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Abrégé de l’histoire générale des voyages/Tome I/Préface

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PRÉFACE.


PLAN SOMMAIRE
DE CET OUVRAGE.


Vers l’an 1745, quelques gens de lettres d’Angleterre, aussi instruits que laborieux, formèrent le projet d’une collection complète de toutes les relations de voyages publiées dans toutes les langues de l’Europe. Les principaux fondemens de leur édifice étaient trois volumineux recueils qui existaient déjà sur cette matière ; ceux d’Hackluit, de Purchas et de Harris. Ils y joignirent d’autres voyageurs français, hollandais, allemands, portugais, espagnols et autres, qu’ils prirent la peine de traduire en anglais. Leur entreprise fut communiquée à l’abbé Prévost, écrivain avantageusement connu par le succès de ses romans, et par la fécondité de sa plume. Ce plan lui parut utile au public et fait pour être bien accueilli partout. Moins susceptible qu’aucun autre d’être effrayé par l’immensité et la longueur du travail, il s’engagea à traduire l’ouvrage dans notre langue, à mesure que les feuilles anglaises sortaient des presses de Londres, et à fournir tous les six mois un volume in-4o de sept à huit cents pages d’un caractère très-serré ; et, ce qu’il y a de plus étonnant, il tint parole. Il est vrai qu’il reçut des encouragemens de toute espèce de la part de M. le comte de Maurepas, et de M. le chancelier d’Aguesseau, tous les deux faits pour sentir l’utilité de son travail, et pour en juger le mérite. L’ouvrage se répandit dans toute l’Europe.

Mais les auteurs anglais se plaignirent de ne pas recevoir chez eux les mêmes secours qu’ici le gouvernement accordait au traducteur français. La guerre allumée par la succession de l’empereur Charles vi, occupait alors le ministère de Londres, et, soit que les rédacteurs anglais fussent rebutés des difficultés qui renaissaient sans cesse, et qu’ils n’avaient pas toutes aperçues d’abord, soit que notre langue, plus répandue que la leur, procurât à la traduction un débit beaucoup plus grand qu’à l’ouvrage original, ils se trouvèrent accablés sous le fardeau d’une entreprise dans laquelle le profit n’était pas en proportion de la peine, et, après le septième volume, ils l’abandonnèrent entièrement. Ce fut alors que l’abbé Prévost, qui s’était déjà permis d’indiquer plusieurs fois les vices de leur méthode et les défauts de leur rédaction, en parla avec plus de liberté, témoigna tout le regret qu’il avait d’avoir été asservi à un plan si défectueux, et cita le mot que lui avait dit M. D’Aguesseau : Les Anglais ne savent pas faire un livre ; mot qui n’était que trop vrai alors, et que depuis les Hume, les Robertson, les Gibbon, ont si bien démenti.

Mais l’infatigable compilateur, en avouant tout ce qui manquait à la méthode qu’il avait suivie, ne put s’empêcher de reconnaître et d’annoncer la nécessité où il se croyait être de la suivre encore dans la continuation de l’ouvrage abandonné par les Anglais, et dont tout le poids retombait désormais sur lui seul. Il était difficile, en effet, de revenir de si loin sur ses pas. La machine était montée, il en eût trop coûté de la reconstruire et de la simplifier ; d’ailleurs le changement de forme dans les volumes subséquens, n’eût servi qu’à décréditer les premiers. Il poursuivit donc sa route sans regarder derrière lui, et arriva jusqu’au quatorzième volume où finissait son ouvrage, sans fournir aux lecteurs un fil qui pût les conduire dans les sentiers tortueux et innombrables, dans les landes arides de ce vaste labyrinthe où il s’était enfoncé avec eux.

En effet, que l’on consulte ceux qui ont feuilleté cette énorme compilation, dont le fonds était si riche et qui pouvait réunir tant d’agrément à tant d’instruction, ils vous diront tous que le livre leur est tombé cent fois des mains y et ceux qui ont mis le plus de constance à le lire, le regardent comme un livre plus fait pour être consulté que pour être lu de suite. Et cependant, quel ouvrage plus susceptible d’une lecture suivie et agréable qu’une relation de voyages ?

