Œuvres complètes (M. de Fontanes)/Épître II

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Œuvres de M. de FontanesL. Hachettetome 2 (p. 63-75).


ÉPÎTRE II.




 Connais-toi, laisse à Dieu les secrets qu’il veut taire ;
L’homme est la seule étude à l’homme nécessaire.
L’homme entre deux pouvoirs vit toujours partagé,
Tel que l’isthme orageux par deux mers assiégé ;
Trop faible pour s’armer du courage stoïque,
Trop instruit pour flotter dans le doute sceptique,
Du corps ou de l’esprit doit-il suivre le vœu,
Commander ou servir, s’appeler brute ou Dieu ?
Maître et sujet de tout, unissant chaque extrême,
Esclave de la mort, héritier du ciel même,
Il voit également sa raison s’éclipser,
Quand il pense trop peu, quand il veut trop penser ;
Chaos tumultueux de passions contraires,
Vil jusqu’en ses grandeurs, grand jusqu’en ses misères,
Amoureux de soi-même, à soi-même en horreur,
Fait pour la vérité, n’embrassant que l’erreur,
Vide de biens réels, en faux biens il abonde,
La gloire, le jouet, et l’énigme du monde.

Va, sublime ignorant, monte aux cieux, pèse l’air,
Règle les vents, soulève et rabaisse la mer,

Suis des astres lointains la route mesurée,
Et fixe des vieux temps l’incertaine durée ;
Va, cours avec Platon ou ses disciples vains
Chercher la vérité dans des rêves divins ;
Laisse errer ta raison dans ce dédale immense
Des mystiques erreurs où se perd leur démence,
Et contemple en esprit, Malebranche nouveau,
Le parfait, l’incréé, le vrai bon, le vrai beau ;
Pour t’égaler à Dieu, dépouille la matière.
Tel, dans sa folle extase, un bramine en prière
Croit, en tournant sans cesse, imiter le soleil.
Ose plus : viens t’asseoir au suprême conseil ;
Reprends, corrige, instruis l’éternelle Sagesse ;
Rentre enfin dans toi-même, et ris de ta faiblesse.

 Lorsque les habitants des palais éternels
Voyaient, naguère encor, le plus grand des mortels,
Newton, de la nature expliquer l’harmonie,
D’un fils de la poussière admirant le génie,
Ils se montraient Newton, comme un homme, en passant
À l’homme qui le suit montre un singe amusant.

 Mais Newton qui réglait la comète égarée,
A-t-il mieux lu que nous dans notre âme ignorée ?
Lui, qui de chaque étoile annonçait le retour,
Qui leur disait : Montez, descendez tour à tour,
Connut-il le principe et la fin de son être ?
Hélas ! l’homme apprend tout, et ne peut se connaître ;
Au seul art nécessaire il s’applique sans fruit :
La raison entreprend, la passion détruit.


 L’homme de deux pouvoirs suit la force contraire,
L’amour-propre qui meut, la raison qui modère :
Utiles tous les deux, s’ils remplissent leurs lois,
Nuisibles tous les deux, s’ils confondent leurs droits.

 Bannissez l’amour-propre, et l’âme en léthargie
Perd, dans un froid repos, son active énergie ;
Bannissez la raison, et l’âme ne sait plus
Gouverner de ses vœux le flux et le reflux.
Telle, au bord du marais, la plante solitaire
Naît, croît et multiplie, et pourrit sur la terre ;
Ou tel un météore, en son cours inconstant,
Détruit tout, et lui-même est détruit à l’instant.
L’amour-propre est ardent ; il presse, il sollicite,
Et, sans cesse agité, sans cesse nous agite :
La tranquille raison doute et juge à loisir,
Et, la balance en main, elle hésite à choisir.
Sur les objets présents l’amour-propre s’élance,
Dévore et perd soudain sa prompte jouissance ;
Tandis que la raison, heureuse avec lenteur,
Calcule, assure, attend et prévoit le bonheur.
L’homme veut avec force, et résiste avec peine ;
Si l’aveugle amour-propre au hasard nous entraîne,
Il faut que la raison, nous prêtant son appui,
Toujours veille, attentive à lutter contre lui ;
Elle croît par le temps et par l’expérience ;
Tous deux de l’amour-propre instruisent l’imprudence.

