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Œuvres complètes de Buffon, éd. Lanessan/Histoire naturelle des minéraux/Du plomb

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DU PLOMB


Le plomb, quoique le plus dense[1] des métaux après l’or, est le moins noble de tous ; il est mou sans ductilité, et il a plus de poids que de valeur ; ses qualités sont nuisibles et ses émanations funestes. Comme ce métal se calcine aisément et qu’il est presque aussi fusible que l’étain, ils n’ont tous deux pu supporter l’action du feu primitif sans se convertir en chaux : aussi le plomb ne se trouve pas plus que l’étain dans l’état de métal, leurs mines primordiales sont toutes en nature de chaux ou dans un état pyriteux ; elles ont suivi le même ordre, subi les mêmes effets dans leur formation ; et la différence la plus essentielle de leurs minerais, c’est que celui du plomb est exempt d’arsenic, tandis que celui de l’étain en est toujours mêlé, ce qui semble indiquer que la formation des mines d’étain est postérieure à celle des mines de plomb.

La galène de plomb est une vraie pyrite, qui peut se décomposer à l’air comme les autres pyrites, et dans laquelle est incorporée la chaux du plomb primitif, qu’il faut revivifier par notre art pour la réduire en métal ; on peut même imiter artificiellement cette pyrite ou galène en fondant du soufre avec le plomb ; le mélange s’enflamme sur le feu, et laisse après la combustion une litharge en écailles, qui ne fond qu’après avoir rougi, et se réunit par la fusion en une masse noirâtre, disposée en lames minces et à facettes, semblables à celles de la galène naturelle ; le foie de soufre convertit aussi la chaux de plomb en galène : ainsi l’on ne peut guère douter que les galènes en général n’aient originairement été des chaux de plomb, auxquelles l’action des principes du soufre aura donné cette forme de minéralisation.

Cette galène ou ce minerai de plomb affecte une figure hexaèdre presque cubique ; sa couleur est à peu près la même que celle du plomb terni par l’air ; seulement elle est un peu plus foncée et plus luisante ; sa pesanteur approche aussi de celle de ce métal ; mais la galène en diffère en ce qu’elle est cassante et feuilletée assez irrégulièrement ; elle ne se présente que rarement en petites masses isolées[2], mais presque toujours en groupes de cubes appliqués assez régulièrement les uns contre les autres ; ces pyrites cubiques de plomb varient pour la grandeur ; il y en a de si petites dans certaines mines qu’on ne les aperçoit qu’à la loupe, et dans d’autres on en voit qui ont plus d’un demi-pouce en toutes dimensions ; il y a de ces mines dont les filons sont si minces qu’on a peine à les apercevoir et à les suivre, tandis qu’il s’en trouve d’autres qui ont plusieurs pieds d’épaisseur, et c’est dans les cavités de ces larges filons que la galène est en groupes plus uniformes et en cubes plus réguliers ; le quartz est ordinairement mêlé avec ces galènes de première formation : c’est leur gangue naturelle, parce que la substance du plomb en état de chaux a primitivement été déposée dans les fentes du quartz, où l’acide est ensuite venu la saisir et la minéraliser. Souvent cette substance du plomb s’est trouvée mêlée avec d’autres minerais métalliques ; car les galènes contiennent communément du fer et une petite quantité d’argent[3], et dans leurs groupes on voit souvent de petites masses interposées qui sont purement pyriteuses, et ne contiennent point de plomb.

Comme ce métal se convertit en chaux, non seulement par le feu, mais aussi par les éléments humides, on trouve quelquefois dans le sein de la terre des mines en céruse, qui n’est qu’une chaux de plomb produite par l’acide de l’humidité : ces mines en céruse ne sont point pyriteuses comme la galène ; presque toujours on les trouve mêlées de plusieurs autres matières métalliques qui ont été décomposées en même temps, et qui toutes sont de troisième formation. Car, avant cette décomposition du plomb en céruse, on peut compter plusieurs degrés et nuances par lesquels la galène passe de son premier état à des formes successives : d’abord elle devient chatoyante à sa surface, et à mesure qu’elle avance dans sa décomposition, elle perd de son brillant, et prend des couleurs rougeâtres et verdâtres. Nous parlerons dans la suite de ces différentes espèces de mines, qui toutes sont d’un temps bien postérieur à celui de la formation de la galène, qu’on doit regarder comme la mère de toutes les autres mines de plomb.

La manière de traiter ces mines en galène, quoique assez simple, n’est peut-être pas encore assez connue. On commence par concasser le minerai, on le grille ensuite en ne lui donnant d’abord que peu de feu ; on l’étend sur l’aire d’un fourneau qu’on chauffe graduellement ; on remue la matière de temps en temps, et d’autant plus souvent qu’elle est en plus grande quantité. S’il y en a 20 quintaux, il faut un feu gradué de cinq ou six heures ; on jette de la poudre de charbon sur le minerai afin d’opérer la combustion des parties sulfureuses qu’il contient ; ce charbon, en s’enflammant, emporte aussi l’air fixe de la chaux métallique ; elle se réduit dès lors en métal coulant à mesure qu’on remue le minerai et qu’on augmente le feu ; on a soin de recueillir le métal dans un bassin où l’on doit le couvrir aussi de poudre de charbon pour préserver sa surface de toute calcination : on emploie ordinairement quinze heures pour tirer tout le plomb contenu dans vingt quintaux de mine, et cela se fait à trois reprises différentes ; le métal provenant de la première coulée, qui se fait au bout de neuf heures de feu, se met à part lorsque la mine de plomb contient de l’argent ; car, alors, le métal qu’on recueille à cette première coulée en contient plus que celui des coulées subséquentes. La seconde coulée se fait après trois autres heures de feu ; elle est moins riche en argent que la première ; enfin la troisième et dernière, qui est aussi la plus pauvre en argent, se fait encore trois heures après ; et cette manière d’extraire le métal à plusieurs reprises est très avantageuse dans les travaux en grand, parce que l’on concentre, pour ainsi dire, par cette pratique, tout l’argent dans la première coulée, surtout lorsque la mine n’en contient qu’une petite quantité : ainsi l’on n’est pas obligé de rechercher l’argent dans la masse entière du plomb, mais seulement dans la portion de cette masse qui est fondue la première[4].

Nous avons en France plusieurs mines de plomb, dont quelques-unes sont fort abondantes et en pleine exploitation : celles de La Croix en Lorraine donnent du plomb, de l’argent et du cuivre. Celle de Hargenthen, dans la Lorraine allemande, est remarquable en ce qu’elle se trouve mêlée avec du charbon de terre[5] : cette circonstance démontre assez que c’est une mine de seconde formation. Au Val-Sainte-Marie, la mine a les couleurs de l’iris, et est en grains assez gros ; celles de Sainte-Marie-aux-Mines et celles de Stenbach, en Alsace, contiennent de l’argent ; celles du village d’Auxelles n’en tiennent que peu, et enfin les mines de Saint-Nicolas et d’Astenbach sont de plomb et de cuivre[6].

Dans la Franche-Comté, on a reconnu un filon de plomb à Ternan, à trois lieues de Château-Lambert ; d’autres à Frêne, à Plancher-les-Mines, à Body, etc.

En Dauphiné, on exploite une mine de plomb dans la montagne de Vienne : on en a abandonné une autre au village de la Pierre, diocèse de Gap, parce que les filons sont devenus trop petits ; il s’en trouve une à deux lieues du bourg d’Oisans, qui a donné cinquante-neuf livres de plomb et quinze deniers d’argent par quintal[7].

En Provence, on en connaît trois ou quatre[8], et plusieurs dans le Vivarais[9], le Languedoc[10], le Roussillon[11], le comté de Foix[12] et le pays de Comminges[13]. On trouve aussi plusieurs mines de plomb dans le Bigorre[14], le Béarn[15] et la Basse-Navarre[16].

Ces provinces ne sont pas les seules, en France, dans lesquelles on ait découvert et travaillé des mines de plomb ; il s’en trouve aussi, et même de très bonnes, dans le Lyonnais[17], le Beaujolais[18], le Rouergue[19], le Limousin[20], l’Auvergne[21], le Bourbonnais[22], l’Anjou[23], la province de Normandie[24] et la Bretagne[25], où celles de Pompéan et de Poulawen sont exploitées avec succès ; on peut même dire que celle de Pompéan est la plus riche qui soit en France, et peut-être en Europe : nous en avons, au Cabinet du Roi, un très gros et très pesant morceau, qui m’a été donné par feu M. le chevalier d’Arcy, de l’Académie des sciences.

M. de Gensane, l’un de nos plus habiles minéralogistes, a fait de bonnes observations sur la plupart de ces mines : il dit que, dans le Gévaudan, on en trouve en une infinité d’endroits, que celle d’Alem, qui est à grosses mailles, est connue dans le pays sous le nom de vernis, parce que les habitants la vendent aux potiers pour vernisser leurs terreries ; il ajoute que les veines de cette mine sont pour la plupart horizontales, et dispersées sans suite dans une pierre calcaire fort dure[26]. On trouve aussi de cette mine à vernis en grosses lames auprès de Combette, paroisse d’Ispagnac[27]. Le docteur Astruc avait parlé plusieurs années auparavant d’une semblable mine près de Durford, dans le diocèse d’Alais, qu’on employait aussi pour vernisser les poteries[28]. M. de Gensane a observé dans les mines de plomb de Pierre-Lade, diocèse d’Uzès, que l’un des filons donne quelquefois de l’argent pur en filigranes, et qu’en général, ces mines rendent quarante livres de plomb, et deux ou trois onces d’argent par quintal ; mais il dit que le minerai est de très difficile fusion, parce qu’il est intimement mêlé avec de la pierre cornée.