D’où vient donc que cette compilation de l’abbé Prévost, si intéressante et si curieuse dans quelques parties, est en total si fastidieuse et si pénible à lire ? Il s’en offre bien des raisons.

1o. Il n’y a nul choix, nulle sobriété dans l’emploi des matériaux : tout y est indistinctement mis en œuvre ; et pour un voyage vraiment digne d’attention par une découverte importante, par des connaissances exactes, par des détails attachans, il y en a dix qui ne contiennent que des aventures communes, des vues superficielles, des descriptions rebattues. On a surtout entassé les uns sur les antres de simples journaux de navigation, qui n’ont d’autre objet que de nous dire qu’un tel jour on partit de tel lieu très-connu, pour arriver à tel autre qui ne l’est pas moins, qu’on prit hauteur à tel degré, qu’on jeta la sonde à tant de brasses, qu’on aperçut des poissons volans, qu’on eut tel vent, etc. Cette profusion de circonstances, purement nautiques, accumulées et répétées dans le livre de l’abbé Prévost jusqu’à l’extrême satiété, est bonne à insérer dans un dépôt de connaissances maritimes où l’on voudrait apprendre le pilotage ; mais comme la plupart des lecteurs n’ont ni le besoin ni la curiosité de ces détails de marine, ils ne servent qu’à grossir inutilement des volumes déjà trop remplis d’autres inutilités, et augmentent le dégoût et l’ennui.

2°. Cette compilation manque absolument d’ordre et de méthode. Après la distribution générale de l’Afrique, de l’Asie et de l’Amérique, on n’a eu d’autre soin que d’entasser pêle-mêle tous les voyageurs qui ont parlé des mêmes pays, de manière que le lecteur est ramené vingt fois aux mêmes lieux, sans apprendre rien de nouveau et sans qu’on ait songé, ni à lui épargner les répétitions qui le fatiguent, ni à concilier les contradictions qui l’embarrassent, ni à marquer la succession des dates et des événemens. Il en résulte une confusion générale des faits, des époques et des personnages.

3°. Quoique la prose de l’abbé Prévost ait en général du nombre, de la facilité et du naturel, le style de l’ouvrage manque absolument d’intérêt et de variété ; les plus grandes choses y sont racontées du même ton que les plus communes, et les auteurs ou le traducteur ne s’élevant jamais avec le sujet, et ne conversant point avec le lecteur, semblent s’être défendus de penser et de sentir. On ne trouve parmi tant de narrations, ni une réflexion fine ou profonde, ni une peinture énergique, ni un mouvement de sensibilité. L’éloquence et la philosophie semblent bannies de ce long ouvrage.

Voici maintenant ce qu’on a cru pouvoir faire pour le présenter au public sous une forme plus agréable.

L’ouvrage de l’abbé Prévost est de seize volumes in-4°, en y comprenant la table générale des matières qui fait le seizième. Depuis sa mort, on a imprimé un supplément en un volume, une suite de deux nouveaux volumes, composés par MM. Querlon et de Leyre, et un vingtième volume qui comprend le premier voyage de Cook autour du monde, ainsi que les expéditions du même genre qui l’avaient précédé. On peut juger de la réduction qu’on a crue nécessaire, et du nombre des superfluités qui ont paru devoir être élaguées, puisque dans cette nouvelle édition les vingt tomes in-4° sont réduits à vingt-quatre volumes in-8°, dans lesquels même on a compris tous les voyages autour du monde entrepris et exécutés jusqu’à nos jours[1] ; ceux qu’on a tentés dans la mer du Sud, pour la découverte des terres Australes, et dans la mer du Nord pour chercher un passage dans l’Océan oriental, prodiges d’audace et de constance, qui semblent le dernier effort des lumières et des forces de l’homme, et qui doivent immortaliser les noms des Cook, des Banks, des Solander, des Bougainville, des Wallis, des Byron, des Phips, etc.

On voit que, dans cette dernière partie, on n’a point travaillé d’après l’abbé Prévost ; mais on a cru nécessaire de la traiter, pour compléter l’Abrégé de l’Histoire générale des Voyages, et conduire le lecteur au même terme où sont parvenues en ce genre les entreprises et les connaissances de notre siècle.

