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« Est-ce à jamais, folle Espérance »

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« Est-ce à jamais, folle Espérance »
Œuvres poétiques de Malherbe, Texte établi par Prosper BlanchemainE. Flammarion (Librairie des Bibliophiles) (p. 270-271).


IX


Est-ce à jamais, folle espérance,
Que tes infidelles appas
M’empescheront la délivrance
Que me propose le trépas ?

La raison veut, et la nature,
Qu’aprés le mal vienne le bien ;
Mais en ma funeste avanture
Leurs règles ne servent de rien.

C’est fait de moy, quoy que je face.
J’ay beau plaindre et beau souspirer,
Le seul remède en ma disgrâce,
C’est qu’il n’en faut point espérer.

Une résistance mortelle
Ne m’empesche point son retour ;
Quelque dieu qui brusle pour elle
Fait cette injure à mon amour.


Ainsi trompé de mon attente,
Je me consume vainement,
Et les remedes que je tente
Demeurent sans évenement.

Toute nuit en fin se termine ;
La mienne seule a ce destin,
Que d’autant plus qu’elle chemine,
Moins elle approche du matin.

A Dieu donc, importune peste,
A qui j’ay trop donné de foy :
Le meilleur advis qui me reste,
C’est de me séparer de toy.

Sors de mon ame, et t’en va suivre
Ceux qui desirent de guérir.
Plus tu me conseilles de vivre,
Plus je me resous de mourir.