Les Quatre Saisons (Merrill)/À celle qui est triste

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Les Quatre SaisonsSociété du Mercure de France (p. 141-142).

À CELLE QUI EST TRISTE

Avec vos gestes doux de fileuse de laine,
Vous allez tristement par la grande maison,
Rêvant, seule, en ce soir de l’arrière-saison,
Aux chants d’amour dont au printemps elle fut pleine.

À votre seuil le bois se dépouille, et la plaine
Est nue, et le soleil est pâle à l’horizon.
Vous voudriez pleurer dans vos mains, sans raison,
Le front contre la vitre où tremble votre baleine.


Jeune femme attentive au silence du soir,
Êtes-vous le Regret ou seriez-vous l’Espoir ?
Que vous disent les voix qui dorment dans les chambres ?

Ah ! votre cœur a peur de ces tristes septembres
Où tant d’ailes vont fuir vers les soleils moins froids,
Et rien ne fleurit plus que la fleur de la croix.