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Acadie/Tome II/10

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Texte établi par Henri d’Arles, J.-A. K.-Laflamme (Tome 2p. 203-222).

CHAPITRE VINGT-UNIÈME



Le major Charles Lawrence administre les affaires comme Président du Conseil, pendant l’absence de Hopson. — Son caractère. — Sa conduite envers les colons anglais, allemands, et les Acadiens, cause de grands mécontentements.


La confiance que Hopson avait si bien su rétablir allait disparaître avec lui. Il avait rendu la tâche facile à son successeur ; encore eût-il fallu que celui-ci possédât quelques-unes des qualités qui distinguaient à un si haut degré le premier. Or, Lawrence, excellent militaire, homme d’audace et d’action, doué d’une intelligence peu commune, jointe à ces manières insinuantes qui mènent souvent les intrigants au succès, était totalement dépourvu de sens moral et de toutes les qualités qui procèdent du cœur[1]. Il ne connaissait que son ambition, à laquelle il avait voué toutes les ressources de son vif esprit. Impérieux et cruel envers ses subordonnés, il était souple et obséquieux vis-à-vis de ses supérieurs. D’une humble origine, ayant débuté dans la vie comme apprenti-peintre en bâtiments, il s’était élevé, encore à la fleur de l’âge, à une position que le fils d’un pair du royaume eût enviée[2].

Il importe beaucoup de connaître le caractère de cet homme, puisque, du jugement que l’on portera sur lui dépend, dans une grande mesure, celui que l’histoire doit porter sur l’acte extraordinaire qui a signalé son administration. Même si l’on s’en tient aux seuls documents officiels, ses documents à lui, tronqués comme ils le sont, il sera aisé de se convaincre que notre jugement sur son compte n’a rien de trop sévère ; car, dans toute la carrière de cet homme, l’on chercherait vainement une seule action, et, dans les pièces qui le concernent, une seule ligne qui pût faire soupçonner qu’il y avait en lui l’ombre même d’un sentiment délicat.

Nos recherches à l’effet d’obtenir des éclaircissements nouveaux, propres à confirmer ou à modifier l’opinion que la simple lecture du volume des Archives de la Nouvelle-Écosse avait formée en nous, ont été couronnées d’un succès qui a dépassé nos espérances ; et nous pouvons dire maintenant en toute assurance que notre premier jugement était bien en deçà de la vérité. Nous citerons, au cours de notre récit, quelques-uns des témoignages supplémentaires que nous avons recueillis. Pour l’instant, nous nous bornerons à reproduire un court extrait d’une longue requête adressée par les citoyens d’Halifax, en 1757, à un éminent personnage d’Angleterre[3] :


« Monsieur,

« Nous vous sommes très reconnaissants de votre lettre du 3 juillet dernier, ainsi que de l’intérêt constant que vous portez à nos affaires. Nous pouvons vous assurer que nous avions presque perdu tout espoir d’être considérés comme sujets anglais ; l’arrogante et dédaigneuse attitude de notre gouverneur à l’égard des remontrances que nous lui avions faites pourtant avec la plus entière soumission, nous avait donné lieu de penser qu’il était soutenu en haut lieu… Votre lettre a fait revivre les espérances des habitants de la colonie ; cela n’a pas été un faible réconfort pour eux de voir un anglais d’Angleterre prendre à cœur leur malheureux état et condition, et sympathiser avec les souffrances que leur font endurer l’oppression et la tyrannie…

« Nous ne pouvons qu’exprimer nos profonds regrets de savoir que notre bon Lord Halifax a, dans cette conjoncture critique, donné sa démission de membre du Bureau du Commerce. Nous sommes tous assurés de l’attachement sincère que ce bon Lord porte aux intérêts de la colonie, et sommes pleinement persuadés qu’il fera tout en son pouvoir pour éloigner celui qui nous opprime et qui compromet et anéantit tous ses bons desseins : ce personnage est inconnu à notre bon Lord Halifax et lui a été recommandé par des hommes en qui il avait confiance, mais nous avons la certitude que ceux-ci ignoraient le mauvais cœur et les intentions perfides de leur protégé ; l’un de ceux qui ont ainsi recommandé notre persécuteur est le général Hopson, qui a eu depuis des raisons suffisantes de changer d’opinion à son sujet ; l’autre est le général Cornwallis, qui est bien trop l’ami de notre population pour prendre la part de ce tyran et le soutenir, si l’on pouvait le convaincre des mauvais traitements et des injustes oppressions qu’il nous a fait subir.

