Académies et sociétés savantes 1830-3/02

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ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES.


PARIS.Académie des Sciences. – Séances du 2 août 1830. – M. Coulier fait hommage à l’Académie de sa description des plantes. – M. le docteur Ozanam, de Lyon, adresse des expériences et des observations sur la transformation du virus variolique et virus vaccin, et sur l’identité de la vaccine avec la variole. M. Ozanam a vérifié l’exactitude de ce fait, avancé déjà par d’autres praticiens, que le virus variolique mitigé par un mélange de lait frais produit une éruption semblable à celle de la vaccine, et possède la faculté de se propager sous cette dernière forme. – M. Becquerel lit une note sur un travail de M. Peschier, pharmacien de Genève, relatif à la fabrication de la salicine. Le salix incana et le salix monandra sont les deux expèces qui en contiennent le plus. Les médecins de Genève ont arrêté la marche de fièvres intermittentes en administrant la salicine à la dose de 15 ou 18 grains, dans l’intervalle des accès. — M. Sat, médecin français à Saint-Pétersbourg, adresse le rapport qu’il a lu à l’Académie impériale, sur une opération de lithotritie pratiquée avec succès. Il pense qu’on n’apprendra pas sans intérêt que c’est à un chirurgien français qu’appartient l’honneur d’avoir mis en usage un procédé, qui jusque-là avait constamment échoué. — M. Geoffroy-Saint-Hilaire fait un rapport sur un modèle anatomique de M. Auzoux, en pâte de carton. Il regarde cette branche d’industrie comme propre à servir utilement l’enseignement de l’anatomie dans les établissemens où la dissection est impossible. — M. Bouvard lit, en son nom et au nom de M. Damoiseau, un mémoire sur une machine inventée par M. Voizou, ayant pour objet de résoudre sans calcul tous les problèmes de trigonométrie sphérique. Elle sera toujours insuffisante, selon lui, pour tenir lieu des opérations, et d’une exécution très-coûteuse. Elle pourra tout au plus être employée comme moyen de vérification et pour faire découvrir une faute grossière de calcul. — M. Arago communique des fragmens d’un voyage à l’Ararat, par M. Parrot, professeur à l’université de Dorpat.

— 9 août. — M. Poisson annonce que le mémoire sur la résistance des fluides, auquel l’Académie, dans le dernier concours, a accordé une mention honorable, est de M. Le Chevalier, officier d’artillerie. L’auteur désire que son travail soit considéré comme un mémoire ordinaire, et devienne l’objet d’un rapport. — M. Boisbertrand adresse à l’Académie un exemplaire du 17e volume des brevets d’invention expirés. — M. Bloom, lieutenant-colonel au corps de génie de la marine suédoise, envoie un mémoire sur les constructions propres aux pays chauds, et particulièrement à Alger. — M. Diret demande l’ouverture d’un paquet cacheté, qu’il a déposé au secrétariat en juillet 1829, et contenant les détails d’un procédé pour la préparation d’une encre indélébile. — M. Dulong fait connaître à l’Académie que M. Berzélius vient de découvrir, dans le tartre de vin, un acide qui diffère sensiblement de l’acide tartrique par la forme de sa cristallisation, bien qu’il se comporte d’ailleurs comme ce dernier dans toutes les combinaisons. Le cas de deux acides ayant des propriétés chimiques identiques et une cristallisation différente n’est pas unique dans la science : l’acide phosphorique et l’acide stanique, entre autres, présentent la même particularité. — M. Mathieu fait en son nom, et au nom de M. Damoiseau, un rapport sur un manuscrit intitulé : Découverte du véritable système du monde, par un professeur de mathématiques ; bien que les idées de l’auteur soient inadmissibles, il a fait preuve d’instruction et de connaissances. — M. Henri de Cassini présente un rapport très-favorable sur la Monographie des campanulées, récemment publiée par M. Decandolle fils. — M. Geoffroy-Saint-Hilaire fait une communication sur un cas de véritable hermaphrodisme observé sur une chèvre au musée d’histoire naturelle. — M. Strauss lit un extrait d’une monographie anatomique des insectes hyménoptères, en prenant le frelon pour spécimen. — M. Malpeigne donne connaissance d’un mémoire sur la théorie de la vision. Le système de l’auteur est le suivant : les rayons lancés par les objets sont réfléchis par la rétine comme par un miroir, et forment hors de nous une image qui est celle que nous voyons. Il se propose de développer cette idée dans un second mémoire, et de l’appuyer de preuves suffisantes.

— 16 août. — Après la lecture des pièces de correspondance, M. Dulong communique une note relative à la caléfaction de l’eau dans des vases portés au rouge ; par M. Le Chevalier, officier d’artillerie. D’après les expériences de l’auteur, il paraîtrait que l’eau contenue dans un vase fermé, porté au rouge, peut être à une température inférieure à 100 centigrades ; et que l’eau à la température de l’ébullition se refroidit lorsqu’on la verse dans un creuset incandescent. — M. le ministre de l’intérieur écrit à l’Académie pour l’inviter, d’après le désir manifesté par le gouvernement autrichien, à faire procéder à la comparaison de la toise de Vienne et du mètre français. Une commission composée de MM. Legendre, Prony, Matthieu et Arago, s’occupera des moyens de satisfaire promptement la demande du ministre. – M. Geoffroy-Saint-Hilaire rend compte d’un mémoire de M. Courbebaisse, relatif à un veau bicéphale, né dans les montagnes du Cantal. — Le reste de la séance est consacré à plusieurs lectures faites par des personnes étrangères à l’Académie. Voici le titre de ces communications : Mémoire sur la composition de l’urée, par M. Dumas ; Mémoire sur la détermination des longitudes de Palerme, de Constantinople et de Smyrne par M. Daussi ; Mémoire sur l’hématosine, ou matière colorante du sang, par M. Lecanu.

— 23 août. – Lord Kingsborough fait hommage à l’Académie, par l’entremise de M. Warden, d’une collection de toutes sortes d’antiquités mexicaines, réunies par ses soins et gravées à ses frais[1]. – M. Sérullas présente, en son nom et en celui de M. Thénard, un rapport sur un mémoire de MM. Robiquet et Boutron-Charlard, relatif aux amandes amères, et à l’huile volatile qu’elles fournissent. On y rencontre deux substances très-remarquables : l’une se présente en cristaux blancs nacrés, d’une saveur analogue à celle des amandes amères ; l’autre jouit de la propriété de se convertir en acide benzoïque, quand elle est soumise à l’action combinée de l’humidité et de l’oxygène. Ce mémoire a paru digne d’être inséré dans le recueil des savans étrangers. – M. Dupetit-Thouars lit un rapport sur le mémoire de M. Decandolle fils. Il y discute la priorité d’observation d’un fait très-curieux que présentent un grand nombre de fleurs, et qui est surtout commun dans la famille des campanulées : c’est que le moment où s’ouvrent les anthères ne correspond pas à cet état de développement du pistil qu’on regardait comme celui où la fécondation s’opère. Il rattache à l’examen de la structure des fleurs des campanulées ses idées sur la continuité des fibres et la théorie des bourgeons. — M. Cauchy lit un mémoire d’analyse sur la dispersion de la lumière. — M. Lassis donne connaissance d’un mémoire sur le moyen de remédier à quelques-unes des blessures graves observées dans les derniers événemens. — M. Pélisson communique, en son nom et en celui de M. Henri fils, des considérations sur l’asparagine, où se trouvent de nouvelles observations sur la nature de cette substance, découverte en 1806 par MM. Robiquet et Vauquelin.