Il reste à exposer la méthode qu’on a suivie dans la composition de cet Abrégé. D’abord on a voulu rendre propre à toutes les classes de lecteurs un livre qui est en effet de nature à être lu par quiconque veut s’amuser ou s’instruire. On a donc supprimé tout ce qui n’était fait que pour occuper un petit nombre d’hommes, et pour ennuyer le plus grand nombre. Tout ce qui s’appelle Journal de navigation a été retranché ; toutes les répétitions, toutes les superfluités, toutes les circonstances indifférentes, toutes les aventures vulgaires ; voilà ce qu’on a fait disparaître.

On a tâché ensuite de mettre le plus d’ordre et de clarté qu’il a été possible dans la distribution des différens voyages, de manière qu’on ne perdît pas un pays de vue sans avoir appris tout ce qu’il pouvait offrir de curieux et d’intéressant. Dans la partie descriptive, on a classé les articles généraux de manière que l’un ne se confondît jamais avec l’autre.

On s’est efforcé d’ailleurs de mettre dans cette méthode toute la variété dont elle était susceptible, en plaçant, toutes les fois qu’on l’a pu sans blesser l’ordre, un voyage d’aventures après des descriptions de mœurs et de lieux. Cette partie romanesque des voyages, quelquefois supérieure à tous les romans pour l’intérêt et le merveilleux, est fait pour reposer l’attention du lecteur en flattant son imagination.

Quand un voyageur, qui s’est vu dans des situations extraordinaires, raconte lui-même, on s’est bien gardé de prendre sa place : on l’a laissé parler sans rien changer, rien ajouter à son récit. On ne remplace pas ce ton de vérité, cette expression naïve que donne le souvenir d’un grand péril à l’homme qui s’y est trouvé, à celui dont l’âme, après avoir été fortement ébranlée, retentit, pour ainsi dire, encore long-temps de l’impression qu’elle a reçue.

On n’a fait non plus que très-peu de changemens dans les descriptions de lieux et de mœurs, dans les détails physiques : d’abord pour n’en pas altérer la vérité, ensuite parce que la diction de l’abbé Prévost, toutes les fois que le sujet ne demande pas de l’élévation, a de la pureté et de la clarté. Mais on y a joint autant qu’on l’a pu cette philosophie qui lui manque absolument, et qui doit être l’âme d’un ouvrage de cette espèce ; car que sert-il de promener le lecteur d’un bout du globe à l’autre, si ce n’est pour le faire penser et pour penser avec lui ?

On n’entend point par philosophie ces spéculations audacieuses et destructives qui attaquent tout pouvoir et tout principe, et qui ne sont que l’abus de la philosophie, comme le fanatisme est l’abus de la religion ; mais cette morale pure et universelle, qui n’est dictée et sentie que par le cœur, qui ne cherche dans toutes les connaissances que l’homme peut acquérir que de nouveaux rapports faits pour l’attacher à ses semblables, et qui lui apprend sans cesse ce qu’il est pour les autres, et ce que les autres sont pour lui.

À l’égard des observations physiques sur les climats et les productions, on les a restreintes à ce qu’il y a de plus avéré et de plus remarquable. On a voulu que chaque lecteur trouvât dans ce livre ce que lui-même observerait avec plaisir en voyageant.

Dans la partie purement historique, dans le récit de ces premières découvertes qui ont été de grandes expéditions, telles que celles des Portugais dans l’Asie, celles des Cortès et des Pizarre en Amérique, il a fallu souvent prendre la plume ; avec le regret de ne pouvoir la donner à un Tite-Live ou à un Tacite. Il n’y a point de palette trop riche, point de touches trop brillantes pour de pareils tableaux, et l’on avoue même que ce n’est point assez de les retoucher, et qu’il faudrait les refaire en entier. Ces époques fameuses dans l’histoire du monde dont elles ont changé la face, ces merveilles de l’homme qui ont été ses crimes, ces titres de sa grandeur et de sa honte, auront toujours un grand pouvoir sur l’imagination, et seront l’entretien de la dernière postérité. Sans se flatter d’être au niveau d’un tel sujet, il a fallu du moins suppléer, dans cette partie, le premier rédacteur qui en était resté trop loin.


DIVISION GÉNÉRALE
DE CET ABRÉGÉ.


On a cru qu’il pouvait être utile de mettre d’abord cette division sous les yeux du lecteur, de manière qu’il pût embrasser d’un coup d’œil toute la route qu’il va parcourir.