« Voilà les seuls amis qu’il (ce tyran) compte en Angleterre ; car, de ce côté-ci de l’océan, il n’en a pas un seul, ni parmi la population civile, ni parmi les gentilshommes de l’armée, qui le tiennent dans le plus profond mépris, — exception faite de ceux que nous vous avons déjà mentionnés et qui lui servent d’instruments d’oppression. Vous serez peut-être surpris d’apprendre comme il se fait que ce Monsieur, qui, il n’y a pas longtemps, était apprenti-peintre à Londres, se soit tout à coup haussé à une telle position. Nous devons reconnaître qu’il a de l’habileté, une grande finesse de bas aloi, qu’il est passé maître en flatteries, qu’il se répand en paroles bienveillantes et en promesses fallacieuses ; il s’entend à merveille à courtiser les étrangers qu’il pense pouvoir lui être utiles. C’est par de tels manèges qu’il s’est élevé au poste qu’il occupe : enflé de son succès, plein de lui-même, il veut outrageusement écraser quiconque ose ne pas entrer dans ses vues…

« …Une autre des habitudes du gouverneur est de déprécier et de malmener tous ses subalternes : c’est ainsi qu’il a publiquement qualifié son conseil de tas de canailles, qu’il a appelé les marchands des voleurs et des banqueroutiers, et qu’il nous a tous représentés en Angleterre comme un peuple mécontent et révolté… »


Tel était, jugé par les siens, l’homme qui a conçu et exécuté la déportation des Acadiens. Si Lawrence a représenté les citoyens d’Halifax comme « des mécontents et des révoltés », il ne faut pas s’étonner que les Acadiens aient été l’objet de semblables imputations de sa part ; il ne faut pas s’étonner non plus qu’il ait fait peser sur eux une lourde oppression, quand ceux qu’il avait pourtant tout intérêt à ménager avaient été exaspérés par ses procédés autoritaires et écrasants.

Il fallait que sa nature fut bien cruelle et perverse, pour qu’il n’ait pu la réprimer, quand une dénonciation, faite par ses concitoyens, pouvait le plonger dans la disgrâce et briser sa carrière ! Mais qu’avait-il à craindre du côté des Acadiens ? Leurs plaintes trouveraient-elles un écho par delà les mers ? Y parviendraient-elles seulement ? Sûrement non !

En présence d’un tel homme, serait-il raisonnable de prendre à la lettre ses propres documents, tronqués plus tard à dessein par lui et par ses complices, en vue de justifier un acte injustifiable ? N’avons-nous pas au moins le droit d’exiger de lui qu’il produise des faits avérés et non des paroles en l’air ? Or, ainsi que nous allons le démontrer, il n’y a pas, dans tout le volume des Archives, sous l’administration de Lawrence, malgré la partialité qui a présidé à cette compilation, un seul cas de résistance imputable ou imputé aux Acadiens, dans toute l’étendue de la péninsule, et ce en dépit de provocations intolérables.

Pour mieux le prouver, nous passerons en revue les documents contenus au volume des Archives, nous arrêtant de préférence à ceux qui renferment des accusations ou des plaintes à leur adresse.


Lawrence ne fut d’abord qu’administrateur provisoire de la Province, à titre de Président du Conseil, en attendant le retour de Hopson, absent pour raison de santé. En donnant satisfaction, dans une certaine mesure, à ses administrés, et plus particulièrement à ses chefs, les Lords du Commerce, il pouvait espérer, grâce aux influences dont il disposait, recevoir bientôt, au cas où Hopson ne revînt pas, la nomination au poste de gouverneur. Celle-ci se fit attendre, mais il l’obtînt enfin, en octobre[4] de l’année suivante. Jusque-là, sa conduite semble avoir été plus circonspecte, et peut-être aussi moins dure et plus équitable.

Le 5 décembre 1753, peu de temps après le départ de Hopson, il écrivait aux Lords du Commerce :

« Je saisis la première occasion qui se présente pour écrire à Vos Seigneuries, encore que, depuis le départ du gouverneur Hopson, il ne soit à peu près rien survenu de digne de votre attention…

« … J’en viens maintenant aux Acadiens, qui sont suffisamment tranquilles pour ce qui est des affaires du gouvernement, mais sont toujours en difficultés les uns avec les autres. Comme cet esprit de contention et de chicane montre la valeur qu’ils attachent à leurs propriétés, cela est bon signe jusqu’à présent. Mais, comme il n’y a pas parmi eux de procédure régulière pour l’administration de la justice, ils deviennent très-ennuyés de voir que les décisions au sujet de leurs litiges se trouvent indéfiniment remises. Nous ne pouvons, sans de graves inconvénients, les laisser plaider dans nos cours de justice ; le fait qu’ils n’ont pas prêté le serment d’allégeance constituant un empêchement légal à posséder des propriétés immobilières, vos Seigneuries concevront l’embarras que les tribunaux éprouvent à porter des jugements en des causes, où il s’agit de terres dont les titres de propriétés sont loin d’être certains, et où l’objet de la dispute concerne ordinairement des bornes de terres qui n’ont jamais été arpentées, que nous sachions…