Dans la montagne de Mat-Imbert, il y a deux gros filons de mines de plomb riches en argent : ces filons, qui ont aujourd’hui trois ou quatre toises d’épaisseur d’un très beau spath piqueté de minéral, traversent deux montagnes, et paraissent sur plus d’une lieue de longueur ; il y a des endroits où leur gangue s’élève au-dessus du terrain de cinq à six toises de hauteur[29]. Cet habile minéralogiste cite encore un grand nombre d’autres mines de plomb dans le Languedoc, dont plusieurs contiennent un peu d’argent, et dont le minéral paraît presque partout à la surface de la terre. « Près des bains de la Malon, diocèse de Béziers, on ramasse, dit-il, presque à la surface du terrain, des morceaux de mine de plomb dispersés et enveloppés dans une ocre jaunâtre ; il règne tout le long de ce vallon une quantité de veines de plomb, d’argent et de cuivre ; ces veines sont la plupart recouvertes par une espèce de minéral ferrugineux d’un rouge de cinabre, et tout à fait semblable à de la mine de mercure[30]. »

Dans le Vivarais, M. de Gensane indique les mines de plomb de l’Argentière[31] ; celles des montagnes voisines de la rivière de la Douce ; celles de Saint-Laurent-les-Bains, du vallon de Mayres, et plusieurs autres qui méritent également d’être remarquées ; il en a aussi reconnu quelques autres dans différents endroits de la province du Velay[32].

En Franche-Comté, à Plancher-lez-Mines dans la grande montagne, les mines sont de plomb et d’argent ; elles sont ouvertes de temps immémorial, et on y a fait des travaux immenses : on voit à Baudy, près de Château-Lambert, un filon qui règne tout le long d’une petite plaine sur le sommet de la montagne. Cette veine de plomb est sous une roche de granit, d’environ trois toises d’épaisseur, et qui ressemble à une voûte en pierres sèches qu’on aurait faite exprès ; elle s’étend sur toute la longueur de la plaine en forme de crête[33]. Nous observerons sur cela que cette roche ne doit pas être de granit primitif, mais seulement d’un granit formé par alluvion, ou peut-être même d’un grès à gros grains, que les observateurs confondent souvent avec le vrai granit.

Et ce qui confirme ma présomption, c’est que les mines ne se trouvent jamais dans les montagnes de granit primitif, mais toujours dans les schistes ou dans les pierres calcaires qui leur sont adossés. M. Jaskevisch dit, en parlant des mines de plomb qui sont à quelque distance de Fribourg en Brisgaw, que ces mines se trouvent des deux côtés de la montagne de granit et qu’il n’y en a aucune trace dans le granit même[34].

En Espagne, M. Bowles a observé plusieurs mines de plomb dont quelques-unes ont donné un très grand produit, et jusqu’à quatre-vingts livres par quintal[35].

En Angleterre, celle de Mendip est une galène en masse, sans gangue et presque pure[36] ; il y a aussi de très riches mines de ce métal dans la province de Derby[37], ainsi que dans les montagnes des comtés de Cardigan et de Cumberland[38], et l’on en connaît encore d’aussi pures que celles de Mendip, dans quelques endroits de l’Écosse[39].

M. Guettard a reconnu des indices de mines de plomb en Suisse[40], et il a observé de bonnes mines de ce métal en Pologne ; elles sont, dit-il, abondantes et riches en argent[41]. Il dit aussi que la mine d’Olkuszow, diocèse de Cracovie, est sans matière étrangère.

Il y a dans la Carinthie des mines de plomb qui sont en pleine exploitation ; elles gisent dans les montagnes calcaires, et l’on en tire par année vingt mille quintaux de plomb[42]. Les mines de plomb que l’on trouve dans le Palatinat en Allemagne, sous la forme d’une pierre cristallisée, sont exemptes de même de toute matière étrangère ; ce sont des mines en chaux qui, comme celles de plomb blanc, ne contiennent en effet que du plomb, de l’air et de l’eau, sans mélange d’aucune autre matière métallique[43].

On voit, par cette énumération, qu’il se trouve un grand nombre de mines de plomb dans presque toutes les provinces de l’Europe : les plus remarquables, ou plutôt les mieux connues, sont celles qui contiennent une quantité considérable d’argent ; il y en a de toute espèce en Allemagne[44], de même qu’en Suède, et jusqu’en Norvège.

On ne peut guère douter qu’il n’y ait tout autant de mines de plomb en Asie qu’en Europe ; mais nous ne pouvons indiquer que le petit nombre de celles qui ont été remarquées par les voyageurs, et il en est de même de celles de l’Afrique et de l’Amérique. En Arabie, selon Niebuhr, il y a tant de mines de plomb dans l’Oman, et elles sont si riches qu’on en exporte beaucoup[45]. À Siam, les voyageurs disent qu’on travaille depuis longtemps des mines de plomb et d’étain[46]. En Perse, dit Tavernier, on n’avait ni plomb ni étain que celui qui arrivait des pays étrangers ; mais on a découvert une mine de plomb auprès de la ville d’Yerde[47]. M. Peyssonnel a vu une mine de plomb dans l’île de Crète, dont il a tiré neuf onces de plomb sur une livre et une très petite quantité d’argent ; il dit qu’en creusant un peu plus profondément, on découvre quelquefois des veines d’un minerai de couleur grise, taillé à facettes brillantes, mêlé de soufre et d’un peu d’arsenic, et qu’il a tiré d’une livre de ce minerai sept onces de plomb et une drachme d’argent[48]. En Sibérie, il se trouve aussi nombre de mines de plomb, dont quelques-unes sont fort riches en argent[49].

Nous avons peu de connaissances des mines de plomb de l’Afrique : seulement le docteur Shaw fait mention de celles de Barbarie, dont quelques-unes, dit-il, donnent quatre-vingts livres de métal par quintal[50].

Dans l’Amérique septentrionale, on trouve de bonnes mines de plomb aux Illinois[51], au Canada[52], en Virginie[53] ; il y en a aussi beaucoup au Mexique[54], et quelques-unes au Pérou[55].

Toutes les mines de plomb en galène affectent une figure hexaèdre en lames écailleuses ou en grains anguleux, et c’est en effet sous cette forme que la nature a établi les mines primordiales de ce métal : toutes celles qui se présentent sous d’autres formes ne proviennent que de la décomposition de ces premières mines dont les détriments, saisis par les sels de la terre et mélangés d’autres minéraux, ont formé les mines secondaires de céruse, de plomb blanc[56], de plomb vert, de plomb rouge, etc., qui sont bien connues des naturalistes ; mais M. de Gensane fait mention d’une mine singulière qui renferme des grains de plomb tout à fait pur. Voici l’extrait de ce qu’il dit à ce sujet : « Entre Pradel et Vairreau, il y a une mine de plomb dans des couches d’une pierre calcaire fauve, et souvent rouge ; le filon n’a qu’un pouce et demi ou deux pouces d’épaisseur, et s’étend presque tout le long de la forêt des châtaigniers : c’est en général une vraie mine de plomb blanche et terreuse ; mais, ce qu’il y a de singulier, c’est que cette substance terreuse renferme dans son intérieur de véritables grains de plomb tout faits, ce qui était inconnu jusqu’ici ; cette terre minérale, qui renferme ces grains, rend jusqu’au delà de quatre-vingt-dix livres de plomb par quintal, et les grains de plomb qu’elle renferme sont très purs et très doux ; ils n’affectent point une configuration régulière, il y en a de toutes sortes de figures ; on en voit qui forment de petites veines au travers du minéral en forme de filigrane, et qui ressemblent aux taches des dendrites. On trouve du minéral semblable, et qui contient encore plus de plomb natif, près du village de Fayet, et de même près de Villeneuve-de-Berg, et encore dans la montagne qui est à droite du chemin qui conduit à Aubenas, à une petite lieue de Villeneuve-de-Berg ; les quatre endroits de ces montagnes où l’on trouve ce minéral sont à plus de trois lieues de distance les uns des autres sur un même alignement, et la ligne entière a plus de huit lieues de longueur. Les plus gros grains de plomb pur sont comme des marrons, ou de la grosseur d’une petite noix ; il y en a d’aplatis, d’autres plus épais et tout biscornus ; la plupart sont de la grosseur d’un petit pois, et il y en a qui sont presque imperceptibles. La terre métallique qui les renferme est de la même couleur que la litharge réduite en poussière impalpable ; cette terre se coupe au couteau, mais il faut le marteau pour la casser ; elle renferme aussi de véritables scories de plomb, et quelquefois une matière semblable à de la litharge ; cependant ce minéral ne provient point d’anciennes fonderies ; d’ailleurs, il est répandu dans une très grande étendue de terrain ; on en trouve sur un espace de plus d’un quart de lieue, sans rencontrer de scories dans le voisinage, où l’on n’a pas mémoire qu’il y ait jamais eu de fonderies[57]. »

Ces derniers mots semblent indiquer que M. de Gensane soupçonne avec raison que le feu a eu part à la formation de cette mine singulière ; s’il n’y a pas eu de fonderies dans ces lieux, il y a eu des forêts, et très probablement des incendies, ou bien on doit supposer quelque ancien volcan dont le feu aura calciné la plus grande partie de la mine, et l’aura réduite en chaux blanche, en scories, en litharge, dans lesquelles certaines parties se seront revivifiées en métal, au moyen des matières inflammables qui servaient d’aliments à l’incendie ; cette mine est donc de dernière formation : comme elle gît en grande partie sous la pierre calcaire, elle n’a pas été produite par le feu primitif, qui d’ailleurs l’aurait entièrement réduite en chaux, et n’y aurait pas laissé du métal ; ce n’est donc qu’une mine ordinaire, qui a seulement été dénaturée accidentellement par le feu souterrain d’un ancien volcan, ou par de grands incendies à la surface du terrain.