 Intrépides docteurs aux disputes formés,
Qui du tranchant dilemme incessamment armés.

Combattez pour un mot, et dont la vaine adresse
Rend l’homme inexplicable en l’expliquant sans cesse,
Dans vos subtils débats opposez, j’y consens,
La grâce et la vertu, la raison et les sens ;
Pouvez-vous séparer deux puissances amies,
Par leur sage union à jamais affermies ?
La raison, l’amour-propre, ont le même désir :
Ils évitent la peine, ils cherchent le plaisir.
Mais l’un cueille la rose avant qu’elle fleurisse ;
L’autre en suce le miel sans blesser le calice.
Dans le champ du plaisir, que l’œil de la raison
Des innocentes fleurs distingue le poison ;
Heureux, si, modérant une indiscrète envie,
Tu ne portes la main qu’à l’arbre de la vie ;
Malheureux, si ton cœur succombait aux appas
De ce fruit défendu qui donne le trépas !

 Des passions en nous l’amour-propre est le père ;
Leur instinct se ressemble, et leur marche diffère ;
Un bien réel ou faux est l’objet de leurs vœux :
Tout mortel ici-bhas a le droit d’être heureux.
La loi de la nature avant tout veut qu’il s’aime ;
Et lorsque d’un bonheur concentré dans lui-même
Il peut jouir en paix sans offenser autrui,
Son intérêt l’absout, la raison est pour lui :
Mais quand la passion, par son but ennoblie,
Pour l’intérêt de tous elle-même s’oublie,
Elle change de nom, et devient la vertu.

 Le stoïque orgueilleux, par ses sens combattu,

Dans lui-même enfermé, craignant d’être sensible,
Tente avec la nature une lutte impossible.
Vide de sentiments, notre âme se flétrit ;
Trop de repos l’éteint, l’action la nourrit.
Sur la mer de la vie exerçant son courage,
L’âme se développe au milieu de l’orage :
Toutefois quand les flots bouillonnent à grand bruit,
La raison, l’œil au ciel, doit veiller dans la nuit,
Et suivre, en nous guidant sous d’heureuses étoiles,
Le vent des passions qui frémit dans nos voiles.
Le pilote aime mieux de turbulentes eaux,
Qu’une mer immobile où dorment ses vaisseaux.
Dieu lui-même, sortant de sa paix éternelle,
Tonne dans le nuage où la foudre étincelle,
Monte sur la tempête, et marche sur les mers.

 Comme tu vois le feu, l’eau, la terre et les airs,
Former, par leurs combats, l’équilibre du Monde,
Ainsi des passions la discorde est féconde.
Ces éléments du cœur, pouvons-nous les changer ?
Ne les détruisons pas, sachons les diriger ;
Qu’au sage plan d’un Dieu la raison soit fidèle,
Et règle seulement leur fougue naturelle.

 L’espérance, l’amour, la gaité, le désir,
Ce cortège riant de l’aimable plaisir,
L’ennui, l’effroi, le deuil, compagnons de la peine,
Tous ces penchants rivaux unis malgré leur haine,
Font de leurs traits divers un tout harmonieux,
Et, comme sous la main d’un peintre ingénieux,

Forment en cent reflets, vifs et doux, clairs et sombres,
Du tableau de la vie et les jours et les ombres.

