À un Poète mort
![](http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/1/18/Banville_-_%C5%92uvres%2C_Le_Sang_de_la_coupe%2C_1890_%28page_13_crop%29.jpg/400px-Banville_-_%C5%92uvres%2C_Le_Sang_de_la_coupe%2C_1890_%28page_13_crop%29.jpg)
Toi dont les yeux erraient, altérés de lumière,
De la couleur divine au contour immortel
Et de la chair vivante à la splendeur du ciel,
Dors en paix dans la nuit qui scelle ta paupière.
Voir, entendre, sentir ? Vent, fumée et poussière.
Aimer ? La coupe d’or ne contient que du fiel.
Comme un Dieu plein d’ennui qui déserte l’autel,
Rentre et disperse-toi dans l’immense matière.
Sur ton muet sépulcre et tes os consumés
Qu’un autre verse ou non les pleurs accoutumés,
Que ton siècle banal t’oublie ou te renomme ;
Moi, je t’envie, au fond du tombeau calme et noir,
D’être affranchi de vivre et de ne plus savoir
La honte de penser et l’horreur d’être un homme !
![](http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/e/e5/Siefert_-_Les_Sto%C3%AFques%2C_1870_%28page_61_crop%29.jpg/100px-Siefert_-_Les_Sto%C3%AFques%2C_1870_%28page_61_crop%29.jpg)