’Insurgé.djvu/101

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— Nous ne sommes pas inquiets, allez ! Vous nous paierez à la façon de M. Courbet chez Handler… quand ça lui plaît. Et ne vous ne gênez pas pour les extra ! Seulement, quand vous serez quelque chose vous vous souviendrez de nous, n’est-ce pas ?

Les simples ont l’air de croire que je serai « quelque chose » un jour, mais les éduqués haussent les épaules en entendant prononcer mon nom.

— Pourquoi, diable, vous occupez-vous de la politique ! Avec ce que vous avez dans le ventre, si vous faisiez seulement de la littérature, l’avenir serait si beau pour vous ! tandis que c’est la misère, la prison… Tenez, vous êtes toqué !


— Moi d’abord, je rogne les basques ! a dit, avec une moue significative, un tailleur des grands quartiers qui m’habillait depuis longtemps, et à qui je donnais de l’argent… quand j’en avais de trop. Comment ! vous pourriez être député, et vous vous mettez à insulter les Cinq ! Je ne travaille pas pour les barricadiers, je ne coupe pas des redingotes qui vont se salir contre les blouses.

Justement, j’avais besoin d’un complet de demi-saison.


Heureusement, un juif qui habille des camarades — à tempérament — a bien voulu me prendre mesure, et m’offrir toute sa maison. Mais il a à écouler un stock de velours tramé et il faut que j’accepte un costume de charpentier.