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« Quand je pouvais me plaindre en l’amoureux tourment »

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II.


Quand je pouvois me plaindre en l’amoureux tourment,
Donnant air à la flamme en ma poitrine enclose,
Je vivois trop heureux : las ! maintenant je n’ose
Alleger ma douleur d’un soupir seulement.

C’est me poursuivre, Amour, trop rigoureusement :
J’aime, & je suis contraint de feindre une autre chose
Au fort de mes travaux je dy que je repose,
Et monstre en mes ennuis un vray contentement.

Ô dure cruauté de ma passion forte !
Mais je me plains à tort du mal que je supporte
Veu qu’un si beau desir fait naistre mes douleurs :

Puis j’ay ce reconfort en mon cruel martyre,
Que j’escry toute nuict ce que je n’ose dire,
Et quand l’encre me faut je me sers de mes pleurs.