Échalote et ses amants/23

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Louis-Michaud, Éditeur (p. 259-273).

XXIII

Quand les veufs vont par deux.


Cette leçon-là — où se sent pourtant à pleines narines la main vengeresse d’un Dieu las et exaspéré — eût dû, ce semble, porter ses fruits.
Courteline.
(Henriette a été insultée.)


Des jours suivirent, qui fortifièrent cette amitié née un matin d’épanchement et de pleurs, mais maintinrent l’inéluctable : Échalote ne voulait plus être à l’un ou l’autre, ni même à tous les deux. Elle était à Victor et ses fiançailles étaient officielles. Tout le quartier s’en réjouissait, sans que MM. Plusch et Dutal prissent part à une allégresse qui mettait la pierre tombale sur leurs derniers espoirs.

— Au moins, peuh, peuh, consolons-nous par la vengeance, — décréta M. Plusch.

— C’est un sentiment que je ne veux pas connaître, — avait répondu Adhémar, — d’ailleurs, je ne saurais pas m’en servir.

— Laissez-moi faire.

Mais le vieux rigolo n’avait trouvé, pour laver les injures reçues, que des moyens de collégien. C’est ainsi que, pendant une semaine, il dévalisa toutes les poissonneries de la rue Lepic de leur stock de maquereaux. Muni de ces petits cadavres, il allait se poster impasse Blanche-Neige et chaque fois qu’Échalote ouvrait sa fenêtre, soit pour secouer une descente de lit, soit pour guetter Victor, il visait juste et lançait chez son ex-maîtresse un ban de ces inoffensifs scombéroïdes. Si, par malheur pour elle, Échalote s’absentait en oubliant de clore ses prises d’air, elle avait l’impression, en rentrant chez elle, de pénétrer dans un vivier, ce qui était naturel quand elle y rejoignait Victor, mais avait le pouvoir, en cette occurrence, de lui donner des nausées, et, parfois aussi, des crises de nerfs.

À son tour elle engagea la lutte. Un matin que M. Plusch trouvait, dans un sommeil prolongé, le palliatif à ses émotions cérébrales, elle sonna chez lui. Pieds nus, il alla ouvrir. Échalote n’avait d’yeux que pour le plancher dans l’entre-bâillement de la porte. Soudain M. Plusch qui, mal éveillé, n’avait rien deviné de la silhouette blottie dans l’ombre, poussa un cri à bouleverser une caserne, en même temps qu’il ramenait, d’un mouvement sec, son pied droit vers son côté pile et faisait suivre son exclamation initiale de tous les « oh ! la la ! oh ! la la ! » de la souffrance.

Échalote avait visé juste. Son talon Louis XV, de toute la violence de sa rage, s’était abattu sur les orteils de M. Plusch. Après quoi elle s’était sauvée comme une voleuse. Les femmes ont des moyens d’attaque que les hommes ne prévoient pas et auxquels ils peuvent d’autant moins riposter que les combattantes prennent la poudre d’escampette dès leur forfait commis. M. Plusch en fut quitte pour se frictionner la place endolorie et pour décider de ne plus circuler chez lui sans chaussures. Justement il se souvint d’une paire de galoches bizarres, commandées pour un bal de carnaval et qui devaient moisir dans un placard. Il les découvrit. C’étaient deux formidables pieds de carton-pâte chaudement doublés de flanelle et qui, lorsqu’on les avançait, produisaient le plus formidable effet. Un pouce hérissé, des callosités dans tous les sens, des corn-plasters couronnant les doigts et tout cela boursouflé, monumental, vrai jouet d’horreur et de dégoût.

— C’est bête, — songea-t-il, — voilà longtemps que je possède ces pantoufles et je ne les utilise pas.

Dès lors il les chaussa chaque jour aux heures du chez soi. Et ce ne fut pas une des moindres attractions du 14 de la rue Clémence que de voir le locataire du rez-de-chaussée et ses extrémités titaniques traverser la cour, aux moments présumés du courrier, pour aller demander à Blandine une correspondance que la paresse reconnue de Plumage dédaignait de porter aux intéressés.

Qu’attendait-il ? quel présage divin ? quel rameau d’olivier porté par la colombe ? comme eût dit le héros de la si admirable et si angoissante Guenille de Charles Derennes. Peut-être un mot d’Échalote, un murmure écrit de repentir, une excuse par carte postale. Après l’avoir meurtri dans le cœur et sur les pieds, après avoir compris que la jonchée de maquereaux n’était, en somme, qu’une autre preuve d’amour, après que tant de malédictions auraient confirmé une jalousie tenace, peut-être réfléchirait-elle sur le bien perdu et balancerait-elle Victor. Rien n’est insondable comme les décisions des femmes. Si elle faisait un retour sur elle-même, si un beau jour elle se voyait, non point dans un miroir, mais dans son âme, si un grain de repentir allait germer… si elle lui en offrait la gerbe expiatoire !… Peut-être alors, oui peut-être alors par donnerait-il. Oh ! pas à la première supplication (il est si consolant de voir gémir ceux-là mêmes qui vous ont martyrisé), mais plus tard, quand le temps aurait estompé les souvenirs cruels, plus tard, pas trop tard non plus, car rien n’est plus dangereux que de lasser les bonnes volontés. Il raconterait cela, bribe par bribe, à ses amis, il se ferait l’avocat d’une mauvaise cause, et il la gagnerait ! Quelle imbécile, tout de même, ce Schameusse ! car il était au courant de son rôle dans cette histoire. Quelle nécessité le poussait à dénoncer une cliente ? Il y aura toujours des gens pour compliquer les affaires, les leurs et celles des autres. Et quels stupides naïfs, ce docteur Benoît et ce Petit Vieux de la Plaine Monceau qui avaient reçu le mot d’ordre pour interviewer Échalote !… Qui prouvait que, sans eux, les choses ne se fussent pas calmées d’elles-mêmes. Ils avaient exaspéré cette petite par leurs indiscrétions et leurs démarches. Se sentant perdue, elle avait centuplé sa nervosité et précipité le dénouement… Et ce Dutal, quel besoin avait-il de faire scintiller sa promesse de mariage, d’agiter ce miroir où toutes les alouettes de l’irrégularité vont se taper la tête ?

À l’encontre de ses contemporains, M. Plusch, pour des raisons d’expérience, de confortable et de race, mettait l’amour au-dessus de l’amour-propre. Que signifient les trahisons éphémères, les caprices d’une minute, en regard d’une existence ouatée de bien-être ? Les amants de Ninon eussent-ils été aussi exultants auprès de leur divine maîtresse s’ils s’étaient préoccupés de l’emploi de sa soirée de la veille et des visites de ses petits levers ? Tout est dans tout, comme prétend Jean de Bonnefon. Certaines béatitudes se bercent du bruit de la tempête, certains bonheurs conjugaux s’accommodent d’un adultère discret. Bon pour les bourgeois de s’émouvoir d’un geste plus ou moins folichon ! Bon pour les coupeurs de cheveux en quatre, comme ce Dutal, de crier au déshonneur pour un festin auquel on ne les convie pas ! Mais lui, Émile Plusch, roi des rigolos de Montmartre, président des Embêtés du Dimanche, qu’avait-il à faire dans ces sottises ?

Il raisonnait ainsi, après ses repas, tandis que la somnolence, compagne d’une digestion tranquille, embrumait ses idées. Et des rêves le hantaient musicalement. Échalote, revenue dans son rez-de-chaussée, comme à la première phase de leurs amours, lançait, dans la cuisine-lavatory où elle se livrait à ses ablutions, des refrains peuplés de vols d’hirondelles et d’invites à l’alcôve. Et l’écho enchanteur d’une voix chérie vibrait dans le tub et les cuvettes, et les nymphes et les satyres des robinets d’eau et des appareils à gaz s’animaient, s’étiraient, se tendaient la main pour une ronde lascive.