« Les émissaires français continuent à semer l’inquiétude dans l’esprit des habitants au sujet du serment d’allégeance ; et bien que ceux-ci n’aient été l’objet d’aucune pression sur ce point, récemment, ils semblent croire cependant que nous n’attendons qu’une occasion favorable pour le leur imposer ; chaque jour ils se font une montagne des difficultés que la prestation du serment leur attirerait avec les Indiens, comme aussi s’effraient-ils à l’idée qu’ils seraient, de par ce fait, exposés à porter les armes[5]. »

D’après ce qui précède, les Acadiens étaient alors « suffisamment tranquilles pour ce qui était des affaires du gouvernement, mais toujours en dispute les uns avec les autres ». Nous n’avons pas lieu de croire qu’il en fût autrement. Hopson leur avait donné satisfaction sur plusieurs points importants ; et, depuis longtemps, il n’était plus question du serment : c’était tout ce qu’il fallait pour assurer la tranquillité. Quant aux difficultés qui s’élevaient entre eux au sujet des bornes de leurs terres, nous n’avons non plus aucune raison d’en douter. Pouvait-il en être autrement ? il y avait au delà de douze ans que Mascarène, dans une lettre que nous avons déjà reproduite[6], avait imploré les Lords du Commerce de changer les règlements excluant les catholiques de bénéficier des octrois de terres de la Couronne : « Ils (les Acadiens) ont divisé et subdivisé entre leurs enfants les terres qu’ils possédaient, et dont Sa Majesté leur avait gracieusement laissé la jouissance, en retour de leur serment d’allégeance ; et maintenant ils cherchent à avoir de nouvelles concessions que ni le gouverneur (Philipps,) ni feu le lieutenant-gouverneur (Armstrong,) ne s’étaient crus autorisés à leur accorder, vu que les instructions de Sa Majesté sur ce chapitre prescrivent qu’on ne doit concéder des terres nouvelles qu’aux seuls sujets protestants… Si l’on refuse à ces habitants de nouvelles concessions, ils en seront réduits à vivre ici misérablement et fomenteront des troubles,… ou seront-ils tentés de passer dans les colonies françaises voisines… Si nous leur créons des embarras, soyons bien sûrs qu’en cas de guerre avec la France les Français du cap Breton ne manqueraient pas d’en tirer parti… »

Or, nous voyons, par la lettre de Lawrence, que rien n’avait été fait pour remédier à cette criante injustice ; et cependant, les prévisions sinistres de Mascarène ne s’étaient pas réalisées, c’est-à-dire que les Acadiens n’avaient, pour cette raison si grave pourtant, ni causé des ennuis au gouvernement, ni quitté la province. Et, en dépit de ce motif, « bien propre à les dégoûter[7] », en dépit des projets de Shirley, plus dégoûtants encore, les Français n’avaient pu, pendant la dernière guerre, ébranler en rien leur fidélité. Si sérieuse que fût cette question des octrois, elle était cependant secondaire aux yeux des Acadiens, à côté de celle du serment avec toutes ses conséquences ; c’est pourquoi ils ne voulurent pas en importuner les autorités. Mais l’on conçoit que des terres qui n’avaient jamais été arpentées, et qui avaient été divisées et morcelées, depuis quarante ans, devaient donner lieu à des différends nombreux. Et, comme pour perpétuer cet état de choses, l’on remettait indéfiniment, sous de spécieux prétextes, le règlement de ces difficultés, quand la véritable raison de ces retards, laquelle on n’osait pas avouer, était celle-ci, à savoir : les Acadiens n’ayant pas prêté le serment, étaient exclus, de par la loi anglaise, du droit de posséder des terres[8]. Cela signifiait qu’en réalité, d’après la prétention de Lawrence, on ne leur reconnaissait même pas un titre aux propriétés dont ils jouissaient en vertu du traité d’Utrecht.

Jusqu’à 1730, les Acadiens, malgré l’accroissement de la population, ne se préoccupèrent, ni de se procurer de nouvelles terres, ni de délimiter celles qu’ils occupaient, ni d’y faire des améliorations, pour la raison bien simple que la prolongation de leur séjour dans le pays était incertaine. Après la convention passée avec Philipps, et par laquelle ils étaient exempts de porter les armes, ils crurent que leur situation était définitivement réglée ; et c’est alors seulement que la question des terres prit pour eux de l’importance. Comme on leur refusait de nouvelles concessions, ils se virent contraints de subdiviser leurs anciennes terres ; et comme celles-ci n’avaient jamais été arpentées régulièrement, les difficultés commencèrent. Leurs différends à ce sujet furent soumis aux gouverneurs dès 1731 ; et c’est alors qu’Armstrong disait des Acadiens qu’ils étaient chicaniers. Le seul moyen de régler ces différends eût été de faire procéder à des arpentages. Or, au temps de Lawrence, il y avait dix, quinze, vingt ans et plus que ces cas litigieux étaient aux mains des gouverneurs, et rien n’avait été fait pour les résoudre. Il n’est pas surprenant qu’il ait pu dire : « … les Acadiens sont bien ennuyés de voir que les décisions au sujet de leurs litiges sont remises indéfiniment. » Ennuyés, — ils l’eussent été à moins. Mais voici qu’il nous livre le secret de ses délais interminables, quand il ajoute : « le fait de n’avoir pas prêté le serment d’allégeance constitue, suivant nos Lois, un empêchement absolu à pouvoir posséder des terres. » Apparemment, c’était à dessein que, depuis 1730, l’on n’avait pas fait arpenter leurs terres, ni supprimé par là la cause de leurs différends ; c’était parce que le serment qu’ils avaient prêté, et que l’on avait accepté, comportait une réserve. Mais alors, l’acceptation de ce serment n’avait donc été qu’une duperie, puisqu’elle ne leur donnait pas droit au titre de propriété ? Que si nous faisons erreur sur la portée de la lettre de Lawrence, nous pouvons du moins en tirer cette autre conclusion, à savoir que l’on devait se soucier bien peu de mettre un terme aux différends des Acadiens, pour n’avoir pas fait exécuter cet arpentage de leurs terres, lequel était la manière toute simple de les régler.

Priver les Acadiens d’octrois nouveaux pour répondre à l’expansion de la population n’était pas une injustice assez grande, il fallait encore méconnaître leur droit aux terres morcelées qu’ils possédaient en vertu d’un traité. L’on exigeait d’eux un serment sans réserve, lequel ne leur eût même pas donné des titres à de nouvelles concessions, puisque cela était un privilège accordé « aux seuls sujets protestants ». Alors, les Acadiens se trouvaient donc réduits à la condition de parias. Il leur restait peut-être l’alternative d’acheter des terres de ces anglais qui avaient acquis à si bon compte une concession de 100,000 acres, autour des établissements des Mines et de Beaubassin[9] ; mais l’on comprendra que leur situation précaire était propre à les détourner de pareils achats. D’ailleurs, était-il bien sûr que ces acquisitions n’eussent pas été annulées plus tard, conformément au principe énoncé plus haut par Lawrence ?


Les considérations que nous venons de faire donnent un aperçu des plans longuement mûris par Lawrence. La suite montrera qu’il est bien impossible de mettre la main sur un seul de ses documents officiels que ne fût pas une fourberie nouvelle[10].

Vraiment, les Acadiens étaient un peuple soumis et paisible, ou nous avons perdu les notions élémentaires du bon sens. « La suavité et la douceur de la domination britannique, » dont Parkman nous entretient[11], peut s’appliquer avec assez de raison au gouvernement de la Métropole, mais non certes à celui de la province. Placés dans les mêmes conjonctures, les colons de la Nouvelle Angleterre eussent depuis longtemps arboré l’étendard de la révolte et brisé les obstacles, comme ils le firent effectivement quelques années plus tard, pour détruire des abus moins criants et affirmer des droits moins importants, pour une question de timbres et de thé, lorsque ni leur langue, ni leur religion, ni leurs sentiments, ni leurs terres n’étaient menacés. Parce que les Acadiens n’ont pas eu recours à ces moyens, parce qu’ils ont été trop soumis, on les a déportés, on les a traqués comme des fauves, tandis que l’on élevait des statues à ceux qui avaient été rebelles ; et, pour comble de malheur, ils ont aujourd’hui l’humiliation de recevoir le coup de pied de l’âne de la part de celui qui, soit dit sans le blâmer, s’agenouille devant les héros de la révolution américaine. Le Donnes eris felix sera donc toujours applicable aux âmes vulgaires[12], qui ne savent qu’encenser la fortune. Mais, si l’Angleterre avait été victorieuse, comme cela fût probablement arrivé sans le secours opportun que les Français apportèrent à Washington[13], et qu’elle eût déporté les rebelles américains, de vrais rebelles ceux-là, et qui avaient moins de griefs à venger que n’en avaient nos pères, je me demande ce qu’en eût dit Parkman[14] ?

Nous sommes étonné de voir que les suggestions si équitables de Mascarène n’aient pas été acceptées par les Lords du Commerce. Ceci fait contraste avec l’esprit de justice ordinaire à ces derniers. Était-ce parce que les concessionnaires de 100,000 acres de terre, — au nombre desquels se trouvaient un secrétaire d’État, un frère de celui-ci, et un futur secrétaire d’État, — avaient eu assez d’influence pour mettre obstacle à la demande du gouverneur ? Nous l’ignorons.

La lettre de Lawrence jeta les Lords du Commerce dans une grande perplexité, ainsi que l’on peut en juger par l’extrait suivant de leur réponse, en date du 4 avril 1754[15] :


« Nous sommes chagrins d’apprendre que les habitants français, bien que tranquilles sous d’autres rapports, ont entre eux des disputes et des controverses ; cela nous donne de l’inquiétude, car, ainsi que vous le remarquez avec raison, il sera impossible de rendre aucune décision judiciaire au sujet de leurs litiges sans admettre que les Acadiens ont des droits légaux sur les terres qui font l’objet de ces litiges ; or, en Loi, de par le Traité d’Utrecht, et de par les Instructions de Sa Majesté, ils n’ont en fait aucun droit sur leurs propriétés qu’à la condition de prêter un serment d’allégeance absolue et sans aucune réserve que ce soit… Nous ne voyons pas comment leurs différends peuvent être réglés pour le bien général de la Province sans un entier assentiment de leur part à cette condition… Nous ne nous opposons pas au moyen que vous proposez de déléguer auprès de ces gens des chargés d’affaires qui chercheront à les apaiser en examinant et en écoutant leurs plaintes ; cependant vos envoyés ne pourront pas user, pour la solution des difficultés qui leur seront soumises, de la procédure en cour de justice ; et il est essentiel qu’ils ne fassent aucune démarche qui puisse, à un degré quelconque, être interprétée comme la reconnaissance d’un droit que ces gens auraient sur leurs terres, avant d’avoir accepté la condition du serment d’allégeance.

[ « Plus nous considérons ce point, et plus il nous apparaît hérissé de difficultés : d’une part, en effet, il importe d’user de beaucoup de prudence à l’égard de ces habitants, afin de ne pas les alarmer, et de ne pas semer dans leur esprit une méfiance qui pourrait les induire à quitter la Province, et à aller renforcer par leur nombre les établissements français ; d’un autre côté, nous devons également éviter de leur inspirer une inconvenante et fausse confiance en eux-mêmes, laquelle les porterait à croire qu’en persévérant dans leur refus de prêter le serment d’allégeance, ils en arriveraient, tout en faisant à leur tête, à acquérir le droit de propriété foncière], et le bienfait et la protection de la loi, — chose à laquelle ils ne peuvent prétendre qu’à cette condition, » — le serment absolu[16].

Adressée à un homme du caractère de Lawrence, la lettre que nous venons de citer signifiait : trompez les Acadiens, s’il le faut, donnez-leur à entendre vaguement que la question des titres de propriété sera réglée, mais gardez-vous bien d’aller jusqu’à les en assurer d’une manière formelle ; cependant, faites tout ce qui sera nécessaire pour les empêcher de partir. Tout de même, le point de vue auquel se plaçaient les Lords du Commerce une fois admis, il y avait là du moins des conseils de prudence et de modération qui pouvaient servir à réprimer la nature perverse de Lawrence. Fermons les yeux sur la duperie que cette lettre comportait. Depuis quarante ans, la duperie avait été érigée en un système tel qu’il était impossible aux mieux intentionnés d’échapper tout-à-fait à son emprise[17]. D’ailleurs, ce document avait été écrit alors que les Lords du Commerce ne savaient trop que décider au sujet de la question soumise ; et, pour leur rendre pleine justice, il faut accoler cette lettre à une autre du 29 octobre suivant, laquelle peut être considérée connue la complétant et la modifiant grandement[18].

Dans le texte original de la lettre de Lawrence, plus haut citée, il est question d’une insurrection des Allemands (protestants) établis à Lunenburg, et formant partie de la colonie fondée par Cornwallis. Avant de devenir Président du Conseil, Lawrence avait été commandant du poste de cet endroit ; et son séjour y avait été marqué par des troubles et des désertions nombreuses, dus sans doute à la rigueur de ses procédés. Immédiatement après son départ, le mécontentement éclata, l’on prit les armes, et, pour arrêter l’effusion du sang, il ne fallût rien moins que la présence des troupes d’Halifax ; comme le dit Murdoch, « Monckton fut d’avis que, toute la population de cette colonie étant impliquée dans l’affaire, le meilleur procédé à suivre était d’accorder une amnistie générale : Lawrence, cependant, désirait que les chefs de l’insurrection fussent punis[19]… »

Suivant son invariable habitude, le compilateur a tronqué la lettre de Lawrence, en laissant de côté tout ce qui concernait l’insurrection des habitants de Lunenburg. Étant donné le but qu’Akins avait en vue, il eût été malhabile de sa part de mettre en évidence des faits semblables, contrastant si étrangement avec la soumission des Acadiens, encore que ces derniers aient dû être traités avec moins de ménagements que ces colons protestants, amenés et établis aux frais de l’État.