Et non seulement le feu a pu former ces mines de plomb en chaux blanche ; mais l’eau peut aussi les produire : la céruse, que nous voyons se former à l’air sous les plombs qui y sont exposés, est une vraie chaux de ce métal, qui, étant entraînée, transportée et déposée en certains endroits de l’intérieur de la terre par la stillation des eaux, s’accumule en masses ou en veines, sous une forme plus ou moins concrète. La mine de plomb blanche n’est qu’une céruse cristallisée, également produite par l’eau ; il n’y a de différence qu’en ce que la céruse naturelle est plus mêlée de parties terreuses : ces mines de céruse, les plus nouvelles de toutes, se forment tous les jours, comme celles du fer en rouille, par les détriments de ces métaux.

Les mines de plomb vitreuses et cristallisées, qui proviennent de la décomposition des galènes, prennent différentes couleurs par le contact ou l’union des différentes substances métalliques qu’elles rencontrent ; le fer leur donne une couleur rouge, et, selon M. Monnet, il les colore aussi quelquefois en vert : cet observateur dit avoir remarqué, dans les mines de plomb de la Croix en Lorraine[58], un grand nombre de cristaux de plomb vert dans les cavités de la gangue de cette mine, qui n’est qu’une mine de fer grisâtre ; d’où il conclut que les cristaux verts de plomb peuvent être formés de la décomposition de la galène par le fer. La galène elle-même peut se régénérer dans les mines de plomb qui sont en état de céruse ou de chaux blanche : on peut le démontrer, tant par la forme fistuleuse de ces galènes qu’on appelle plomb noir, que par plusieurs morceaux de mines dans lesquels la base des cristaux est encore de plomb blanc, seulement un peu rougeâtre, et dont la partie supérieure est convertie en galène.

En général, les mines de plomb tiennent presque toutes une petite quantité d’argent ; elles sont aussi très souvent mêlées de fer et d’antimoine[59], et quelquefois de cuivre[60] ; mais l’on n’a qu’un seul exemple de mine de plomb tenant du zinc[61] ; et de même que l’on trouve de l’argent dans presque toutes les mines de plomb, on trouve aussi du plomb dans la plupart des mines d’argent ; mais, dans les filons de ces mines, le plomb, comme plus pesant, descend au-dessous de l’argent, et il arrive presque toujours que les veines les plus riches en argent se changent en plomb à mesure qu’elles s’étendent en profondeur[62].

Pour connaître la quantité de métal qu’une mine de plomb peut contenir, il faut la griller en ne lui donnant d’abord que peu de feu, la bien laver ensuite et l’essayer avec le flux noir, et quelquefois y ajouter de la limaille de fer[63], pour absorber le soufre que le grillage n’aurait pas tout enlevé[64] ; mais, quoique par ces moyens on obtienne la quantité de plomb assez juste, l’essai par la voie humide est encore plus fidèle ; voici le procédé de M. Bergman[65] : on pulvérise la galène, on la fait digérer dans l’acide nitreux ou dans l’acide marin jusqu’à ce que tout le plomb soit dissous, et alors le soufre minéral se précipite ; on s’assure que ce soufre est pur en le faisant dissoudre dans l’alcali caustique, on précipite le plomb par l’alcali cristallisé, et cent trente-deux parties de précipité indiquent cent parties de plomb : si le plomb tient argent, on le sépare du précipité par l’alcali volatil, et, s’il y a de l’antimoine, on le calcine par l’acide nitreux concentré ; si la galène tient du fer, on précipite le plomb et l’argent qui peuvent y être unis, ainsi que la quantité de fer qui se trouve dans l’acide, en mettant une lame de fer dans la dissolution ; celle que la lame de fer a produite indique exactement la quantité de ce métal contenue dans la galène.

Le plomb, extrait de sa mine par la fonte, demande encore des soins tant qu’il est en métal coulant ; car, si on le laisse exposé à l’action de l’air, sa surface se couvre d’une poudre grise, dont la quantité augmente à mesure que le feu continue, en sorte que tout le métal se convertit en chaux, et acquiert par cette conversion une augmentation de volume très considérable[66] : cette chaux grise, exposée de nouveau à l’action du feu, y prend bientôt, en la remuant avec une spatule de fer, une assez belle couleur jaune, et dans cet état on lui donne le nom de massicot ; et, si l’on continue de la remuer en la tenant toujours exposée à l’air, à un certain degré de feu, elle prend une belle couleur rouge, et dans cet état on lui donne le nom de minium ; je dis à un certain degré de feu, car un feu plus fort ou plus faible ne changerait pas le massicot en minium ; et ce feu constant et nécessaire pour lui donner une belle couleur rouge est de cent vingt degrés[67] ; car, si l’on donne à ce même minium une chaleur plus grande ou moindre, il perd également son beau rouge, redevient jaune et ne reprend cette couleur rouge qu’au feu de cent vingt degrés de chaleur. C’est à M. Geoffrin qu’est due cette intéressante observation, et c’est à M. Jars[68] que nous devons la connaissance des pratiques usitées en Angleterre pour faire le minium en grande quantité, et par conséquent à moindres frais qu’on ne le fait ordinairement.

Les Anglais ne se servent que de charbon de terre pour faire le minium, et ils prétendent même qu’on ne réussirait pas avec le charbon de bois ; cependant, dit M. Jars, il n’y aurait d’autre inconvénient que celui des éclats de ce charbon qui pourraient revivifier quelques parties de la chaux de plomb, ce qu’il est très aisé d’éviter. Je ne pense pas, avec M. Jars, que ce soit là le seul inconvénient. Le charbon de bois ne donne pas une chaleur aussi forte ni aussi constante que le charbon de terre, et d’ailleurs l’acide sulfureux qui s’en exhale, et la fumée du bitume qu’il contient, peuvent contribuer à donner à la chaux de plomb la belle couleur rouge.

Toutes ces chaux de plomb, blanches, grises, jaunes et rouges, sont non seulement très aisées à vitrifier, mais même elles déterminent promptement et puissamment la vitrification de plusieurs autres matières : seules, elles ne donnent que de la litharge ou du verre jaune très peu solide ; mais, fondues avec le quartz, elles forment un verre très solide, assez transparent, et d’une belle couleur jaune.

Considérant maintenant les propriétés particulières du plomb dans son état de métal, nous verrons qu’il est le moins dur et le moins élastique de tous les métaux ; que, quoiqu’il soit très mou, il est aussi le moins ductile ; qu’il est encore le moins tenace, puisqu’un fil d’un dixième de pouce de diamètre ne peut soutenir un poids de 30 livres sans se rompre ; mais il est, après l’or, le plus pesant ; car je ne mets pas le mercure ni le platine au nombre des vrais métaux : son poids spécifique est à celui de l’eau distillée comme 113533 sont à 10000, et le pied cube de plomb pur pèse 794 livres 10 onces 4 gros 44 grains[69]. Son odeur est moins forte que celle du cuivre, cependant elle se fait sentir désagréablement lorsqu’on le frotte ; il est d’un assez beau blanc quand il vient d’être fondu, ou lorsqu’on l’entame et le coupe ; mais l’impression de l’air ternit en peu de temps sa surface qui se décompose en une rouille légère, de couleur obscure et bleuâtre : cette rouille est assez adhérente au métal, elle ne s’en détache pas aussi facilement que le vert-de-gris se détache du cuivre ; c’est une espèce de chaux qui se revivifie aussi aisément que les autres chaux de plomb ; c’est une céruse commencée : cette décomposition par les éléments humides se fait plus promptement lorsque ce métal est exposé à de fréquentes alternatives de sécheresse et d’humidité.

Le plomb, comme l’on sait, se fond très facilement, et, lorsqu’on le laisse refroidir lentement, il forme des cristaux qu’on peut rendre très apparents par un procédé qu’indique M. l’abbé Mongez : c’est en formant une géode dans un creuset, dont le fond est environné de charbon, et qu’on perce dès que la surface du métal fondu a pris de la consistance : on obtient de cette manière des cristaux bien formés en pyramides trièdres isolées, et de trois à quatre lignes de longueur. Je me suis servi du même moyen pour cristalliser la fonte de fer.

Le plomb, exposé à l’air dans son état de fusion, se combine avec cet élément, qui non seulement s’attache à sa surface, mais se fixe dans sa substance, la convertit en chaux, et en augmente le volume et le poids[70] : cet air fixé dans le métal est la seule cause de sa conversion en chaux, le phlogistique ne fait rien ici, et il est étonnant que nos chimistes s’obstinent à vouloir expliquer, par l’absence et la présence de ce phlogistique, les phénomènes de la calcination et de la revivification des métaux, tandis qu’on peut démontrer que le changement du métal en chaux et son augmentation de volume, ou pesanteur absolue, ne viennent que de l’air qui y est entré, puisqu’on en retire cet air en même quantité, et que rien n’est plus simple et plus aisé à concevoir que la réduction de cette chaux en métal, puisqu’on peut également démontrer que l’air ayant plus d’affinité avec les matières inflammables qu’avec le métal, il l’abandonne dès qu’on lui présente quelqu’une de ces matières, et laisse par conséquent le métal dans l’état où il l’avait trouvé. La réduction de la chaux des métaux n’est donc au vrai qu’une sorte de précipitation, aussi aisée à entendre, aussi facile à démontrer que toute autre.

