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Amour angélique

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Œuvres de Théodore de BanvilleAlphonse Lemerre, éditeur (p. 193-194).

Amour angélique


Oh ! l’amour ! dit-elle, ― et sa voix tremblait et son œil rayonnait, ― c’est être deux et n’être qu’un. Un homme et une femme qui se fondent en un ange, c’est le ciel.
Victor Hugo, Notre-Dame de Paris, liv. II, chap. vii.


Lange aimé qu’ici-bas je révère et je prie
Est une enfant voilée avec ses longs cheveux,
À qui le ciel, pour qu’elle nous sourie,
A donné le regard de la vierge Marie.

Âme que l’azur expatrie
Pour qu’elle recueille nos vœux,
Jeune âme limpide et fleurie
Comme les fleurs de la prairie
Aux calices roses ou bleus !


Comme l’autre Éloa, c’est la sœur des archanges,
Qui pour nous faire vivre aux mystiques amours,
A quitté les blondes phalanges
Et souille ses pieds blancs à parcourir nos fanges.

Aussi nos ferveurs sont étranges :
Ce sont des rêves sans détours,
Ce sont des plaisirs sans mélanges,
Des extases et des échanges
Qui dureront plus que les jours !

C’est un chemin frayé plein d’une douce joie,
Un vase de parfums, une coupe de miel,
Un météore qui flamboie
Comme un beau chérubin dans sa robe de soie.

Il ne craint pas que Dieu le voie :
C’est un amour pur et sans fiel
Où toute notre âme se noie
Et dont l’aile ne se déploie
Que pour s’élancer vers le ciel !


Juin 1842.