Maintenant que nous connaissons les effets de l’administration de Lawrence sur les colons anglais et allemands, et ce que tous ceux-ci pensaient de lui, alors qu’il n’était qu’à ses débuts, nous pourrons juger de la réputation qu’il avait laissée parmi les Acadiens par une lettre du capitaine Murray, commandant du Fort Édouard, (Pisiquid,) à Lawrence même, et dans laquelle il lui rapportait ce qu’ils avaient dit sur son compte : « … Ils avaient pour lui une haine personnelle, et détestaient son gouvernement à tel point qu’ils ne se sentiraient jamais à l’aise sous son administration, vu qu’il les avait traités si brutalement quand il était parmi eux[20]. » Cependant Lawrence n’avait jamais pu provoquer la moindre résistance chez les Acadiens ; mais les Allemands n’entendaient pas supporter aussi docilement l’oppression.

Le 21 juin 1754, Lawrence « informa le Conseil qu’il avait reçu une lettre du capitaine Scott, commandant du Fort Lawrence, lui faisant savoir que, le 14 du mois courant, les habitants qui avaient déserté ce district, (Beaubassin,) et qui depuis avaient demandé la permission de rentrer dans leurs terres, vinrent le voir et lui apporter la réponse à la résolution passée en Conseil, le 27 septembre dernier : cette réponse stipulait que, à moins que le Président du Conseil ne leur donnât l’assurance, de sa propre main, ou n’autorisât le commandant du Fort de la leur donner en son nom, qu’ils demeureraient neutres et seraient exempts de prendre les armes contre qui que ce fût, il leur serait impossible de penser seulement à revenir (sur leurs terres,) vu qu’ils courraient journellement le risque d’avoir la gorge tranchée ou de voir leurs troupeaux massacrés par les Indiens ; et ils donnaient cette réponse comme définitive[21] — Sur ce, il fut résolu que rien d’autre ne pouvait être fait que ce qui avait été passé en Conseil le dit 27 de septembre. »

Cette résolution du 27 septembre avait été passée sous l’administration de Hopson[22] — ; et la présente communication des Acadiens en était la réponse. Mais, depuis ce temps, Lawrence lui-même avait fait des propositions à ces derniers pour les engager à revenir sur leurs terres ; il leur avait déclaré que son intention n’était pas pour le présent de les obliger au service militaire, — c’est-à-dire qu’il ne se liait en rien. Pareille offre, venant de Hopson, eût mérité d’être prise en considération ; de la part de Lawrence, sa valeur était nulle. Il leur fallait quelque chose de plus formel, et sa signature par dessus le marché ; autrement, il leur était impossible de seulement penser à revenir.

Les Acadiens avaient trop de motifs de se méfier de Lawrence pour tomber dans le piège qu’il leur tendait ; et ils avaient été trop souvent trompés pour se contenter de vagues promesses.

Mais pourquoi Lawrence désirait-il donc si ardemment leur retour ? Car, remarquons-le bien, douze mois à peine nous séparent de la déportation. Si ces gens eussent été remuants, séditieux, redoutables, il eût été extrêmement impolitique de les admettre au cœur de la province, et par dessus tout de les presser d’y entrer. Or, Lawrence, si méprisable qu’il fût, ne manquait certes pas d’habileté. Et donc, pouvons-nous dire, leur présence était désirable, utile, peu ou point dangereuse ; donc, leur conduite, jusque-là avait été assez docile pour justifier les pressantes invitations du gouverneur ; donc, enfin, pour justifier la déportation, il faut chercher des raisons dans les événements des douze mois qui suivirent…

Cependant, comme question de fait, ces raisons n’existent nulle part ; il n’y en a pas eu davantage pendant ces douze derniers mois qu’avant, et peut-être encore moins.