Nous observerons en particulier que le plomb et l’étain sont les deux métaux avec lesquels l’air se fixe et se combine le plus promptement dans leur état de fusion, mais que l’étain le retient bien plus puissamment ; la chaux de plomb se réduit beaucoup plus aisément en métal que celle de l’étain par l’addition des matières inflammables : ainsi l’affinité de l’air s’exerce d’une manière plus intime avec l’étain qu’avec le plomb.

Si nous comparons encore ces deux métaux par d’autres propriétés, nous trouverons que le plomb approche de l’étain, non seulement par la facilité qu’il a de se calciner, mais encore par la fusibilité, la mollesse, la couleur, et qu’il n’en diffère qu’en ce que, comme nous venons de le dire, la chaux du plomb est plus aisément réductible, et, quoique ces deux chaux soient d’abord de la même couleur grise, la chaux d’étain, par une forte calcination, devient blanche et reste blanche, tandis que celle de plomb devient jaune, puis rouge par une calcination continuée ; de plus, celle de l’étain ne se vitrifie que très difficilement, au lieu que celle du plomb se change en un vrai verre transparent et pesant, et qui devient au feu si fluide et si actif qu’il perce les creusets les plus compacts : ce verre de plomb, dans lequel l’air fixe de sa chaux s’est incorporé, peut encore se réduire facilement en métal coulant ; il suffit de le broyer et de le refondre en y ajoutant une matière inflammable, avec laquelle l’air ayant plus d’affinité qu’avec le plomb se dégagera en saisissant cette matière inflammable qui l’emporte, et il laissera par conséquent le plomb dans son premier état de métal coulant.

Le plomb peut s’allier avec tous les métaux, à l’exception du fer, avec lequel il ne paraît pas qu’il puisse contracter d’union intime[71] ; cependant on peut les réunir de très près en faisant auparavant fondre le fer. M. de Morveau a, dans son Cabinet, un culot formé d’acier fondu et de plomb, dans lequel, à la vérité, ces deux métaux ne sont pas alliés, mais simplement adhérents de si près que la ligne de séparation n’est presque pas sensible.

La chaux de cuivre et celle du plomb mélangées s’incorporent et se vitrifient toutes deux ensemble ; le plomb entraîne le cuivre dans sa vitrification, et il rejette le fer sur les bords de la coupelle : c’est par cette propriété particulière qu’il purge l’or et l’argent de toute matière métallique étrangère ; personne n’a mieux décrit tout ce qui se passe dans les coupellations que notre savant académicien, M. Sage, dans ses Mémoires sur les Essais.

On a observé que le plomb et l’étain, mêlés ensemble, se calcinent plus promptement et plus profondément que l’un ou l’autre ne se calcine seul ; c’est de cette chaux, mi-partie d’étain et de plomb, que se fait l’émail blanc des faïences communes ; et c’est avec le verre de plomb seul qu’on verrait les poteries de terre encore plus communes.

Le plomb semble approcher de l’argent par quelques propriétés : non seulement il lui est presque toujours uni dans ses mines ; mais, lors même qu’il est pur et dans son état de métal, il présente les mêmes phénomènes dans ses dissolutions par les acides ; il forme, comme l’argent, avec l’acide nitreux, un sel plus caustique que les sels des autres métaux.

Le plomb a aussi de l’affinité avec le mercure ; ils s’amalgament facilement, et ils forment ensemble des cristaux : cet amalgame de plomb a la propriété singulière de décrépiter très vivement sur le feu.

L’ordre des affinités du plomb avec les autres métaux, suivant M. Geller, est l’argent, l’or, l’étain, le cuivre ; cette grande affinité de l’argent et du plomb que l’art nous démontre est bien indiquée par la nature ; car l’on trouve l’argent uni au plomb dans toutes les mines de première comme de dernière formation ; ce sont les poudres des mines primitives de l’argent, qui se sont unies et mêlées avec la chaux de plomb, et ont formé les galènes ou premiers minerais de ce métal ; mais les affinités du plomb avec l’or, l’étain et le cuivre que l’art nous a fait reconnaître, ne se manifestent que par de légers indices dans le sein de la terre ; ce n’est point avec ces métaux que le plomb s’y combine ; mais c’est avec les sels, et surtout avec les acides qu’il prend des formes différentes : la galène, qu’on doit regarder comme le plomb de première formation, n’est qu’une espèce de pyrite composée de chaux de plomb, et de l’acide uni à la substance du feu fixe. L’air et les sels de la terre ont ensuite décomposé ces galènes comme ils décomposent toutes les autres pyrites, et c’est de leurs détriments que se sont formées toutes les mines de seconde et de troisième formation ; cette marche de la nature est uniforme ; le feu primitif a fondu, sublimé ou calciné les métaux, après quoi les éléments humides, les sels, et surtout les acides, les ont attaqués, corrodés, dissous et, s’incorporant avec eux par une union intime, leur ont donné les nouvelles formes sous lesquelles ils se présentent.

Tous les acides minéraux ou végétaux peuvent entamer ou dissoudre le plomb ; les huiles et les graisses agissent aussi sur ce métal en raison des acides qu’elles contiennent ; elles l’attaquent surtout dans son état de chaux, et dissolvent la céruse, le minium et la litharge à l’aide d’une médiocre chaleur.

L’acide vitriolique doit être concentré et aidé de la chaleur pour dissoudre le plomb réduit en poudre métallique ou en chaux, et cette dissolution produit un sel qu’on appelle vitriol de plomb. On a remarqué que le minium résiste plus que les autres chaux de plomb à cet acide, qu’il ne se dissout qu’en partie, et qu’il perd seulement sa belle couleur rouge, et devient d’un brun presque noir[72]. Les sels neutres, qui contiennent de l’acide vitriolique, agissent aussi sur les chaux de plomb ; ils les précipitent de leur dissolution dans l’acide nitreux, et forment avec elles un vitriol de plomb.

L’acide nitreux, loin d’être concentré comme le vitriolique, doit au contraire être affaibli pour bien dissoudre le plomb ; et la dissolution, après l’évaporation, donne des cristaux qui, comme tous les autres sels produits par ce même métal, ont plutôt une saveur sucrée que saline : au reste, cet acide dissout également le plomb dans son état de métal et dans son état de chaux, c’est-à-dire les céruses, le massicot, le minium et même les mines de plomb blanches, vertes et rouges, etc.

L’acide marin ne dissout le plomb qu’à l’aide d’une forte chaleur ; cette dissolution donne un sel dont les cristaux sont brillants et en petites aiguilles : cet acide, ainsi que les sels qui en contiennent, précipite le plomb de sa dissolution dans l’acide nitreux, et forme un sel métallique auquel les chimistes ont donné le nom de plomb corné, comme ils ont aussi nommé argent corné, ou lune cornée, les cristaux de la dissolution de l’argent par le même acide marin.

Le soufre s’unit aisément avec le plomb par la fusion, et, lorsqu’on laisse ce mélange exposé à l’action du feu libre, il se brûle en partie, et le reste, qui est calciné, forme une espèce de pyrite ou mine de plomb semblable à la galène[73].

Les acides végétaux, et en particulier celui du vinaigre, attaquent et dissolvent le plomb ; c’est en l’exposant à la vapeur du vinaigre qu’on le convertit en chaux blanche, et c’est de cette manière que l’on fait la céruse qui est dans le commerce : cette chaux ou céruse se dissout parfaitement dans le vinaigre concentré ; elle y produit même une grande quantité de cristaux dont la saveur est sucrée[74] ; on a souvent abusé de cette propriété de la céruse et des autres chaux, ou sels de plomb, pour adoucir le vin au détriment de la santé de ceux qui le boivent. Au reste, l’on ne doit pas regarder la céruse comme une chaux de plomb parfaite, mais comme une matière dans laquelle le plomb n’est qu’a demi dissous ou calciné par l’acide aérien, et reste encore plutôt dans l’état métallique que dans l’état salin ; en sorte qu’elle n’est pas soluble dans l’eau comme les sels.

Le plomb se dissout aussi dans l’acide du tartre, à l’aide de la chaleur et d’une longue digestion : si l’on fait évaporer cette dissolution, elle prend une consistance visqueuse et donne un sel cristallisé en lames carrées[75] ; enfin, les acerbes ne laissent pas d’avoir aussi quelque action sur le plomb, car la noix de galle le précipite de sa dissolution dans l’acide nitreux, et la surface de la liqueur se couvre en même temps d’une pellicule à reflets rouges et verts.

Les alcalis fixes et volatils, non plus que les terres absorbantes, ne font pas des effets bien sensibles sur le plomb, dans quelque état qu’il soit ; néanmoins, ils ont avec ce métal une affinité bien marquée dans certaines circonstances : par exemple, ils le précipitent de sa dissolution dans l’acide marin, sous la forme d’une poudre blanche qui se ternit bientôt à l’air comme le métal même[76].

En comparant les mines primordiales des six métaux, nous voyons que l’or seul se trouve presque toujours en état de métal dans le sein de la terre, que, quoiqu’il n’y soit jamais pur, mais allié de plus ou moins d’argent ou de cuivre, il ne se présente que rarement sous une forme minéralisée, et qu’il recouvre et défend l’argent de toute altération : on assure cependant que l’or est vraiment minéralisé dans la mine de Naghiac[77], et dans quelques pyrites nouvellement trouvées en Dauphiné ; mais ce métal ne doit néanmoins subir aucun changement, aucune altération, que par des combinaisons qui ne peuvent se trouver que très rarement dans la nature ; et nous verrons, en traitant du platine, que l’or, qui fait le fond de sa substance, y est encore plus altéré et presque dénaturé ; ces deux exemples sont les seuls qu’on puisse donner d’un changement d’état dans l’or, et l’on ne doit pas les regarder comme des opérations ordinaires de la nature, mais comme des accidents si rares qu’ils n’ôtent rien à la vérité du fait général, que l’or se présente partout dans l’état de métal, et seulement plus ou moins divisé, et non minéralisé.

