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Astronomie populaire (Arago)/XVI/02

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GIDE et J. BAUDRY (Tome 2p. 200-206).

CHAPITRE II

de la découverte des planètes


« Parmi les sept corps célestes qui, dit M. de Humboldt, en raison des changements continuels apportés dans leurs distances relatives, ont été, dès la plus haute antiquité, distingués des étoiles scintillantes et conservant leur place et leurs distances (orbis inerrans), cinq seulement, Mercure, Vénus, Mars, Jupiter et Saturne, offrent l’apparence d’étoiles (quinque stellœ errantes). Le Soleil et la Lune furent toujours mis à part, en raison de la grandeur de leurs disques, et par suite de l’importance qui leur était attribuée dans les conceptions mythologiques. Ainsi, d’après Diodore de Sicile[1], les Chaldéens ne connaissaient que cinq planètes, et Platon, dans le seul passage du Timée où il soit question de ces corps errants, dit en termes exprès : « Autour de la Terre, qui repose au centre du monde, se meuvent la Lune, le Soleil et cinq autres astres auxquels on donne le nom de planètes ; cela fait en tout sept mouvements circulaires[2]. » Dans la structure du ciel imaginée jadis par Pythagore et décrite par Philolaüs, parmi les dix sphères célestes qui font leur révolution autour du feu central ou foyer du monde (ἑστἰα), immédiatement au-dessous du ciel des étoiles fixes, sont nommées les cinq planètes[3], suivies du Soleil, de la Lune, de la Terre et de l’antipode de la Terre (ἀντἰχθων). Ptolémée lui-même ne parle jamais que de cinq planètes. Les sept planètes distribuées par Julius Firmicus entre les Génies ou Décans[4], telles qu’on peut les voir dans le zodiaque de Bianchini, qui date vraisemblablement du IIIe siècle de notre ère[5], et dans les monuments égyptiens contemporains des Césars, n’appartiennent point à l’histoire de l’astronomie ancienne, mais à ces époques plus récentes où les rêveries astrologiques s’étaient répandues partout. Il n’y a pas lieu de s’étonner que la Lune ait été rangée parmi les sept planètes, car chez les anciens, si l’on excepte quelques vues remarquables d’Anaxagore sur les forces attractives (Cosmos, t. ii, p. 317 et 593), il n’est presque jamais fait allusion à la dépendance plus directe de la Lune vis-à-vis de la Terre. En revanche, d’après une hypothèse citée par Vitruve[6] et Martien Capella[7], mais sans indication d’auteur, Vénus et Mercure, que nous appelons des planètes inférieures, sont présentées comme des satellites du Soleil que l’on fait tourner autour de la Terre. »

On ne paraît pas du reste avoir eu dès les premiers temps l’idée de la régularité des lois des mouvements des planètes. Ainsi, d’après le récit de Diodore de Sicile, les Égyptiens leur attribuaient des qualités bonnes ou malfaisantes, et s’en servaient pour tirer des prédictions. Chez les Chaldéens, elles présageaient les pluies, les tempêtes, les chaleurs excessives, les tremblements de terre, etc. ; elles présidaient en outre aux naissances.

Platon posa aux mathématiciens le problème de l’explication des mouvements des planètes ; il mérite d’être considéré comme l’un des premiers promoteurs de l’astronomie planétaire. (Delambre, Astronomie ancienne, t. i, p. 17.)

Il faut cependant arriver jusqu’à la fin du XVIIIe siècle pour voir faire la découverte de planètes nouvelles, dont deux principales et un grand nombre de petites.

Voici d’abord le tableau des grandes planètes :

Mercure
 
connues des anciens.
Vénus
 
La Terre
 
Mars
 
Jupiter
 
Saturne
 

Uranus , découverte par William Herschel, à Bath, le 13 mars 1781 ;

Neptune , découverte par M. Galle, à Berlin, le 23 septembre 1846, sur les indications de M. Le Verrier.

La découverte des petites planètes appartient tout entière à notre siècle ; au moment où j’écris, on en connaît déjà 26. La liste que j’ouvre ici devra être complétée au fur et à mesure que d’autres de ces astres télescopiques seront trouvés par quelques-uns des astronomes voués à leurs recherches[8]; les noms des planètes sont suivis des signes adoptés par les astronomes pour les désigner par abréviation.

Cérès ①, découverte par Piazzi, à Païenne, le 1er janvier 1801.

Pallas ②, découverte par Olbers, à Brème, le 28 mars 1802.

Junon ⚵ ③, découverte par Harding, à Lilienthâl, le ler septembre 1804.

Vesta ⚶ ④, découverte par Olbers, à Brème, le 23 mars 1807.

Astrée ⚓︎ ⑤, découverte par M. Hencke, à Driesen, Te 8 décembre 1845.

Hébé 🍷︎ ⑥, découverte par M. Hencke, à Driesen, le ler juillet 1847.

Iris ⑦, découverte par M. Hind, à Londres, le 13 août 1847.

Flore ⚘ ⑧, découverte par M. Hind, à Londres, le 18 octobre 1847.

Métis ⑨, découverte par M. Graham, à MarkreeCastle, le 25 avril 1848.

Hygie ⑩, découverte par M. de Gasparis, à Naples, le 14 avril 1849.

Parthenope ⑪, découverte par M. de Gasparis, à Naples, le 11 mai 1850.

Victoria ⑫, découverte par M. Hind, à Londres, le 13 septembre 1850.

Égérie ⑬, découverte par M. de Gasparis, à Naples, le 2 novembre 1850.

Irène ⑭, découverte par M. Hind, à Londres, le 19 mai 1851.

Eunomia ⑮, découverte par M. de Gasparis, à Naples, le 29 juillet 1851.

Psyché ⑯, découverte par M. de Gasparis, à Naples, le 17 mars 1852.

Thétis ⑰, découverte par M. Luther, à Bilk, près Dusseldorf, le 17 avril 18.52.

Melpomène ⑱, découverte par M. Hind, à Londres, le 24 juin 1852.

Fortuna ⑲, découverte par M. Hind, à Londres, le 22 août 1852.

Massalia ⑳, découverte à la fois par M. de Gasparis. À Naples, le 19 septembre 1852, et par M. Chacornaç, à Marseille, le lendemain 20 septembre.

Lutetia ㉑, découverte par M. Goldschmidt, à Paris, le 15 novembre 1852.

Calliope ㉒, découverte par M. Hind, à Londres, le 16 novembre 1852.

Thalie ㉓, découverte par M. Hind, à Londres, le 15 décembre 1852.

Phocéa ㉔, découverte par M. Chacornaç, à Marseille, le 6 avril 1853.

Thémis ㉕, découverte par M. de Gasparis, à Naples, le 6 avril 1853.

Proserpine ㉖, découverte par M. Luther, à Bilk, le 5 mai 1853.

Euterpe ㉗, découverte par M. Hind, à Londres, le 8 novembre 1853.

Bellone ㉘, découverte par M. Luther, à Bilk, le 1er mars 1854.

Amphitrite ