Œuvres complètes de Bernard Palissy/Appendice/À noble seigneur Claude de Gouffier, comte de Caruasz, etc.

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À NOBLE SEIGNEUR

CLAUDE DE GOUFFIER,

COMTE DE CARUASZ ET DE MAULEURIER, SEIGNEUR
DE BOYSI ET GRAND ESCUYER DE FRANCE.




M onseigneur, Pour la grande beniuolence que de vostre bonne grace m’auez monstrée par le passé, iointe à celle vertueuse noblesse qui est en vous, ie vous adresse ce mien petit Traicté, afin de vous donner quelque recreation, comme i’espere et desire : car par iceluy cognoistrez que certain Medecin satyrique, sous vn non emprunté et forgé nouuellement (ainsi qu’il peut sembler y auisant de pres) s’est legerement ingeré de blasmer et vilipender l’estat de la Pharmatie, auquel Dieu m’a appellé, estat, certes, non moins vtile et necessaire que le sien, duquel s’il a abusé, il ne s’ensuit pas qu’il doiue si desordonnement escrire que les Apoticaires abusent du leur. Car si aucuns abus y a, ils procederoyent principalement des Medecins mesmes, comme i’ay amplement deduit et declaré par ce présent Traicté, ce que vous plaira voir et cognoistre par ce discours. En quoy ie n’entens blasmer sinon ceux qui le meritent, et qui seroyent semblables à notre susdit Reuerend Medecin. Aussi n’ay pas voulu laisser passer sous silence les fautes des imperits et imprudens Apoticaires, mesme afin que ie me montrasse, non par affection particuliere, estre incité à luy respondre, ains (comme disoit iadis vn sçauant et sage personnage) me suis voulu monstrer seulement, et sincerement amy de verité. Surquoy faisant fin à la presente Espitre, vous priray m’excuser, et mon petit ouurage : suppliant le Createur pour vous, Monseigneur, qu’il vous maintienne en prospérité.


De Lyon, ce premier de Janvier 1557.