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Évocations (Vivien)/Soir

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Pour les autres éditions de ce texte, voir Soir - « Les flots du Léthé coulent sur l’ardeur vaine ».

ÉvocationsAlphonse Lemerre, éditeur (p. 97-98).

SOIR

Les flots du Léthé coulent sur l’ardeur vaine
Des corps et des yeux ivres de pleurs versés.
L’ombre réunit les troupeaux dispersés
Là-bas, dans la plaine.

Au fond de l’Hadès où dort Perséphoné,
Les vierges sans voix, ses compagnes fidèles,
Cueillent en rêvant les pâles asphodèles
Au rire fané.


Ayant contemplé la mort des hyacinthes
Dont la pourpre fraîche assombrit d’un regret
La montagne, j’erre et je pleure en secret
Sur les fleurs éteintes.

Et j’évoque en vain tes prunelles d’ors froids,
Éranna, ton front, Gurinnô triste et tendre,
Tes lèvres, Atthis ! tes seins, Gorgô,… la cendre
Des nuits d’autrefois.

Auprès du foyer et de l’essor des flammes,
Le Soir a versé le repos comme un vin.
Ah ! que ne peut-il, apaisant et divin,
Réunir les âmes ?

Que de souvenirs à la chute du jour !
Songeant aux douleurs qui redoutent l’aurore,
Comment ai-je su garder vivant encore
L’amour de l’amour ?