Page:Alanic - Aime et tu renaitras.djvu/59

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enfermé au Crédit des Deux-Mondes. Le neveu de M. Boulommiers occupait, en cet établissement financier, un emploi honorifique auquel il se dérobait avec une constante et ingénieuse assiduité. Aussi la migraine lui échéait-elle fatalement, chaque lundi, pour l’obliger à prolonger jusqu’à l’après-midi le repos hebdomadaire.

Mais il était admis que le neveu de M. Boulommiers pouvait en prendre à l’aise avec toute règle. « Ne faut-il pas que jeunesse se passe ! » répétait, comme un aphorisme, l’oncle indulgent, rappelant volontiers à propos du coquin de neveu ses propres expériences orageuses.

Or, il arrivait, par un bizarre réflexe, que cette complaisance continue finissait par agacer Jean Marescaux. Il y sentait trop l’indifférence. Aucun lien vivace ne s’était formé entre lui et ses parents. Il se rendait compte qu’ils l’avaient agréé, ainsi que son frère, uniquement parce que les convenances l’exigeaient. Sourdement, il en voulait à son oncle de n’avoir pas pris la peine de le diriger, et à sa tante, de ne chercher en rien à se faire aimer. Cet abandon moral, à la longue, engendrait chez le jeune homme un indéfinissable malaise.