  1. Charles Lawrence, né à Portsmouth, Angleterre, le 14 décembre 1709, mort à Halifax le 19 octobre 1760. Le 11, il avait donné un grand bal à l’Hôtel du gouvernement, auquel assistaient 300 invités. Lawrence s’en donna à cœur joie et dansa beaucoup. Au cours de la soirée, alors qu’il était en transpiration, il but un verre d’eau glacée et fut pris immédiatement de crampes de poitrine, lesquelles se développèrent en inflammation de poumons. Il expira quelques jours après. En tête de la notice biographique plus que tendancieuse où nous avons pris ces renseignements, est un portrait de Lawrence, d’après une estampe conservée à l’Hôtel du Gouvernement à Halifax. Sa figure est loin de respirer la sympathie. Impossible de voir visage plus dur ni plus bestial. (Cf. Coll. of N. S. H. S. vol. XII, p. 19. Halifax, (1905).)
  2. Ce détail apprenti-peintre en bâtiments est tiré du fameux document Lawrence’s character, dont nous aurons l’occasion de reparler. Il y est dit en effet : « …this gentleman who sometime ago was only a Painter’s apprentice in London… » Est-ce que cela est bien exact ? Nous n’avons, certes, que du mépris pour Lawrence, mais ce triste personnage a droit, comme tout le monde, à la vérité. La seule vérité historique est d’ailleurs plus que suffisante pour le flétrir à jamais. Pas besoin de recourir à des légendes pour accabler la mémoire de ce malfaiteur. Or, qu’il ait débuté par être apprenti-peintre en bâtiments, voilà un renseignement qui ne s’accorde avec aucune des diverses sources d’informations que nous avons consultées et que nous avons lieu de croire impartiales. Lawrence descendait d’une famille considérable dans le Hampshire. En 1727, à dix-huit ans, il entra dans la carrière militaire, dans laquelle sa famille, du côté paternel et maternel, avait servi avec distinction depuis deux siècles.
  3. L’édition anglaise — vol. i, p. 343 — ajoute ceci qui n’est pas dans le MS. original — fol. 423 : « whose name does not appear in the document supplied by Rev. Andrew Brown. » — L’extrait donné ici est en effet tiré de la fameuse pièce intitulée Lawrence’s character, à laquelle nous avons fait allusion dans la note précédente. Richard y reviendra plus tard, cf. page 135 du vol. ii de l’édit. anglaise — et l’a donnée en appendice de ce volume ii. — On la trouve également dans Pèlerinage au pays d’Évangéline, Appendices. Elle a paru d’abord dans Doc. in. sur l’Acadie, Can. Fran. 1888, Tome i, page 142 et seq., pièce xxxiv, avec la note suivante :
    « British Museum. Brown MSS. Papers relating to Nova Scotia, 1748-1757. Add. MSS. vol. 19072. In 4o fol. 43, no 33. En tête de ce manuscrit se trouve la note suivante de Mr. A.-B. Grosart : « A long letter (sixteen closely written pages) addressed to some one in England by the colonists concerning the State of the Province… This is a high-toned and most vigourous Letter : and lays bare with most withering scorn the character of Governor Lawrence… It reminds one of the complaints of the elder Puritans in the days of Charles… This MSS. most important… »
  4. Le MS. original — fol. 425 — porte novembre. C’est une erreur, ainsi que nous le verrons plus loin. Cf. Can. Arch. (1894) N. S. 1754. October 14, Halifax. Lawrence to Lords of Trade. « His commission as Lieut. Governor received. » (H. 263. B. T. N. S. vol. 15.)
  5. Nova Scotia Doc. Akins, p. 205-6 Can. Arch. (1894). ii. 235. B. T. N. S. vol. 14.
  6. Cf. notre tome premier, chap. x, p. 307. — Lettre du 15 novembre 1740. Nova Scotia Doc. Akins, p. 108-9-10.
  7. Occasion of disgust, c’est le terme dont s’était servi Mascarène, dans la lettre que nous venons de citer.
  8. « Their not having taken the oath of allegiance is an absolute bar in our Law to their holding any landed possessions… » expressions même de Lawrence dans la lettre plus haut citée.
  9. Cf. notre tome premier, chapitre x et Appendice vii.
  10. Ce dernier par. n’est pas dans l’original. À cet endroit, le MS. — fol. 429 — porte, écrite au crayon, la note : voir traduction. Et dans le texte, il y a les mots suivants, écrits au crayon violet, entre les lignes : « Serait-il donc impossible de mettre la main sur un document qui ne fût pas une fourberie nouvelle ? »
  11. Le MS. — fol. 430 — porte, entre guillemets : « The lenity and the sweet of the english rule. » Ces mots ne sont peut-être pas littéralement de Parkman ; mais il y a çà et là, dans les ouvrages de ce dernier, quelque chose d’approchant : « The english rule had been of the lightest, so light that it could hardly be felt. » (A Half-Century of Conflict, vol. ii, ch. xxii. Acadian Conflicts. P. 174.) Cf. quoque Montcalm and Wolfe. Vol. i, ch. viii. Removal of the Acadians : « they were told (c’est le suave Lawrence qui s’adresse aux Acadiens)… that they had always been treated by the government with the greatest levity and tenderness… ». P. 271.
  12. Douce eris felix multos numerabis amicos.
    Tempora si fuerint nubila, solus cris.