L’argent se trouve assez souvent, comme l’or, dans l’état de métal pur ; mais il est encore plus souvent mêlé avec le plomb ou minéralisé, c’est-à-dire altéré par les sels de la terre ; le cuivre résiste beaucoup moins à l’impression des éléments humides, et, quoiqu’il se trouve quelquefois en état de métal, il se présente ordinairement sous des formes minéralisées, et variées, pour ainsi dire, à l’infini : ces trois métaux, l’or, l’argent et le cuivre, sont les seuls qui aient pris dès les premiers temps, et conservé plus ou moins jusqu’à ce jour, leur état métallique ; le fer, le plomb et l’étain ne se trouvent nulle part, et même n’ont jamais été dans cet état métallique ; le feu primitif les a fondus ou calcinés ; le fer, par sa fusion, s’est mêlé à la roche vitreuse, et le plomb et l’étain, après leur calcination, ont été saisis par l’acide et réduits en minerais pyriteux, ainsi que les cuivres qui n’ont pas conservé leur état de métal : tous ces métaux ont souvent été mêlés les uns avec les autres ; et dans les mines primordiales, comme dans les mines secondaires, on les trouve quelquefois tous réunis ensemble.


Notes de Buffon
  1. Selon M. Brisson, le pied cube de plomb fondu, écroui ou non écroui, pèse également 794 livres 10 onces 4 gros 44 grains : ainsi ce métal n’est susceptible d’aucune compression, d’aucun écrouissement par la percussion.
  2. M. de Grignon m’a dit avoir observé dans le Limousin une mine de plomb qui est en cristaux octaèdres, isolés ou groupés par une ou deux faces : cette mine gît dans du sable quartzeux légèrement agglutiné.
  3. On ne connaît guère que la mine de Willach, en Carinthie, qui ne contienne point d’argent ; et on a remarqué qu’assez ordinairement, plus les grains de la galène sont petits, et plus le minerai est riche en argent.
  4. Observations métallurgiques de M. Jars ; Mém. de l’Académie des sciences, année 1770, p. 515.
  5. Traité de la fonte des mines de Schlutter, t. Ier, p. 8.
  6. Traité de la fonte des mines de Schlutter, p. 11 et 12.
  7. Idem, p. 13 et suiv.
  8. En Provence, il y a des mines de plomb au territoire de Ramatuelle, dans celui de la Roque ; à Beaujeu, au territoire de la Nolle ; dans celui de Luc, diocèse de Fréjus, etc. Idem, p. 21.
  9. Dans le Vivarais, six mines de plomb tenant argent, près de Tournon… Autres mines de plomb à Bayard, diocèse d’Uzès ; dans le même territoire de Bayard, il y a d’autres mines de plomb à Ranchine et à Saint-Loup… d’autres à une lieue de Nancé, paroisse de Babours, tenant plomb et argent. Idem, p. 22 et 23.
  10. En Languedoc, il y a des mines de plomb à Pierre-Cervise, à Auriac, à Cascatel, qui donnent du cuivre, du plomb et de l’antimoine… Il y en a d’autres dans la montagne Noire, près la vallée de Corbières. Idem, p. 26.
  11. Dans le Roussillon, il y a une mine de plomb entre les territoires de Pratès et ceux de Mauère et Serra-Longa… Autres mines de plomb à rognons dans le territoire de Torigna ; ces mines sont en partie dans les vignes, et on les découvre après des pluies d’orage : les paysans en vendent le minerai aux potiers… La même province renferme encore d’autres mines semblables. Idem, p. 35.
  12. Dans le comté de Foix, mines de plomb tenant argent à l’Aspie… Autre mine de plomb dans la montagne de Montronstand… Autre au village de Pesche, près Château-Verdun. Autre dans les environs d’Arques, qui est en feuillets fort serrés et très pesants. Idem, p. 41.
  13. Dans le comté de Comminges, il y a une belle mine de plomb près Jends, dans la vallée de Loron… Une autre dans la vallée d’Arboust, tenant argent… Une autre, tenant aussi argent, dans la vallée de Luchon,… et d’autres dans la vallée de Lège et dans la montagne Souquette : cette dernière tient argent et or… La montagne de Geveiran est pleine de mines de plomb et de mines d’argent, que les Romains ont travaillé autrefois… Il y a encore plusieurs autres mines de plomb dans le même comté. Idem, p. 43 et suiv.
  14. Dans le Bigorre, il y a une mine de cuivre verte à Gaverin… Une autre à Consrette, au-dessus de Barrage… Dans la montagne de Castillan, proche Peyre-Fite, il y a des mines de plomb qu’on ne peut travailler que trois ou quatre mois de l’année, à cause des neiges… Autres mines de plomb à Streix, dans la vallée d’Auzun… À Porchylte et dans plusieurs autres lieux du Bigorre. Idem, p. 46 et 47.
  15. Dans le Béarn, il y a une mine de plomb sur la montagne de Habal, à cinq lieues de Larmes, qui est en exploitation et qui rend cinquante pour cent… Et une autre mine de plomb dans la montagne de Monheins. Idem, p. 50 et 52.
  16. Dans la basse Navarre, la montagne d’Agella, qui borne la vallée d’Aure, renferme plusieurs mines de plomb tenant argent… Celle d’Avadec contient aussi une mine de plomb tenant argent… Dans les Pyrénées, il y a de même des mines de plomb dans la montagne de Belonca… Dans celles de Ludens… de Portuson, de Varan et plusieurs autres endroits. Traité de la fonte des mines de Schlutter, t. Ier, p. 54, 55, 57 et suiv.
  17. Dans le Lyonnais, il y a des mines de plomb près Saint-Martin de la Plaine… D’autres près de Tarare, dont les échantillons n’ont donné que huit livres de plomb et trente grains d’argent par quintal. Idem, p. 31.
  18. Dans le Beaujolais, il y a des mines de plomb près du Rhône, dans un lieu nommé Guyon… D’autres à Consens en Forès, à Saint-Julien-Molin-Molette, etc. Il y en a encore plusieurs autres dans cette province. Idem, p. 32.
  19. Idem, p. 30.
  20. Dans le Limousin, il y a une mine de plomb à Fargens, à une demi-lieue de Tralage… Une autre dans la paroisse de Vicq, élection de Limoges, et à Saint-Hilaire une autre mine de plomb tenant étain : il y a encore d’autres mines de plomb qu’on soupçonne tenir de l’étain. Idem, p. 59. — Les meilleures mines de plomb du Limousin sont celles de Glanges, Mercœur et Issoudun : cette dernière donne soixante-cinq à soixante-dix livres de plomb par quintal de minerai, mais ce filon est très mince. (Note communiquée par M. de Grignon, en octobre 1782.)
  21. En Auvergne, il y a une mine de plomb à Combres, à deux lieues de Pontgibaud : elle ne rend que cinq livres de plomb par quintal, mais cent livres de ce plomb donnent deux marcs et une once d’argent ; elle est abandonnée… Il y a d’autres mines de plomb à Chades, entre Riom et Pontgibaud, et d’autres dans l’élection de Riom. Traité de la fonte des mines de Schlutter, t. Ier, p. 60 et 61.
  22. Dans le Bourbonnais, il y a des mines de plomb dans l’enclos des Chartreux de Moulins et dans le village d’Uzès. Idem, p. 62.
  23. En Anjou, selon Piganiol, il y a des mines de plomb dans la paroisse de Corcelle… Une autre à Montrevaux ; cette dernière a été travaillée et ensuite abandonnée. Idem, p. 64.
  24. En Normandie, il y a une mine de plomb à Pierreville, auprès de Falaise. Idem, p. 68.
  25. En Bretagne, il y a une mine de plomb à Pompéan : en 1733 et 1734, le minerai donnait jusqu’à soixante-dix-sept livres pour cent de plomb, et ce plomb rendait trois onces au plus d’argent par quintal… Il y a encore d’autres mines de plomb à Borien, Serugnat, Poulawen, Ploué, Lequefré, le Prieuré, la Feuillée, Ploué-Norminais, Carnot, Plucquets, Trebiran, Paul et Melcarchais. Idem, p. 70.
  26. Histoire naturelle du Languedoc, t. III, p. 225.
  27. Histoire naturelle du Languedoc, t. III, p. 238.
  28. Bibliothèque raisonnée, juillet, août et septembre 1759.
  29. Histoire naturelle du Languedoc, par M. de Gensane, t. II, p. 163 et 164.
  30. Idem, ibid.
  31. La petite ville de l’Argentière, en Vivarais, tire son nom des mines de plomb et argent qu’on y exploitait autrefois… Il n’y a point de veines réglées ; le minéral s’y trouve dispersé dans un grès très dur, ou espèce de granit, qui forme la masse des montagnes qui environnent l’Argentière. Ce minéral est à grains fins, semblables aux grains d’acier ; il rend au delà de soixante livres de plomb, et depuis quatre jusqu’à cinq onces d’argent au quintal… Il n’y a que la crête de ces montagnes qui ait été attaquée, et il s’en faut bien que le minerai y soit épuisé. Il y a sur ces montagnes, depuis Vals jusqu’à la rivière de la Douce, dans la paroisse de Serre-Mejames, quantité d’indices de mines de plomb ; mais un phénomène bien singulier, c’est qu’on trouve sur la surface de ce terrain des morceaux de mines de plomb plâtreux, semblables à de la pierre à chaux, qui renferment des grains de plomb naturel, dont quelques-uns pèsent jusqu’à une demi-once… La matière dure et terreuse qui renferme ces grains rend elle-même jusqu’au delà de quatre-vingts pour cent de plomb…

    En descendant de ces hautes montagnes dans le vallon de Saint-Laurent-les-Bains, nous avons remarqué quelques veines de mines de plomb. Il y en a une surtout considérable au bas de ce village, sur la surface de laquelle on remarque plusieurs filets de spath d’une très belle couleur d’améthyste…

    Il y a peu de cantons dans le Languedoc où il y ait autant de minéraux que le long du vallon de Mayres, surtout aux montagnes qui sont au midi de cette vallée. On commence à apercevoir les veines de ces minéraux auprès de la Narce, village situé sur la montagne du côté de la Chassade. Il y a auprès des Artch… une montagne qui nous a paru toute composée de mines de plomb et argent. On en trouve des veines considérables au pied du village de Mayres.