L’ouvrage est divisé en cinq Parties : les voyages d’Afrique, ceux d’Asie, ceux d’Amérique, les voyages vers les Pôles, et les voyages autour du monde.

PREMIÈRE PARTIE.

AFRIQUE.

L’Afrique devait naturellement être traitée la première, parce que c’est en faisant le tour de cette partie du monde, par le cap de Bonne-Espérance, qu’on a trouvé la route nouvelle des Indes, suivie depuis par tous les navigateurs. D’ailleurs l’expédition de Gama dans les Grandes-Indes a suivi de quelques années celle de Colomb dans les Indes que l’on a nommées Occidentales.

Cette première Partie concernant l’Afrique est partagée en six Livres. Le premier offre un précis très-succinct des découvertes et des conquêtes des Portugais dans l’Orient jusqu’à l’époque de leur décadence, et jusqu’au moment où ils furent dépouillés par les autres puissances de l’Europe. Ce Livre n’est, à proprement parler, qu’une introduction historique.

C’est dans le second Livre que commence la relation des voyages ; il contient les premières tentatives des Anglais sur les côtes d’Afrique, dans les Indes et dans la mer Rouge ; les aventures d’un capitaine de cette nation nommé Roberts, et la description des Canaries et des îles du cap Vert, situées dans la mer d’Afrique sur la route du cap de Bonne-Espérance.

Dans le troisième, on passe au continent africain, à commencer par le Sénégal, où les Européens ont eu leurs premiers établissemens ; et l’on observe les peuples placés entre le fleuve qui a donné son nom à cette contrée et celui de la Gambie, sur lequel les nations de l’Europe ont aussides comptoirs. Les voyages rassemblés dans ce Livre s’étendent jusqu’à Sierra-Léone.

Dans le quatrième, où nous avançons vers la Guinée, l’on a réuni, suivant le plan que l’on s’était proposé, plusieurs voyages plus historiques que descriptifs, et qui offrent des détails très-curieux et très-intéressans sur la traite des Nègres, et sur les victoires sanglantes du roi de Dahomay, conquérant barbare, dont le nom est fameux dans l’Afrique.

Le Livre cinquième comprend la description totale de la Guinée, de la côte de la Malaguette, de la côte de l’Ivoire, de la côte d’Or, de la côte des Esclaves, et du royaume de Benin.

Le sixième Livre termine cette première Partie par les voyages et les établissemens des Portugais au Congo, et ceux des Hollandais au cap de Bonne-Espérance. On y a joint un tableau des mœurs de la singulière nation des Hottentots, d’après Kolbe, et quelques détails sur la côte orientale d’Afrique et sur le Monomotapa, pays moins connus et moins fréquentés des Européens que la côte occidentale.

SECONDE PARTIE.

ASIE.

La seconde Partie, beaucoup plus étendue que la première, et dont le fond est plus riche et plus varié, contient tous les voyages d’Asie que l’on a cru devoir choisir dans la grande collection de l’abbé Prévost : elle est divisée en huit Livres.

Le premier contient plusieurs voyages remplis d’aventures extraordinaires, ceux de Pyrard, de Pinto, de Bontekoé, et la description de toutes les îles de la mer des Indes, depuis les Maldives jusqu’aux Philippines.

Le second nous mène dans le continent, sur la rive occidentale du Gange, et le lecteur peut parcourir tout l’Indoustan avec des voyageurs renommés, tels que l’Anglais Rhoé, Bernier le médecin, et Tavernier le joaillier : celui-ci, malgré sa réputation, a paru suspect du côté de la véracité ; mais tout le monde a rendu justice aux lumières du philosophe Bernier, et à l’agrément qu’il a répandu dans son voyage de Cachemire.

Le Livre troisième nous conduit de l’autre côté du Gange, dans la partie orientale des Indes jusqu’à la Cochinchine et à Siam. On sait combien cette dernière contrée a excité de curiosité en Europe, depuis le voyage du P. Tachard et des jésuites mathématiciens envoyés par ordre de Louis xiv, sur de magnifiques espérances qui ne tardèrent pas à s’évanouir.

