Aller au contenu

Émile Nelligan et son œuvre/Eaux-Fortes Funéraires/Confession nocturne

La bibliothèque libre.


Émile Nelligan et son œuvre, Texte établi par Préface par Louis Dantin (p. 88).



CONFESSION NOCTURNE




Prêtre, je suis hanté, c’est la nuit dans la ville,
Mon âme est le donjon des mortels péchés noirs,
Il pleut une tristesse horrible aux promenoirs
Et personne ne vient de la plèbe servile.

Tout est calme et tout dort. La solitaire Ville
S’aggrave de l’horreur vaste des vieux manoirs.
Prêtre, je suis hanté, c’est la nuit dans la ville ;
Mon âme est le donjon des mortels péchés noirs.

En le parc hivernal ; sous la bise incivile,
Lucifer rôde et va raillant mes désespoirs.
Très fous !… Le suicide aiguise ses coupoirs !
Pour se pendre, il fait bon sous cet arbre tranquille…
...................
Prêtre, priez pour moi, c’est la nuit dans la ville !…