Parfois l’arrivée de M. Dutal, toujours avide de renseignements, venait l’arracher à ses songes ailés ; d’autres fois c’était l’irruption d’un quelconque Embêté qui, ne sachant comment tuer le temps, venait griller une cigarette et arrêter le menu des prochaines agapes. La conversation ne languissait pas longtemps sur des sujets politiques ou sociaux — le dernier drame sensationnel, la dernière prise de bec à la Chambre, l’impôt sur le revenu des autres — et Échalote, éternel sujet de discussions, faisait vite les frais d’une causerie plus fiévreuse que sentimentale.

M. Dutal, de son côté, avait tenté d’indirectes démarches auprès de la fiancée qui n’était plus pour lui. Il voulait reconquérir certains objets pratiques laissés chez elle, entre autres son rasoir mécanique et son frise-moustaches. M. Plusch, plus noble dans la rupture, avait fait abnégation de ses chemises et critiquait M. Dutal sur sa ladrerie. Au fond, la vengeance aux poissons d’une part, et les réclamations d’Adhémar d’autre part, ne tendaient qu’au même but : revoir l’infidèle. Aucun d’eux ne l’avouait, mais chacun savait à quoi s’en tenir. À ce point de vue, M. Dutal allait jusqu’à envier M. Plusch, lequel, favorisé d’un coup de talon Louis XV sur les orteils, avait cette supériorité sur lui d’avoir revu et même senti Échalote. Embarrassé de la pension que lui doublait son père depuis la rupture de ses négociations matrimoniales, il eût payé cher un retour, même agressif, de sa Mominette. Doit-on se quitter sur des scènes après que l’on s’est adoré, et le plus sage ne sera-t-il toujours, à l’heure de l’adieu, de se saluer avec courtoisie ?

Cette consolation, alors qu’ils ne l’espéraient plus, leur était réservée, et cela grâce à M. Lapaire.

Un jour donc, ce dernier s’amena vers midi, en compagnie d’Échalote, au restaurant Robinet.

— Ne vous étonnez pas, — annonça-t-il en entrant, — je vous amène une femme aimable, qui veut faire la paix.

En réalité, il ne croyait rencontrer que son ami Plusch, mais M. Dutal, qui avait rôdaillé toute la matinée aux abords de l’impasse Blanche-Neige, était venu se réconforter en cet endroit où, présenté par M. Plusch, il s’était fait des relations.

Les deux amants, l’un le nez dans son verre, l’autre une feuille de salade dans la bouche, restèrent dignes.

Échalote, dès l’instant où elle avait accédé au désir amical de M. Lapaire, était résolue à prendre, — si l’on peut ainsi parler, — le taureau par les cornes.

— Non, mais, en voilà un accueil pour un malentendu ! Allons, gros Mimi, — proposa-t-elle, en tapant sur l’épaule de M. Plusch, — serrons-nous les abatis.

Puis, se mettant à chanter à tue-tête, sur ce ton de soprano crapuleux qui avait le don de faire grincer les dents de M. Saint-Pont, son ancien professeur :

Oublions le passé,
Les heur’s sont à l’ivresse,
Tu n’as rien de cassé,
Embrasse ta négresse.

— Peuh, peuh, que signifie cette plaisanterie ? — clama M. Plusch en sursautant.

— Un air d’une revue que j’répète pour jouer dans les salons. Je fais la reine des Béni-bouf-tou.

— Le salon de la charcuterie, à l’exposition de l’alimentation, peut-être, — siffla M. Dutal, froissé qu’on ne se soit adressé qu’à son compère et, pour cela même, tentant d’être cinglant.

— Tiens Dutal, ce bon Dutal, ça va bien, ma vieille ? — lança Échalote qui, décidément, ne voulait pas se fâcher.

Elle lui tendait sa main boudinée aux doigts cerclés d’anneaux.

— Notre bague de fiançailles, — murmura l’inutile Rédempteur.


— Tous mes achats de pierres précieuses, — soupira le président des Embêtés.

— Au moins ton ennemi de l’hameçon eût pu te payer un chapeau ! — suffoqua soudain Adhémar en reconnaissant un couvre-chef acheté par lui et dont le prix l’avait estomaqué.

— Quoi, il n’est pas beau mon galurin ?

Mais Adhémar, devant le panache caroubier de cette coiffure, voyait rouge.

— Rends-moi mes plumes ! — hurla-t-il.

— Vous êtes fou ?

— Rends-les-moi, te dis-je. Au fait je saurai bien les prendre.

Et, d’un élan, il arracha le chapeau d’Échalote et l’aplatit sous son bras.

— Ça, c’est bête, — fit Échalote qui, dépeignée par le saut des épingles, avait le visage inondé de chichis.

— Voyons, rendez-lui son chapeau, — prononça M. Plusch, — c’est une querelle d’enfant, peuh, peuh.

Déjà il voulait la conciliation mutuelle et ce procédé de Dutal lui déplaisait.

— Alors, qu’elle me demande pardon, là, tout de suite, à genoux sur le carreau !

— Vous divaguez. Elle va vous demander pardon, c’est entendu, mais en femme et non en petite fille. Obéis, — ordonna-t-il à Échalote.

— Zut.

— Bien, je garde le chapeau. Je l’offrirai à la première toupie qui passera.

Échalote tenait à son bien et ce chapeau valait dix louis. Courageuse, puisqu’un morceau de sa fortune était en jeu, elle s’avança vers M. Dutal.

— Adhémar, mon petit Adhémar, j’ai eu tort de te faire de la peine. Excuse-moi. Je reconnais que tu es un bon fieu et que je n’aurais pas dû te tromper.

Les paupières de M. Dutal, comme automatiquement, s’ouvrirent jusqu’à laisser les yeux s’arrondir en boules de loto.

— Miracle ! miracle ! — s’écria-t-il. — C’est la première fois qu’elle me tutoie !

Puis, s’adressant à Échalote et exagérant d’autant plus sa fureur que la placidité de M. Plusch lui apparaissait comme une désertion :

— À genoux ! ou j’arrache les plumes, je les ébarbe, je les pulvérise !

Échalote lui mit doucement les mains sur la figure, et, prenant sa voix de bébé :

— On veut donc punir sa fifille, même si elle a eu des torts ?

Ses doigts caressaient les pommettes et le menton d’Adhémar.

— Est-ce ma faute à moi, si j’ai été mal élevée ?

— Dis : pas élevée du tout.

— Bon, je le dis… Rends-moi mon chapeau.

— Soit, rien que le chapeau, j’arrache toujours les plumes.

— Gros Mimi, — supplia Échalote en s’adressant à M. Plusch, — conseille-lui de prendre modèle sur toi. Tu n’es pas méchant, au moins, tu comprends ce que j’suis.

— Laissez-la, quoi, — fit l’interpellé, — qu’elle aille se faire corriger ailleurs.

Mais M. Dutal devinait la tactique de M. Plusch qui, en faisant le doux apôtre, récolterait le fruit de son indulgence.

— Qu’es-tu donc, à la fin ? — questionna-t-il, sans prendre la peine de répondre à la sommation d’un personnage qui était juge et partie.

Elle eut un sourire à damner tous les vieux marcheurs.

— Une gentille cocotte, pas autre chose.

— Que ne me l’as-tu annoncé plus tôt !

— Me l’as-tu donc demandé ?… Mon chapeau maintenant.

— Il y a cent cinquante francs de plumes dessus.

— Ce sera ton cadeau de rupture.

— Et le tien, quel sera-t-il ?

— Une bonne bise sur ton nenœil.

Et, ce disant, Échalote lui plaqua ses lèvres sur le sourcil droit.

— Tiens, prends ton chapeau, petite hypocrite, — scanda M. Dutal. — Je ne crois rien à tes grimaces.

Mais, ce qu’il devait croire, et même enregistrer à part lui, c’était la sensation chatouilleuse d’un contact durant lequel cette odeur, — que seules, entre tous les organes olfactifs du genre humain, ses narines analysaient, — cette fameuse odeur de menthe sauvage lui était montée au cerveau.

