Aller au contenu

À tire-d’aile (Jacques Normand)/50

La bibliothèque libre.
Calmann Lévy, éditeur (p. 224-226).

XI

REFRAIN D’AUTOMNE.


Voici l’automne renaissant,

L’automne aux teintes blondes ;

Le vent plus frais passe en glissant

Sur tes épaules rondes :

C’est la saison du souvenir,

Souvenons-nous, ma mie !

Surtout ne laissons pas venir

Le temps où l’on oublie !


Enfonce bien ton grand œil noir

Sous ta cornette rose ;

Car tous deux nous irons ce soir,

Quand la nuit sera close,

Près du grand chêne où près de moi

Tu vins souvent, ma mie…

Doux moments, indicible émoi,

Que jamais l'on n’oublie !


Vert était le bois au printemps

Et la feuille embaumée ;

Aujourd’hui les tristes autans

Pleurent sous la ramée :

Mais jeune est resté notre amour,

Et nous rions, ma mie,

Quand on nous dit qu’il vient un jour

Un jour où l’on oublie !


Ne rions pas trop toutefois :

Souvent grave personne

Dit que les cœurs, comme les bois,

Ont toujours leur automne :

Mais en faisant que le printemps

Dure toute la vie,

Jamais nous ne verrons le temps

Le temps où l’on oublie !