    En montant du Chayla, au bas du château de la Chaise, on trouve près du chemin un très beau filon de mine de plomb. Il y en a plusieurs de même nature près le village de Saint-Michel.

    La montagne qui s’étend depuis Beaulieu à Éthèses jusqu’au delà de Vincieux est traversée par un grand nombre de filons de mine de plomb, dont une grande partie est exploitée par M. de Plumestein, qui en a la concession de Sa Majesté… Le filon d’Éthèses a environ deux pieds de largeur, et est entremêlé d’une terre noire… Le filon de Broussin est magnifique. Il y a des endroits où le minéral pur a près de quatre pieds de largeur. Comme ce minéral ne tient presque pas d’argent, on en sépare le plus pur pour les potiers du diocèse, sous le nom de vernis. Le surplus, qui se trouve mêlé de blende ou de roche, est porté à la fonderie de Saint-Julien, où l’on en extrait le plomb… Il y a un autre filon de mine de plomb à Baley, paroisse de Talancieux, qui n’est pas riche. Histoire naturelle du Languedoc, par M. de Gensane, t. III, p. 178 et suiv.

  32. On trouve dans le canton (de la paroisse de Brignon, en Velay) une très belle mine de plomb, dont la veine est très bien caractérisée… Nous avons trouvé dans les bois voisins de Versillac un très beau filon de mine de plomb… Du côté d’Icenjaux, nous avons reconnu en différents endroits des marques très caractérisées de mine de plomb… Vers Saint-Maurice-de-Lignan et de Prunières, nous avons trouvé quantité de marques de mine de plomb parmi les rochers de granit… On voit auprès de Monistrol plusieurs anciens travaux sur des mines de plomb ; celle qu’on appelle la Borie est des plus considérables. Les gens du pays nous ont assuré qu’il y a beaucoup de minéral dans le fond des travaux, qui ne sont qu’à vingt-cinq toises de profondeur ; mais qu’on avait été obligé de les abandonner, à cause de la quantité d’eau qui s’y trouvait… À peu de distance de cet endroit est la mine de Nant, dont on vend le minéral aux potiers : la veine ne donne que par rognons… Il y a encore plusieurs autres mines et indices de mines de plomb dans ce diocèse. Traité de la fonte des mines de Schlutter, p. 236, 244, 245, 246 et 247.
  33. Histoire naturelle du Languedoc, par M. de Gensane, t. II, p. 19 et suiv.
  34. À quelque distance de Fribourg, en Brisgaw, il y a plusieurs mines qui avaient été abandonnées, mais que l’on exploite de nouveau… La montagne de Grensem, où se trouvent plusieurs de ces mines de plomb, est adossée à une montagne de granit… Toutes les pierres qu’on y trouve sont de vrai granit grisâtre, à fort petits grains, avec des points de schorl noir, ressemblant beaucoup au granitello d’Italie. Du côté opposé de cette montagne est une autre mine de plomb dont le minerai est une galène ; sa gangue est de spath calcaire. La montagne granitique se trouve donc entre les montagnes calcaires qui renferment les mines. Voyages de M. Jaskevisch, dans le supplément au Journal de physique du mois d’octobre 1782.
  35. Il y a une mine de plomb à deux lieues d’Orellana, sur le chemin de Zalaméa : cette mine est dans une petite éminence… La veine coupe directement la pierre d’ardoise ; elle est dans le quartz. Histoire naturelle d’Espagne, par M. Bowles, p. 57. — Dans la province de Jaen, en Espagne, aucune mine ne se trouve dans la pierre calcaire, et il y en a une de plomb près de Limarès, dans du granit gris ordinaire. La veine a, dans certains endroits, soixante pieds de large, et dans d’autres pas plus d’un. Les salbandes qui enveloppent la veine sont d’argile, mais ces salbandes sont souvent à découvert et se mêlent avec le granit. De ces salbandes qui accompagnent les mines en général, l’une soutient le filon par-dessous et l’autre le couvre par-dessus, et c’est la plus grosse… Cette mine de plomb est ordinairement en veines, mais on y trouve aussi des rognons… on en a trouvé un si abondant que, pendant quatre ou cinq ans, il fournit une quantité prodigieuse de plomb dans un espace de soixante pieds de large, autant de long, et sur autant de profondeur… C’est une véritable galène à gros grains, qui donne pour l’ordinaire soixante à quatre-vingts livres de plomb par quintal… et comme ce plomb ne contient que trois ou quatre onces d’argent par quintal, il ne vaut pas la peine d’être coupellé. Idem, p. 417 et suiv.
  36. La mine de Mendip, dans le comté de Sommerset, est en quelques endroits en filons perpendiculaires, tantôt plus étroits, tantôt plus larges ; cette mine ne forme qu’une masse, et elle contient du plomb pur, excepté à la surface, où elle est mêlée d’une terre rouge. M. Guettard ; Mémoires de l’Académie des sciences, année 1762, p. 321 et suiv.
  37. On trouve en Derbyshire des veines de plomb très considérables, dans une pierre à chaux coquillière, à laquelle on donne un très beau poli, et dont on fait plusieurs ouvrages… Toutes les mines de cette province sont très riches en argent, et sont dans des montagnes récentes dont les pierres contiennent des corps marins… Cependant en Derbyshire, comme ailleurs, la pierre à chaux est posée sur le schiste… Malgré cette exception, il n’en est pas moins vrai que les montagnes de nouvelle formation renferment rarement de vrais filons de mine. Lettres sur la minéralogie, par M. Ferber ; note, p. 56 et suiv.
  38. On sait qu’en général toutes les montagnes du comté de Cardigan, en Angleterre, sont remplies de mines de plomb qui contiennent de l’argent… Dans les montagnes de Cumberland, il y a du cuivre, de l’or et de l’argent, et du plomb noir. M. Guettard ; Mémoires de l’Académie des sciences, année 1746, p. 385.
  39. Il y a trois sortes de mines de plomb en Écosse : la première, nommée lum-lead, est presque de plomb pur ; la seconde, swelling-lead ou smethon, est la mine triée ; la troisième, la mine pauvre. On ne fond pas la première ni la seconde ; on les vend aux potiers de terre pour vernir leurs poteries. Traité de la fonte des mines de Schlutter, t. II, p. 325.
  40. Les Alpes du canton de Schwitz renferment des mines de plomb. Mémoires de l’Académie des sciences, année 1752, p. 330. — Scheuchzer dit qu’il y a une mine de plomb au-dessus de Zillis en Barenwald ; une autre de plomb et de cuivre à Anneberg. Idem, p. 333. La vallée de Ferrera, les environs de Schams, de Davos et de Disentis fournissent du plomb. Idem, ibidem. — Dans les environs du Grimsel en Suisse, il y a des veines de plomb. Idem, p. 336.
  41. Il y a à Olkuszow, dans le domaine de l’évêque de Cracovie, une mine de plomb sans matière étrangère, qui est écailleuse. Ses épontes ou salbandes sont d’une terre calcaire… Une autre mine de plomb, trouvée dans les Karpathes, est à petites écailles et contient beaucoup d’argent gris ; une troisième est à petites écailles avec des veines d’une terre jaune d’ocre ; une quatrième est aussi écailleuse, pure et en masse, composée d’espèce de grains mal liés, de sorte qu’on dirait que cette mine a passé par le feu ; ces deux dernières se trouvent aussi dans les Karpathes… Les mines d’Olkutz, en Pologne, ont été travaillées dès le quatorzième siècle ; on y voit plusieurs puits, dont quelques-uns descendent jusqu’à quatre-vingts brasses de profondeur. Leur situation est au pied d’une petite montagne, qui s’élève en pente douce. Le minerai de ces mines est la galène couleur de plomb ; elle est sans mélange de cailloux ni de sable, ni d’aucune autre substance… Le minerai est répandu dans une terre jaunâtre, mêlée d’une pierre semblable à la calamine, et à de la pierre à chaux dans quelques endroits ; cette terre contient aussi des fragments d’une pierre ferrugineuse, qui a été très utile pour la fonte du minerai… À la profondeur de cinq ou six brasses, on trouve d’abord une espèce de pierre à chaux, et dès la dixième brasse on rencontre la veine du minéral, qui, dans quelques endroits, n’a que deux ou trois pouces, et dans d’autres jusqu’à une demi-brasse d’épaisseur… On tire de ce plomb onze marcs et demi d’argent, sur soixante-dix quintaux de plomb. M. Guettard, Mémoires de l’Académie des sciences, année 1762, p. 319, 321 et suiv.
  42. On trouve dans les mines de Bleyberg, en Carinthie, plusieurs sortes de minerais : 1o le plombage ou plomb compact presque malléable, couleur de vrai plomb minéralisé avec le soufre et l’arsenic ; 2o la galène de plomb cristallisée en cubes ou en octaèdres ; 3o la craie parsemée de petits points de galène de plomb qui forment de jolies dendrides ; 4o le plomb spatheux, couleur de jaune clair, jusqu’à l’oranger blanc, couleur de plomb transparent, couleur de vert pâle…, etc. Voyages de M. Jaskevisch, dans le supplément au Journal de physique du mois d’octobre de l’année 1782.
  43. Dans le haut palatinat, à Fregung, il y a une mine de plomb qui n’est mêlée d’aucun autre métal, et par conséquent excellente pour l’usage de la coupelle ; elle est en partie sous la forme d’une pierre cristalline ; le reste n’est pas si riche en plomb et paraît plus farineux. Collection académique, partie étrangère, t. II, p. 2.
  44. La mine de plomb et d’argent de Rammelsberg est en partie très pure, et en partie mêlée de pyrites cuivreuses et de soufre ; et dans le milieu de ces pyrites on trouve quelques veines de mines de plomb brillantes… Le produit de cette mine est en argent, depuis un gros jusqu’à une once, et en plomb depuis six jusqu’à quarante livres par quintal. On ne peut réduire cette mine en moindre volume par le bocard et le lavage, parce que sa gangue est trop dure et trop pesante ; mais elle a l’avantage d’être assez pure : ainsi on peut la regarder comme une mine triée ; à cause de sa dureté, on attend qu’elle ait reçu trois grillages avant de l’essayer… Les mines qui se tirent des minières des Halzbrucke ne contiennent par quintal que depuis une demi-once jusqu’à deux onces et demie d’argent ; mais elles rendent depuis vingt-huit jusqu’à soixante-cinq livres de plomb par quintal : ainsi, comme elles sont tendres, on les grille seules, et on ne leur donne que deux feux pour les ajouter ensuite aux autres dans la fonte…