— Tu déjeunes avec nous ? — s’enquit M. Plusch.

— En voilà une question, — remarqua M. Dutal, désireux de ne pas être en reste de politesse vis-à-vis d’une personne leur tenant conjointement au cœur.

— Il est midi et demie, nous n’allons pas la laisser partir sans lui avoir fait partager notre bifteck.

— Certes, ce serait de la pignouferie, — pontifia M. Lapaire en coupant ainsi la parole au séculaire chevalier de Flibust-Pélago, lequel lui racontait cette stupéfiante aventure qui, le matin même, avait perturbé la chasteté de sa chambre d’anachorète et troublé son imagination vouée aux chiffres, — aux chiffres de ses créanciers :

« Pendant qu’il révisait le dossier où les vingt-cinq mille francs de M. Lapaire étaient représentés par des bordereaux d’agents de change, un timide frappement derrière la porte l’avait distrait de son travail. Il était allé ouvrir et s’était trouvé en présence d’une toute jeune et petite femme qui, candide, lui avait demandé :

« — Pardon, monsieur, vous avez du feu chez vous ?

« — Mais oui, mademoiselle.

« — Et de l’eau, et une cuvette ?

« — Mais oui.

« — Oh ! alors, monsieur, m’autorisez-vous à laver ma chemise dans votre chambre ? La mienne est au-dessus, mais il y fait froid et je n’ai pas de sous pour acheter du charbon.

« — Entrez, pauvre enfant, vous êtes chez vous.

« Lors, la petite avait traversé son tapis de paperasses puis, naïvement, avait quitté sa vieille robe, son jupon de cotonnade, ses bas, sa chemise et, nue comme un ver, mais un ver qui aurait des rondeurs, avait saisi ladite chemise pour la plonger dans la cuvette pleine d’eau et ensuite la savonner énergiquement. Puis, l’ayant bien rincée et tordue, elle l’avait étendue sur une chaise, devant la cheminée rougeoyante. Tant que sécha le linge elle resta dans son costume de Vérité, parlant de la pluie, du froid et des difficultés, pour les modèles apprentis, de s’employer chez les peintres. C’était là comme partout : la réputation devait vous précéder. Et l’on connaissait des concurrentes qui ne la valaient pas. Elle cita des noms : Fifine l’Enflée, qui n’a de bien que les jambes, Suzy Panard, qui ne pose que pour la gorge, Trotte-mouillée, utilisée depuis vingt ans par Pamphile Lanturnet, un hors concours qui ne fait que des naïades, genre Bouguereau mais portant moins à la peau. Elle avait
presque tout bien. Une tare, pas plus : un oignon à un pied, et de méchantes camarades l’avaient baptisée la Vierge-aux-Tulipes. A-t-on idée d’être si peu charitables ! Si on avait voulu les débiner, celles-là, c’eût été facile.

« Maintenant, la chemise était sèche. Elle la tira dans tous les sens, de ses doigts redressa les dentelles, l’endossa toute chaude, se revêtit, après quoi, tendant la main au vieillard :

« — Au revoir, monsieur, voudrez-vous que je revienne encore quand il gèlera et que je n’aurai pas de feu ?… Je n’ai que cette chemise… »

— Eh bien, croyez-moi si vous voulez, — termina M. de Flibust-Pélago, — c’est à ces moments-là qu’on regrette de ne point posséder la fortune d’un Milord l’Arsouille ! Ah ! comme on serait heureux de soulager de telles pauvretés ! Mais, ouat, les hommes préfèrent porter leurs billets de banque aux dames de Mabille ou dîner en cabinet particulier à la Maison d’Or ! Quel égoïsme, foi de gentilhomme, quel égoïsme !

Et le chevalier continua, tandis qu’Échalote prenait place entre ses deux anciens protecteurs, à déplorer des sottises masculines commises, pour le moins, cinquante ans auparavant.