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Œuvres complètes (M. de Fontanes)/Discours à Louis XVIII

La bibliothèque libre.
Œuvres de M. de FontanesL. Hachettetome 2 (p. 350-351).


DISCOURS


ADRESSÉ


À SA MAJESTÉ LOUIS XVIII.


À SAINT-OUEN,


Le 3 mai 1814.




Sire,


L’Université de France ne s’approche qu’avec la plus vive émotion du trône de Votre Majesté. Elle vous parle au nom des pères qui ont vu régner sur eux les princes de votre sang, et qui lui ont confié l’espoir de leur famille ; elle vous parle au nom des enfants qui vont croître désormais pour vous servir et pour vous aimer.

Les plus touchants souvenirs protègent auprès de vous l’Université ; les plus légitimes espérances garantissent la durée de ses écoles.

Sire, votre seule présence a déjà rapproché tout ce qui fut et tout ce qui doit être. Les Français de tous les âges n’ont plus qu’un même esprit sous un roi français. Les vertus royales, apanage de votre auguste maison, feront bientôt oublier les temps douloureux qui s’écoulèrent loin de vous.

L’Université, dont l’existence nouvelle ne compte que cinq années, a vu plus d’un obstacle arrêter sa marche et contrarier le bien qu’eût voulu faire ; mais elle peut se rendre ce témoignage, qu’elle a du moins empêché quelque mal. On ne peut contester qu’une instruction forte et variée ne développe avec avantage, dans les écoles modernes, toutes les facultés de l’esprit. Il est vrai que l’éducation qui forme les mœurs n’y est pas au même degré que l’instruction.

Ce n’est pas que l’Université n’ait fait de constants efforts pour les perfectionner ensemble. Un succès si désirable était dans ses vœux plus que dans sa puissance ; V. M. ne l’ignore pas.

Aujourd’hui la religion et la morale, s’appuyant avec sécurité sur le sceptre héréditaire de saint Louis, donneront, du haut du trône, des exemples tout puissants ; il ne sera plus difficile de rappeler les cœurs vers ces grands principes si nécessaires après de si longues calamités, et qui font le bonheur des individus comme la force des États.

Sire, on ne pourra parler de V. M. À la jeunesse, sans publier les merveilles et les bienfaits de ce Dieu qui protége toujours la France, puisqu’il vous ramène sur le trône de vos pères.