Le Livre quatrième présente un tableau très-vaste et très-détaillé de ce célèbre empire de la Chine, sur lequel il semblait que l’on dût avoir les notions les plus authentiques et les moins contestées, d’après le long séjour qu’y avaient fait à la cour de Pékin les auteurs des Lettres édifiantes. Jamais on n’a été à portée d’observer mieux et plus long-temps l’intérieur d’un grand empire, et cependant les mémoires qu’on nous a donnés sur la Chine, quoique très-étendus et très-instructifs, ont été la source de querelles interminables sur plusieurs points importans de la religion et du gouvernement des Chinois ; et à la difficulté de savoir bien une langue telle que la leur, s’est jointe depuis celle de pénétrer dans un pays dont ils nous ont défendu l’accès.

Le Livre cinquième, beaucoup moins détaillé, renferme ce que l’on a pu rassembler d’instructions et de lumières sur ces immenses contrées qui portent le nom de Tartarie, et qui s’étendent si loin au nord et à l’orient de notre hémisphère. Les conjectures formées de nos jours sur les révolutions qu’a pu essuyer cette partie du globe doivent en rendre l’examen plus important. Mais malheureusement c’est peut-être, de tous les pays, celui qui, par sa nature même, par la quantité de montagnes et de déserts, et par la difficulté du séjour et des communications, a fourni le moins de secours et de facilité à l’active curiosité des voyageurs.

Le Livre sixième nous fait passer de la Tartarie en Sibérie, sur les pas de Gmelin et de l’abbé Chappe, qui voyageaient, l’un par les ordres de l’académie de Pétersbourg, et l’autre par ceux de l’académie des sciences de Paris ; ce qui n’empêche pas que ce dernier, pour ce qui regarde les mœurs, ne doive être lu et extrait avec d’autant plus de précaution, qu’il a été démenti sur plusieurs faits par les Russes, que l’on doit croire mieux instruits que lui.

Le Livre septième offre l’histoire et la description du Kamtschatka : il est tout entier, à quelques retranchemens près, de de Leyre, écrivain philosophe et éloquent. Si tous les voyages avaient été rédigés par une plume telle que la sienne, le travail d’un abrégé serait devenu inutile.

Le huitième Livre conduit le lecteur à ces îles fameuses du Japon, situées à l’extrémité de la grande mer d’Asie et vers le point de latitude par lequel on a cherché la communication de la mer du Nord à l’Océan oriental. Dans la description de ce pays, remarquable à tant d’égards, de ce peuple extraordinaire, séparé du reste des humains par ses mœurs étranges autant que par les flots qui l’environnent, on n’a pas cru suivre de meilleur guide que l’Allemand Kœmpfer, homme sage et véridique, et d’une nation qui, depuis long-temps, est la seule de l’Europe qu’on reçoive encore sur les côtes du Japon.

TROISIÈME PARTIE.

AMÉRIQUE.

La troisième Partie est divisée en douze Livres. Le premier contient les découvertes de Colomb, et les premiers établissemens des Espagnols dans le Nouveau-Monde, les entreprises hardies de Vasco-Nugnez de Balboa, qui montra le premier aux Espagnols la route du Pérou par la mer du Sud, route suivie depuis parl es Pizarre et les d’Almagro.

Le second est l’histoire de la conquête du Mexique, d’après Solis et Herréra.

Le troisième réunit la description de l’ancien empire du Mexique, et celle du gouvernement espagnol dans cette contrée.

Le quatrième renferme la conquête et la description du Pérou ancien et moderne ; il est terminé par le voyage des mathématiciens français et espagnols aux montagnes de Quito, pour la mesure d’un degré du méridien, et le retour de La Condamine par le fleuve des Amazones.

Le Livre cinq offre la description du Rio de la Plata.

Le Livre six contient la description du Brésil.

Le Livre sept continue la description de l’Amérique méridionale, depuis le fleuve des Amazones, jusqu’à l’isthme de Panama, et offre, entre autres choses, des détails curieux sur la Guyane, vaste ree peu connue des Européens, et que l’on a crue aussi riche en mines d’or que le Pérou. C’est dans ce pays, baigné par l’Orénoque, que quelques voyageurs ont placé le fabuleux Eldorado, ou la Terre de l’or.

Le Livre huitième comprend les voyages et les établissemens aux Antilles.

