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Œuvres complètes de Frédéric Ozanam, 3e édition/Volume 11/043

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XLIII
MONSEIGNEUR AFFRE A L’ÈRE NOUVELLE


Archevêché de Paris, 16 avril 1848.


Au Rédacteur,

La connaissance personnelle que j’ai des principes des fondateurs de votre journal m’engagea à vous donner de suite une adhésion dont je me suis abstenu vis-à-vis des journaux publiés sous le précédent gouvernement. Non-seulement je suis complètement rassuré contre le danger d’une prétendue résurrection de l’Avenir, mais je sais que vous combattez efficacement ce que les théories de ce journal ont eu de répréhensible. Tous les catholiques ne tarderont pas, je l’espère, à en être convaincus. Mais ce qu’ils aimeront surtout dans votre feuille, c’est la droiture, la franchise, et un dévouement qui fait abstraction de tous les partis qui ne connaît et ne veut qu’une chose le salut de la Religion et de la Patrie.

Ce qui leur plaira et ce qui multipliera vos lecteurs, c’est ce dévouement simple qui, au lieu de calculer les chances d’un avenir inconnu, accomplit avec fermeté et intelligence le devoir présent ce dévouement que les menaces ne découragent pas, qui augmente avec le danger, sait sacrifier son repos, sa fortune, et ; s’il le faut, sa gloire au bien de la patrie. Enfin, nous vous tiendrons tous compte de ce dévouement que la foi soutient et éclaire, parce qu’il voit dans les grandes révolutions qui changent la face du monde l’intervention toute puissante de Dieu. Jamais, ainsi que vous le remarquez, elle ne fut plus éclatante que dans le nouvel état politique de la France. Ayons donc confiance en Dieu plus qu’en nous-même ; nous puiserons dans ce sentiment le véritable courage, comme je puise dans mon cœur le sincère et affectueux dévouement avec lequel je suis tout à vous.

— + — Denis, archevêque de Paris.