 Les plaisirs à ton choix, offerts de toutes parts,
Sont toujours dans tes mains ou devant tes regards
Le présent te les donne, ou l’espérance active
En a dans l’avenir l’heureuse perspective :
Les atteindre est le but et de l’âme et du corps.
Chacun a des attraits plus faibles ou plus forts,
Et l’empire inégal que sur nous il exerce
Donne à nos passions une forme diverse ;
C’est par là quelquefois qu’augmentant sa vigueur,
De nos autres penchants un seul reste vainqueur ;
Seul il les soumet tous, et croit par leur défaite.
Tel, sur les bords du Nil, le serpent du prophète,
Des mages orgueilleux confondant les défis,
Seul dévora l’essaim des serpents de Memphis.

 On dit que du trépas le germe héréditaire,
Atteignant les mortels dans le sein de leur mère,
Chaque jour avec eux, jusqu’au dernier moment,
Croit et détruit le corps qui lui sert d’aliment.
Ainsi naît et grandit la passion première
Qui doit régner un jour sur l’âme tout entière.
Le temps ni les conseils, rien ne peut la guérir :
Quand le cœur et les sens commencent à s’ouvrir,
L’imagination, qui la redouble encore,
De funestes attraits à nos yeux la décore ;
Des vices, des erreurs, des talents, de l’esprit,
De tout notre être enfin ce penchant se nourrit.

Il nait de la nature, il croit par l’habitude.
Et la raison encor l’irrite avec étude.
Tel le plus doux rayon des soleils de l’été
D’un acide mordant double encor l’âcreté.

 Qu’importe à la Raison ce grand titre de reine ?
Son sceptre est avili, sa puissance incertaine.
Hélas ! quand nous croyons suivre ses volontés,
Trop malheureux sujets, elle nous a quittés,
Et quelque passion, indigne favorite,
La gouverne elle-même et la traine à sa suite.
Quelquefois je lui crie : « Ô Raison ! viens, accours ;
« Laisse-là tes conseils, donne-moi des secours ;
« Un ennemi cruel me couvre de blessures ;
« Prête-moi contre lui tes armes les plus sûres. »
Mais, nonchalante amie, elle arrive trop tard,
Et, quand je suis vaincu, vient me plaindre avec art ;
Ou sur son tribunal, comme un juge implacable,
D’un reproche tardif m’épouvante et m’accable.
Souvent c’est un flatteur, un sophiste pervers,
Qui m’endort dans ma honte et défend mes travers.
Trop fière cependant, elle met à la chaîne
Quelques faibles défauts qu’on peut vaincre sans peine,
Et du plus grand de tous elle accroît le pouvoir.
Tel un vain charlatan, qu’enivre un faux savoir,
Croît guérir des humeurs dont il change la route,
Et m’ôte un mal léger pour me donner la goutte.

 Eh bien ! s’il est trop vrai que le prompt sentiment
Est plus juste et plus sûr que le raisonnement.

Cédons à la nature : elle seule est certaine.
Avec la passion, de nos cœurs souveraine,
La raison complaisante en paix doit s’accorder.
Et l’escorter de près plutôt que la guider.
Utile passion ! l’Éternel nous la donne
Pour conduire chaque être à la fin qu’il ordonne.
Tous nos autres désirs sont des flots inconstants ;
C’est elle au même bord qui nous pousse en tout temps
Des arts ou des grandeurs que l’amour nous dévore,
Ou l’amour du repos, souvent plus vif encore,
Même au prix de ses jours l’homme suit son penchant.
L’indolent philosophe et l’avide marchand,
Le superbe guerrier, le moine sans courage,
Chacun de la raison croit avoir le suffrage.

 Tirant le bien du mal, Dieu sait associer
Nos plus nobles vertus à ce penchant grossier ;
Ce penchant les nourrit, et par elles s’épure.
Lui seul du cœur hmnain, plus vif que le mercure,
Fixe au même degré les mobiles humeurs,
Forme en nous l’habitude et nous donne nos mœurs.
En se mêlant à tout, il rend tout plus solide,
Et de l’âme et du corps, dont il est le seul guide,
Joint dans un seul objet la double volonté.