— 30 août. — Après la lecture des pièces de correspondance et d’une lettre de M. Chevalier, relative au moyen d’extraire du drap bleu l’indigo qui a servi à le teindre, M. Larrey présente un aperçu chirurgical sur les dernières journées de juillet 1830. Au nom d’une commission, M. de Blainville fait un rapport sur le mémoire de M. Deshayes, concernant l’anatomie comparée de divers types de mollusques attribués au genre helix. Bien que quelques-uns des résultats de l’auteur diffèrent de ceux de M. le rapporteur, l’Académie pense néanmoins que M. Deshaies doit être encouragé dans ses recherches. — M. Duméril, ayant été chargé d’examiner deux larves d’insectes qui lui avaient été adressées par M. le docteur Fontaneilles, pense que ces larves, rendues à l’aide de pilules écossaises, appartiennent à des chenilles qui ont été avalées soit avec des tiges de choufleurs ou de salade, soit avec toute autre plante potagère. — M. de Bainville lit le mémoire sur le dodo ou dronte, précédemment annoncé. Il croit devoir ranger cet espèce d’oiseau parmi les palmipèdes, à côté du manchot. — M. Cuvier se propose de parler incessamment de cet oiseau, dont il a vu la tête à Oxford et le pied au musée britannique. — M. Savart présente des réflexions sur la sensibilité de l’organe de l’ouïe. Ce travail renferme des expériences délicates et curieuses sur la transmission des sons et sur les conditions variables de leur perception. La séance est terminée par la lecture d’un mémoire fort intéressant de M. Morren, ayant pour titre : Résumé général des expériences entreprises pour déterminer l’influence qu’exerce la lumière sur la manifestation et le développement des êtres dont l’origine avait été attribuée à la génération directe, spontanée ou équivoque.

Académie française. — Séance publique du 25 août. — M. Parceval, chargé de proclamer les prix Monthyon, rend hommage aux glorieux événemens de juillet, et annonce que l’Académie destine une somme de 15,000 fr. au soulagement des veuves, des orphelins et des blessés des 27, 28 et 29 juillet. Cette décision est accueillie par une approbation unanime. Il passe ensuite à la distribution des prix de vertu, objet principal de cette séance. Deux prix de 3,000 francs sont décernés à deux femmes qui se sont fait remarquer par de bonnes œuvres et un admirable dévouement au service des pauvres. Un autre prix de 4,000 francs est assigné au courage héroïque de Simon Albony, de Rodez, qui, pour délivrer le pays d’un animal enragé, a été atteint de quatorze blessures. Une mention honorable est en outre accordée à la belle conduite de M. Bauquier, notaire à Saint-Ambrois (Gard), qui, par de rigoureux sacrifices, est parvenu à acquitter des engagemens que de fausses spéculations avaient fait contracter à son père ; enfin seize autres médailles, de 600 francs, sont données à autant de personnes qui en ont été jugées dignes. M. le président fait connaître ensuite que l’Académie a cru devoir décerner, 1o un prix de 8,000 francs à M. Suy, pour son cours d’économie politique ; 2o un prix de 6,000 francs à M. Charles Lucas, pour son ouvrage sur le système pénitentiaire en Europe et aux États-Unis ; 3o un prix de 3,000 francs à M. de Norvins, auteur du poème de l’Immortalité de l’ame ; 4o un prix de 2,000 francs à M. Chazet, pour un traité sur les abus, les lois et les mœurs, précédé de la Vie de M. Monthyon.

Les récompenses distribuées, M. Andrieux lit une pièce qui est écoutée avec attention. Elle a pour titre : L’enfance de Louis xii, et quelques traits de sa vie. De nobles saillies, des allusions délicates, de l’à-propos, méritent à l’auteur de nombreux applaudissemens. M. Lemercier termine dignement la séance par la lecture d’une ode intitulée le Triomphe national, dans laquelle l’assemblée a souvent remarqué de belles pensées et de sublimes sentimens.

Société pour l’enseignement élémentaire. — Séance du 18 août. — La société pour l’enseignement élémentaire a proposé, dans la séance du 18, un prix de 500 francs qui sera décerné à l’auteur du meilleur ouvrage, dans lequel on aura démontré les avantages, pour les classes ouvrières, de l’existence des machines.

G…


  1. Cet ouvrage se compose de 5 vol. grand in-folio, dont le prix est de 12,500 fr.

    Lord Kingsborough continue ses recherches sur cet intéressant sujet, et vient même d’envoyer à ses frais des agens à Madrid et en Amérique, pour recueillir d’autres documens qu’il se propose de publier dans un supplément. L’exemplaire dont il a fait hommage à l’institut est un des cinq tirés sur grand papier. La reliure seule de celui qu’il a offert au roi d’Angleterre a coûté 12,000 fr. Ce riche Irlandais possède un revenu de plus de 50,000 liv. sterl.