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Œuvres littéraires de Napoléon Bonaparte/Lettres de Famille/30

La bibliothèque libre.
Texte établi par Tancrède MartelAlbert Savine (Tome 1p. 250-251).

XXX

AU PRINCE EUGÈNE, VICE-ROI D’ITALIE[1].

4 janvier 1806.

Mon cousin, douze heures au plus tard après la réception de la présente lettre, vous partirez en toute diligence pour Munich. Tâchez d’être arrivé le plus tôt possible, afin d’être certain de m’y trouver. Vous laisserez votre commandement entre les mains du général de division que vous croirez le plus capable et le plus proche. Il est inutile que vous ameniez beaucoup de suite. Partez promptement et incognito, tant pour courir moins de dangers que pour éprouver moins de retard. Envoyez-moi un courrier qui m’annonce votre arrivée vingt-quatre heures à l’avance[2].

  1. La figure la plus chevaleresque de l’Empire, modèle d’honneur, de bravoure, d’élégance et d’amabilité.
    Eugène-Rose de Beauharnais, né à Paris le 3 septembre 1780, fils du vicomte de Beauharnais, capitaine au régiment de la Sarre, et de Joséphine de Tascher de la Pagerie, plus tard impératrice des Français. Grand-Aigle de la Légion d’Honneur, Archichancelier d’État en 1804, vice-roi d’Italie en 1805, prince héréditaire français, prince de Venise, Lieutenant de l’empereur Napoléon, commandant en chef de l’armée d’Italie, il se distingua partout et surtout en 1812 et 1813. Ce fut lui qui ramena la Grande-Armée de Russie, après le départ de Murat. Il avait commencé sa carrière militaire en 1796, sous les yeux du général Bonaparte, comme sous-lieutenant aux guides, armée d’Italie, et aide-de-camp du général en chef.
    Retiré après 1815 à la cour du roi de Bavière, son beau-père,

    fait duc de Leuchtemberg et prince d’Eichstadt, le prince Eugène est mort à Munich le 21 février 1824. Sa fille épousa le roi de Suède Oscar Ier, fils de Bernadotte.

  2. Le prince Eugène arriva à l’heure dite, le 10 janvier. Il eut le bonheur de plaire ; car il s’agissait de son mariage.