    On trouve à Foelgebaugen de la mine de plomb à gros brillants, dont le quintal rend depuis soixante-dix jusqu’à quatre-vingts livres de plomb, et depuis six gros jusqu’à une once et demie d’argent ; on y trouve aussi de la mine de plomb à petits brillants, contenant un peu plus d’argent et moins de plomb ; on tire les meilleurs morceaux de ces mines, et on pile et lave le reste ; mais le tout doit être grillé…

    Dans le haut Hartz, le produit des mines pilées varie beaucoup ; il y en a dont le quintal ne tient qu’une demi-once d’argent, d’autres qui en contiennent jusqu’à un marc… Celles d’Andreasberg sont plus riches, parce qu’on y trouve de l’argent vierge et de la minera argenti rubra, dont les grillages fournissent beaucoup d’argent ; enfin, il y en a d’autres qui, sans argent vierge ni même d’argent rouge, fournissent encore plus d’argent…

    Les mines qu’on tire dans le comté de Stolberg, à Strelzberg, sont de plomb et d’argent, mêlées d’un peu de pyrites et de mines de cuivre. Il se trouve aussi dans les mêmes filons de la mine de fer jaune et blanche qu’on ne peut en séparer entièrement, ni en pilant ni en lavant le minéral : ainsi on la trie le mieux qu’il est possible, en la pilant grossièrement et la faisant passer par un crible. Traité de la fonte des mines de Schlutter, t. II, p. 162, 182, 186, 196 et 328.

  45. Description de l’Arabie, p. 125.
  46. Histoire générale des voyages, t. XVIII, p. 307.
  47. Idem, t. X, p. 656.
  48. Histoire de Crète, manuscrite, par M. Peyssonnel.
  49. À quelque distance d’Argunsk, en Sibérie, et à quelques verstes de l’ancienne mine d’Ildikim, on a découvert un nouveau filon d’un beau minéral luisant, très foncé, mêlé d’un peu de gravier qui contient deux onces d’argent et plus de cinquante livres de plomb par quintal. Il y a encore d’autres minerais dont on tire trois onces d’argent et soixante-quatorze livres de plomb, et l’argent qu’il donne contient de l’or. Hist. générale des voyages, t. XVIII, p. 209.
  50. Les mines de plomb de Jibbel-Ris-Sass, près d’Hamman-Leef, celles de Wamarb-Réese et celles de Benibootateb sont toutes fort riches, et l’on en pourrait certainement tirer de grands trésors, si elles étaient mieux travaillées… On tire aisément par le feu quatre-vingts livres de métal d’un seul quintal de mine… Il y en a aussi dans les terres d’Alger, et surtout dans une haute montagne appelée Van-naff-Réese, dont le sommet est couvert de neige. Après de grandes pluies, les torrents qui découlent de cette montagne charrient des grains et pailles de ce minéral, lesquels s’arrêtent sur ses bords, brillent comme l’argent à la lueur du soleil. Voyages de Shaw, t. Ier, p. 40 et 306.
  51. Dans le pays des Illinois, il y a des mines de plomb dont on peut tirer soixante-seize ou quatre-vingts livres de plomb par quintal… Ce plomb contient un peu d’argent. M. Guettard, Mémoires de l’Académie des sciences, année 1752, p. 210.
  52. Il y a une mine de plomb à la baie Saint-Paul, à vingt-cinq lieues de Québec,… qui est dans une grande montagne… Les filons de cette mine de Saint-Paul sont placés perpendiculairement dans le rocher… Les pierres que l’on trouve à la surface ou à peu de profondeur ne sont qu’environnées de métal à la surface, et à mesure que l’on descend, les pierres en sont plus pénétrées. Les veines sont de différentes largeurs et peu éloignées les unes des autres. Idem, p. 210 et suiv.
  53. La Virginie a des mines de plomb auxquelles on a travaillé et qui sont aujourd’hui abandonnées. Histoire générale des voyages, t. XIV, p. 508.
  54. Le canton d’Yzquiquilpa, à vingt-deux lieues de Mexico, abonde en mines de plomb… La province de Guaxaca renferme la montagne Itz-qui-tepeque, où il se trouve quantité de veines de plomb ; celle de Guadalajara renferme dans ses montagnes beaucoup de mines d’argent et de cuivre mêlées de plomb. Il s’en trouve aussi de plomb et d’argent dans la province de la Nouvelle-Biscaye… Et autrefois on en tirait beaucoup de la province de Chiapa. Idem, t. XII, p. 648.
  55. Le Corrégiment de Guanta, dans le diocèse de Guamanga, au Pérou, a des mines de plomb. Idem, p. 648.
  56. La mine de plomb blanche qui se trouve dans celle de Ponlaouen, en Bretagne, est en assez gros cristaux, de forme prismatique, irrégulièrement striés dans leur longueur, d’un blanc de nacre transparent, qui donnent au quintal quatre-vingts livres de plomb tenant un peu d’argent… Cette mine de plomb blanche, quoi qu’en dise Vallerius, est parfaitement soluble par tous les acides… Elle ne contient point d’arsenic, quoique Vallerius l’ait assuré, ni d’acide marin, comme le prétend M. Sage… Les mines de plomb spathiques sont des mines de plomb de seconde formation, que l’on rencontre dispersées sans ordre et sans suite dans les environs et toujours assez près des galènes ou mines de plomb sulfureuses. La position des mines spathiques, leur cristallisation distincte plus ou moins les font aisément reconnaître pour l’ouvrage des eaux souterraines chargées de la partie métallique des galènes décomposées. Mémoire de M. Labory, dans ceux des Savants étrangers, t. IX, p. 442 et suiv.
  57. M. de Virly, président à la Chambre des comptes de Dijon, a eu la bonté de m’apporter un morceau de cette mine mêlé de plomb tout pur, qu’il a trouvé à l’Argentière en Vivarais, sur l’une des deux montagnes entre lesquelles cette ville est située ; il en a rapporté des morceaux gros comme le poing, et communément il y en a de la grosseur d’un œuf : les uns ont l’apparence d’une terre métallique, ils ressemblent au massicot et sont un peu transparents ; d’autres, plus légers, sont en état de verre et renferment des globules de métal plus ou moins gros, qui se laissent entamer au couteau et sont réellement du plomb. Il y a beaucoup de mines de plomb en galène aux environs de l’Argentière ; elles ont été exploitées dans le temps des croisades comme mines d’argent ; c’est même, à ce que l’on dit, ce qui a donné le nom à la ville : il n’y a point de vestiges d’anciens volcans dans ces deux montagnes, et ces matières de plomb, qui ont évidemment éprouvé l’action du feu, sont peut-être les restes d’anciennes exploitations ou le produit de la fusion des mines de galène par l’incendie des forêts qui couvraient ces montagnes.
  58. Observations sur une mine de plomb, par M. Monnet.
  59. Il y a du plomb qui, dans la mine, est mêlé avec de l’antimoine et qui en conserve encore après la fonte. Mémoires de l’Académie des sciences, année 1733, p. 313.
  60. Il se trouve des mines de plomb cuivreuses, et le plomb qu’on en retire conserve toujours quelques impressions du cuivre. Idem, ibidem.
  61. Il y a près de Goslar une mine de plomb qui contient une assez grande quantité de zinc… mais on croit communément que c’est la seule mine en Europe qui en contienne. Idem, ibidem.
  62. Delius, Sur l’art des mines, t. Ier, p. 73.
  63. On met six quintaux de flux noir sur un quintal de mine ; on mêle le tout pour être mis dans un creuset que l’on place au feu ; on conduit la fonte comme celle d’un essai de mine de cuivre, excepté que celui de la mine de plomb est fini beaucoup plus tôt. On peut faire aussi ces essais avec quatre quintaux de flux noir sur un quintal de mine, et même avec deux ou trois quintaux de ce flux, pourvu que la mine soit bien désoufrée.