    Ovid.
  13. Cette incidente n’est pas dans le MS. original, mais dans l’édit. anglaise, vol. i, p. 350.
  14. Ces spéculations rétrospectives sur ce qui aurait pu être ou ne pas être sont plus que problématiques. Il est très vrai que la rébellion des colonies anglaises d’Amérique n’a guère eu de motifs idéalistes ; il paraît à peu près certain d’autre part que le concours de La Fayette et de Rochambeau, qui, eux, étaient animés de grands sentiments chevaleresques et se battaient pour une idée, a décidé du sort de cette guerre, assez matérielle dans son principe. Mais enfin, il paraît assez oiseux de se demander ce que l’Angleterre eût fait, en cas de victoire, étant donné que cette victoire lui a été refusée. Et si l’on prend les choses de plus haut et que l’on regarde à l’action de la Providence dans l’histoire, le succès des armées de Washington se présente comme un de ces événements nécessaires à l’ordre du monde et au progrès de l’univers. Les hommes qui y ont joué un rôle n’étaient que les humbles instruments de Celui qui gouverne tout avec nombre, poids et mesure. Envisagées dans cette lumière, les destinées de la révolution américaine prennent un sens et une proportion tels que l’on s’imagine difficilement qu’elles auraient pu être autres qu’elles n’ont été. Et si l’on s’en tient au même ordre de considérations, la perte de ces magnifiques colonies n’était-elle pas un châtiment infligé par Dieu à l’Angleterre, en retour de l’iniquité qu’elle avait commise contre une population inoffensive ?
  15. Le MS. original — fol. 431 — donne de ce document un court extrait que nous mettons entre crochets, et dont le sens n’apparaît bien qu’à l’aide de ce qui précède dans la lettre. C’est pourquoi nous la citons plus largement. Cela aura d’ailleurs l’effet de montrer au lecteur que, pour les Lords du commerce, à qui l’auteur d’Acadie prête si bénévolement l’esprit d’équité, aussi bien que pour Lawrence, les Acadiens n’avaient aucun titre à la possession de leurs terres tant qu’ils n’avaient pas prêté le serment d’allégeance absolue… « Great care must be observed that they (les Acadiens) do not take any step, which may in any degree seem to admit a right in these people to their lands before they have accepted the condition of the oath of allegiance. » Ce sont les propres termes qu’emploient ces messieurs. Qu’est-ce à dire ? Sinon que leur manière de voir là-dessus était en harmonie parfaite avec celle de Lawrence. — La question est grave, et nous devons y apporter toute notre attention et toute notre « conscience » : il s’agit en effet d’établir le partage équitable des responsabilités dans les événements qui aboutiront à la déportation. Richard, on le sait, accable les autorités coloniales dont il met la conduite presque en opposition avec celle du Home Office. L’impartiale Histoire ne confirme pas en tout point ce jugement. On le verra bien.
  16. Akins. Nova Scotia Doc. P. 207. — Dans Akins, cette Lettre est datée de Whitehall, mars 4, 1754. Et le MS. original, comme aussi l’édition anglaise, vol. i. p. 350, ont adopté cette indication. Cette Lettre est, en vérité, du 4 avril de cette même année, ainsi qu’il est marqué dans Can. Arch. (1804) B. T. N. S. vol. 36, p. 15. April 4, 1754. Whitehall.
  17. Inutile de dire que l’auteur essaie vainement de pallier tout ce que cette lettre a d’odieux et de compromettant pour les autorités de la Métropole.
  18. À cet endroit du MS. — fol. 432 — le traducteur a mis en marge la note suivante, au crayon : « Où est cette lettre ? » Au bas de la page, il y a un renvoi, de la main de l’auteur : « Cette lettre est insérée et discutée dans un autre chapitre. » — L’on trouvera, en effet, au chapitre xxii, cette lettre du 29 octobre 1754.
  19. Histo. of N. S. Vol. ii, ch. xvii. P. 229. — Voici ce qu’il y a, au sujet de cet incident, dans l’analyse de la lettre de Lawrence, telle que faite dans les Can. Arch. (1894) H. 235. B. T. N. S. vol, 14… « People at Halifax quiet ; those at Lunenburg improved, the spirit of mutiny and violence having subsided ; it is desirable, however, to mix English settlers with them… » C’est en mai 1753 que Lawrence avait été nommé commandant à Lunenburg : « Hopson… proposes to send out the foreign settlers to Merleguash, about 1,600 persons… Col. Lawrence goes with them to see them established ; he is in command of militia raised from the foreigners. Capt. Sutherland will succeed him ; has appointed him Lieut.-Col. and custos rotulorum of the township to be called Lunenburg… » — Can. Arch. (1804) H. 185. B. T. N. S. vol. 14.

    Il appert, d’après les Archives, que Lunenburg (Merlegash) fut fondé, avec des colons allemands, par Hopson, et non par Cornwallis, ainsi que le porte le texte de Richard.

  20. Extract from Minutes of a Council… 1st October 1754… « The President (Lawrence) communicated to the Council the following Extract of another Letter from captain Murray commanding at Piziquid relating to the conduct and behaviour of the Priest Daudin. »

    Il est à remarquer que Murray, à cet endroit de sa lettre, cite les propres paroles que lui a dites l’abbé Daudin, dans une entrevue qu’il avait accordée à ce dernier. — Cf. Akins. N. S. Doc. P. 223-4.)

  21. Le MS. original — fol. 434 — où ce document est cité d’après Akins, (p. 211,) porte ici : « and this they gave as their last answer, » tandis que dans Akins il y a : « and this they gave as their first answer. » Qui a raison ? Évidemment Richard. Le mot first, dans Akins, doit être une faute d’impression.
  22. Cf. notre chapitre précédent.