Le Livre neuvième, l’histoire naturelle de ces mêmes îles.

Le Livre dix, où le lecteur passe dans l’Amérique septentrionale, offre un tableau abrégé des anciennes colonies anglaises du continent, qui ont donné un si grand spectacle au monde.

Le Livre onze rétrace l’histoire des anciens établissemens français dans ce même continent, depuis la Louisiane jusqu’à la baie d’Hudson.

Le Livre douze est un résumé du caractère, des usages, de la religion et des mœurs des hordes sauvages du nord de L’Amérique.

Un treizième Livre traite de l’histoire naturelle de l’Amérique septentrionale, et toutes les autres parties de cet Abrégé finissent par un article du même genre, où l’on a eu soin de ne rassembler que ce qu’il y a de plus intéressant et de mieux avéré.

QUATRIÈME PARTIE.

VOYAGES AUX PÔLES.

Cette Partie se divise en trois Livres.

Le premier Livre comprend tous les voyages entrepris pour découvrir ce passage si important, et jusqu’ici vainement cherché de la mer du Nord à celle des Indes orientales, soit par l’est, soit par l’ouest des deux hémisphères. Rien n’est plus intéressant que le détail de cette tentative si hardie et si périlleuse, de ces navigations sous des latitudes polaires au milieu des glaces et dans des mers inconnues. Jamais rien n’a mieux fait voir ce que peut l’homme avec la patience et le courage, et ces expéditions ont fait un grand honneur aux nations commerçantes qui les ont plus d’une fois réitérées, et qui ne paraissent pas encore y avoir renoncé.

Le second Livre, qui traite du Groënland, est de la main de de Leyre, et mérite les mêmes éloges que nous avons donnés à son travail sur le Kamtschatka.

Le Livre troisième contient la description de l’Islande et de la Nouvelle-Zemble ; car on a cru devoir réserver pour cette partie de l’ouvrage les contrées plus ou moins voisines du pôle.

CINQUIÈME PARTIE.

VOYAGES AUTOUR DU MONDE.

Cette partie se divise en deux Livres.

Le premier commence par le plus ancien des voyages autour du monde, celui de Magellan, qui ouvrit, vers l’extrémité du continent américain, ce fameux passage par le détroit auquel il a donné son nom ; détroit qui, malgré ses difficultés et ses périls, était alors la seule communication connue de la mer du Nord à celle du Sud ; mais qui fut bientôt abandonné lorsque le Hollandais Le Maire eut trouvé, plus au sud, une route plus facile en doublant le cap de Horn, et se fut aussi acquis l’honneur immortel de donner son nom au détroit où il était entré le premier. On y a joint tous les autres voyages autour du globe, par cette même route du sud-ouest, jusqu’à celui de l’amiral Anson, de 1740.

Enfin, le deuxième et dernier Livre remet sous les yeux du lecteur les voyages des navigateurs anglais qui ont précédé Cook dans le grand Océan ; le voyage de Bougainville qui les a suivis à Taïti ; et, en dernier lieu, celui du célèbre Cook, qui lui seul a découvert ou reconnu plus de terres nouvelles dans cet immense Océan méridional que tous les navigateurs qui l’y ont précédé. On n’a point donné à la curiosité humaine un plus grand spectacle que celui que présentent les relations de ces courses extraordinaires dans toute la circonférence du monde, dont les anciens ne pouvaient pas même avoir une idée, puisqu’ils n’en connaissaient que la moindre partie, et que les routes de l’Océan qui baignent les deux hémisphères leur étaient inconnues. Ces relations ne sont pas seulement des monumens très-curieux des connaissances et des efforts de l’homme, mais en même temps des modèles de ce respect pour l’humanité, la source de toutes les vertus sociales, et qui malheureusement a été trop ignoré des conquérans de l’ancien et du Nouveau-Monde. On s’est proposé, dans l’extrait de ces excellens ouvrages, de ne conserver que les faits les plus importans, puisque enfin c’est un Abrégé que l’on voulait faire ; mais sans prétendre qu’il y eût d’ailleurs rien d’inutile ou de frivole dans les relations originales, qui seront toujours infiniment précieuses pour les lecteurs avides d’instruction.

fin de la préface.
  1. Jusqu’en 1780.