    Si les mines de plomb contiennent beaucoup d’antimoine, on ajoute, à l’essai d’un quintal de ces mines, vingt-cinq ou cinquante pour cent de limaille de fer, plus ou moins, selon que la mine est chargée d’antimoine… Si on essaie les mines lavées ou celles qu’on nomme vulgairement pures, parce qu’elles n’ont point ou très peu de gangues, sans les faire rôtir, il faut y ajouter vingt-cinq pour cent de limaille de fer : le plomb s’en détache plus aisément ; mais l’essai est souvent incertain, parce que le fer donne à l’essai une couleur noire. Quant aux mines rôties, il ne faut pas y ajouter de fer. Traité de la fonte des mines de Schlutter, t. Ier, p. 207 et 208.

  64. Les mines de plomb exigent la torréfaction, à cause du soufre qu’elles contiennent : on ajoute de la limaille de fer dans l’essai pour les en dépouiller plus sûrement : quand la mine tient de l’argent, ce qui arrive fréquemment, on appelle plomb-d’œuvre le produit de la première fonte qui se fait à travers les charbons ou au feu de réverbère, sur de la brasque. Ou retire de l’argent du plomb-d’œuvre par une espèce de coupellation en grand, c’est-à-dire en convertissant le plomb en litharge, sur un foyer fait de cendres lessivées ; on lui donne un second affinage dans de vraies coupelles, et les débris de ces vaisseaux, ainsi que ceux des fourneaux et même la litharge qui ne serait pas reçue dans le commerce, sont remis au fourneau pour revivifier le plomb. Éléments de chimie, par M. de Morveau, t. Ier, p. 231.
  65. Opuscules, t. II, dissertation 24.
  66. M. Demeste dit que cette augmentation de volume ou de pesanteur est comme de 113 à 100.
  67. Division du thermomètre de Réaumur.
  68. Il y a deux fabriques de minium dans le comté de Derby, l’une auprès de Chesterfield, et l’autre aux environs de la ville de Wiskworth. Le fourneau pour cette opération est un réverbère à deux chauffes, renfermées sous une seule et même voûte… On y fait usage de charbon de terre… On emploie communément quinze quintaux ou dix lingots de plomb dans une opération…

    On commence par mettre en dedans, et devant l’embouchure du fourneau, le grossier de la matière jaune qui est resté au fond de la bassine dans le lavage, ce qui empêche le plomb de couler au dehors du fourneau. On introduit le plomb dans le fourneau, et, dès qu’il est fondu, on l’agite continuellement ; à mesure qu’il se réduit en chaux, on le tire de côté, et on continue jusqu’à ce que le tout soit converti en poudre, ce qui arrive ordinairement au bout de quatre ou cinq heures. S’il reste encore quelques morceaux de plomb, on les conserve pour une autre opération. On donne une chaleur vive pendant tout le temps de cette conversion ; cependant elle ne donne qu’un rouge de cerise très foncé, car les deux ouvertures des chauffes et l’embouchure du fourneau sont toujours ouvertes, afin que le contact de l’air accélère la calcination…

    Il faut plus que les quatre ou cinq heures qui convertissent le plomb en chaux pour qu’il soit réduit en poudre jaune : ainsi on le laisse encore près de vingt-quatre heures dans le fourneau ; mais on ne le remue pas souvent dès qu’il est une fois en poudre, seulement autant qu’il le faut pour empêcher qu’il ne se mette en grumeaux ou ne se fonde en masse. Quand on juge la chaux de plomb assez calcinée, on la tire hors du fourneau avec un râble de fer, et on la fait tomber sur un pavé uni, on fait couler de l’eau fraîche par-dessus pour diviser la chaux qui peut être grumelée, et la rendre assez friable pour passer au moulin, et on continue jusqu’à ce qu’elle soit imbibée et bien refroidie : cette matière étant encore chaude ressemble beaucoup à la litharge, et, lorsqu’elle est froide, elle est d’une couleur jaune sale. Cette matière jaune est mise dans un moulin pour y être broyée en y versant de l’eau, et à mesure qu’elle se broie, elle tombe dans une cuve placée pour la recevoir au bas du moulin ; mais, comme cette matière n’est pas également broyée, on la passe dans un tonneau plein d’eau pour y être lavée à l’aide d’une bassine de cuivre qu’on remplit à moitié de chaux de plomb, et qu’on agite de manière que la matière broyée la plus fine se mêle à toute l’eau du tonneau et se précipite au fond, tandis que celle qui n’est pas divisée suffisamment reste dans la bassine, et sert pour être placée, comme on l’a déjà dit, devant l’embouchure intérieure du fourneau pour être calcinée de nouveau avec le plomb… On continue de procéder de la même manière pour le moulin et pour le lavage, jusqu’à ce que toute la matière jaune, provenue de la première calcination, ait été entièrement passée. Lorsque le lavage est fait, on laisse précipiter au fond du tonneau la matière qui est suspendue dans l’eau par sa grande division, ensuite on verse l’eau pour retirer le précipité auquel on donne la couleur rouge par l’opération suivante. On introduit cette matière précipitée ou chaux de plomb dans le milieu du fourneau, on en forme un seul tas que l’on aplatit, et sur cet aplatissement on fait des raies ou sillons, et on ne remue la matière que pour l’empêcher de s’agglutiner ; et c’est par cette dernière opération qu’on lui donne la couleur rouge. Il faut trente-six ou quarante-huit heures de feu avec du charbon de terre, comme dans la première calcination, et on retire ensuite la matière toute chaude ; elle paraît alors d’un rouge très foncé, mais elle prend, en se refroidissant, le beau rouge du minium. M. Jars, Mémoires de l’Académie des sciences, année 1770, p. 68 et suiv.

  69. Voyez la Table des pesanteurs spécifiques, par M. Brisson.
  70. Selon M. Chardenon, un quintal de plomb donne jusqu’à cent dix livres de chaux ; et, de tous les métaux, le plomb et l’étain sont ceux qui acquièrent le plus de pesanteur dans la calcination. Mémoires de l’Académie de Dijon, t. Ier, p. 303 et suiv.
  71. « Ce métal s’unit assez facilement avec tous les métaux, excepté le fer, avec lequel il refuse opiniâtrement tout alliage : son affinité avec l’argent et son antipathie avec le fer est si grande, que si l’on fait fondre dans du plomb de l’argent allié avec un peu de fer, le plomb s’empare aussitôt de l’argent, mais rejette le fer, qui vient nager à sa surface. » Dictionnaire de chimie, par M. Macquer, article Plomb. — J’observerai qu’il est douteux que le fer s’allie réellement avec l’argent : il ne s’unit avec ce métal que comme l’acier s’unit avec le plomb par une forte adhésion, mais sans mélange intime.
  72. Éléments de chimie, par M. de Morveau, t. II, p. 94.
  73. « Le plomb fondu avec le soufre s’enflamme seul ; il reste une poudre noire écailleuse, que l’on appelle plomb brûlé, cette matière n’entre en fusion qu’après avoir rougi ; elle produit une masse noire, aigre, disposée à facettes ; c’est une galène ou mine de plomb artificielle. » Éléments de chimie, par M. de Morveau, t. II, p. 54.
  74. « L’acide acéteux en vapeurs agit sur le plomb et le réduit en chaux : si l’on assujettit dans un chapiteau de verre des lames de plomb minces, que l’on adapte ce chapiteau à une cucurbite évasée, dans laquelle on aura mis du vinaigre, et qu’après avoir luté un récipient, on le distille au bain de sable pendant dix ou douze heures, les lames se couvrent d’une matière blanche que l’on appelle blanc de plomb et qui, broyée avec un tiers ou environ de craie, forme la céruse… Pour achever de le saturer, on met le blanc de plomb dans un matras, on verse dessus douze à quinze fois autant de vinaigre distillé ; le mélange prend une saveur sucrée, la substance métallique entre en dissolution, il s’excite beaucoup de chaleur ; on place le matras sur un bain de sable, et on laisse le tout en digestion pendant un jour. Après avoir décanté la liqueur, on la fait évaporer jusqu’à la pellicule, on la place dans un lieu frais, il s’y forme de petits cristaux groupés en aiguilles, on les redissout dans le vinaigre, et on traite de même cette dissolution pour avoir le sucre de Saturne. » Éléments de chimie, par M. de Morveau, t. III, p. 28.
  75. Idem, ibid., p. 82.
  76. L’alcali caustique n’a presque point d’action sur le plomb, mais il dissout, pendant l’ébullition, une quantité très sensible de minium qui n’en est pas séparée par le filtre, qui se dépose avec le temps dans le flacon sous forme d’une poudre blanche, et qui est précipitée sur-le-champ par l’eau-forte. Idem, ibid., p. 28.

    L’alcali volatil caustique, digéré sur la limaille de plomb, prend dans les premiers jours une couleur légèrement ambrée, qui disparaît ensuite entièrement ; une partie du métal est réduite à l’état de chaux, une autre partie est tenue en dissolution au point de passer par le filtre, elle est précipitée par l’acide nitreux. Idem, ibid., p. 256.

  77. M. Bergman, à qui M. Tungberg a envoyé un morceau de cette mine de Naghiac, s’est assuré qu’il contenait du quartz blanc, une pierre arénaire blanchâtre, se coupant au couteau, faisant effervescence avec les acides, et de la manganèse. La formation de cette mine ne doit donc être regardée que comme accidentelle.