 Vois ce dur sauvageon, surpris d’être dompté :
On le greffe avec art, et sa tige robuste
De ses sucs amollis féconde un doux arbuste.
Ainsi la passion, maîtresse de nos sens,
Des vertus qu’elle adopte accroît les fruits naissants.

Que de fois la colère a produit l’héroïsme !
L’amour de la patrie est un beau fanatisme ;
Le talent doit sa flamme à l’amour-propre ardent ;
L’avarice a formé plus d’un homme prudent,
L’amour de la paresse a formé plus d’un sage ;
La peur nous adoucit, l’orgueil nous encourage ;
Et, contraignant ses feux, le désir effronté
Devient un amour tendre et charme la beauté.
L’envie, affreux tourment d’un cœur pusillanime,
N’est qu’un instinct de gloire en un cœur magnanime ;
Et la honte ou l’orgueil, d’un faux nom revêtus,
De l’un et l’autre sexe enfantent les vertus.

 Oui, la vertu (que l’homme à ce mot s’humilie !)
A des vices cachés dans notre âme s’allie ;
Mais du mal vers le bien on peut les détourner :
Néron, comme Titus, aurait pu gouverner.
Ce courage fougueux, que dans Sylla j’abhorre,
Je l’aime en Décius, dans Caton je l’honore ;
La même ambition fonde ou perd les États,
Produit les grands exploits et les grands attentats.
Quel œil peut éclairer ce chaos de notre être ?
Le Dieu qui vit en nous, le Dieu qui nous fit naître.

D’un extrême toujours un extrême est voisin ;
Dans l’homme ils sont unis pour un sage dessein.
Et souvent l’un de l’autre ils usurpent la place ;
Comme dans un tableau se dérobe avec grâce
Le contraste insensible et de l’ombre et du jour :
Ainsi s’obscurcissant, s’éclairant tour à tour.

Le vice et les vertus dans notre âme s’unissent.
J’ignore où l’un commence, où les autres finissent :
Leurs traits sont confondus, sont-ils anéantis ?
Lorsque d’heureux crayons par le goût assortis
Du blanc avec le noir ont fondu la nuance,
Et du blanc et du noir nieras-tu l’existence ?
Non. Rentre dans ton cœur : là vivent tous les traits
Du bien que tu chéris et du mal que tu hais.
Crois-moi, pour les confondre il te faut plus de peine
Que pour en discerner la limite certaine :
L’esprit peut s’y tromper, l’instinct en juge mieux.

 Le vice, en se montrant, épouvante les yeux ;
On l’éloigne, il revient, sûr d’obtenir sa grâce ;
Et bientôt on le souffre, on le plaint, on l’embrassa :
Mais sur l’excès du vice on n’est jamais d’accord.
Demande le vrai point que regarde le Nord !
Un Anglais vers l’Écosse et le cherche et le place ;
Un Écossais le montre en ses îles de glace :
Plus loin, c’est la Norwège ; au-delà, c’est Thulé,
C’est la Zemble, et le Nord est toujours reculé.
Tel est le vice aux yeux du méchant qui s’ignore.
Nul à l’excès du mal ne croit toucher encore ;
Et ce qu’un scélérat n’aperçoit pas dans lui,
Son doigt accusateur nous le montre en autrui.
Sur notre âme et nos sens que ne peut l’habitude !
Pour le dur Esquimaux nul climat n’est trop rude ;
Nul forfait ne révolte un coupable penchant.
Et ce que hait le juste est aimé du méchant.

Du vice à la vertu l’homme revient sans cesse ;
L’insensé n’a-t-il pas ses moments de sagesse ?
Et quel monstre endurci n’a jamais détourné
Vers la vertu qu’il fuit un regard consterné ?
Quel juste quelquefois ne rougit de lui-même ?
Le bien n’est point parfait, le mal n’est point extrême ;
Nos divers intérêts cherchent des buts divers :
Mais Dieu vers un seul but fait marcher l’univers ;
Lui seul sait corriger nos erreurs, nos caprices,
Sait, en les opposant, balancer tous nos vices ;
Par d’utiles défauts joint la société,
Donne aux filles la honte, aux femmes la fierté,
La crainte au politique, au guerrier l’imprudence,
Aux princes la hauteur, aux peuples l’ignorance ;
Par l’amour de l’éloge il soutient nos vertus ;
Sur nos défauts divers sagement combattus,
Sur nos besoins communms, lui seul élève et fonde
Le repos et la joie, et la gloire du Monde.

 D’immuables rapports nous unissent toujours.
Chacun, sujet ou maître, échangeant ses secours,
Aux intérêts d’autrui par intérêt s’applique ;
La faiblesse de tous fait la force publique.
L’homme imparfait, borné, s’étend autour de lui
La folie et l’orgueil, l’impuissance et l’ennui,
Source de ses plaisirs, dans son âme font naître
L’amour, et l’amitié plus touchante peut-être ;
Et lorsque, pas à pas, amenant le dégoût,
L’âge et la vérité le détrompent de tout,
Il regarde en dédain et rejette sans peine

Tous ces plaisirs fondés sur la faiblesse humaine.
Les sûrs avis du temps et ceux de la raison
Savent nous inviter, de saison en saison,
À reposer en paix au terme du voyage.

 Nul de nous, quel qu’il soit, riche, guerrier ou sage
Ne voudrait pour autrui se changer ici-bas ;
L’étude offre aux savants d’invincibles appas ;
L’ignorant se complait dans sa douce ignorance :
Heureux d’être envié, le riche a l’abondance ;
Le pauvre, aimé du Ciel, a pour lui le repos ;
Le fou se croit un prince, et l’ivrogne un héros ;
L’aveugle danse et rit, et, d’un saut monotone,
Répond aux chants grossiers du boiteux qui détonne :
Un songe d’or repaît l’alchimiste affamè,
Et des chants de sa muse un poëte est charmé.
Quels heureux dons ! L’orgueil, ami plein de tendresse,
Nous soutient, nous console, et toujours nous caresse :
L’instinct fait à chaque âge adopter d’autres goûts.

 Vois l’enfant dont les traits, dont les jeux sont si doux,
Aux lois de la nature innocemment docile,
Enfler l’eau suspendue à la paille fragile ;
Une bulle, un hochet, un rien le rend heureux.
Jeune, avec plus d’éclat, il vole à d’autres jeux ;
Mais leur vide est le même ; et, dans le troisième âge.
L’homme est plus fou peut être, avec un air plus sage :
Des rubans, des croix d’or ont charmé son regard ;
Un rosaire est enfin le hochet du vieillard.
Ainsi pour être heureux, toujours vain et frivole,

Tu parviens jusqu’à l’heure où, lassé de son rôle,
L’acteur dans le tombeau s’endort paisiblement.
Des scènes de la vie éternel dénoûment !

 Cependant des mortels souveraine volage,
Errante à nos regards sur un léger nuage,
L’Opinion, qui charme et qui trompe toujours,
De ses rayons changeants vient embellir nos jours.
Au défaut du bonheur, l’homme en a l’apparence ;
Ses vœux sont ses trésors : l’invisible Espérance,
Qui daigne à nos côtés voyager ici-bas,
Veille encor près de nous au moment du trépas :
C’est elle qui sans cesse au banquet de la vie,
Telle qu’un hôte aimable en riant nous convie.
Et verse en notre coupe un délire éternel :
Le rêve du bonheur est un bonheur réel.
Au désir qui n’est plus le prompt désir succède,
Et ce n’est point en vain que l’orgueil nous possède
Le vide du bon sens par l’orgueil est rempli.
Sur de vils intérêts l’amour-propre établi
Devient une balance, où la raison sévère
Au poids de mes besoins juge ceux de mon frère.
Reconnais donc enfin, à ton vrai rang placé,
Qu’un Dieu sage, en secret, conduit l’homme insensé.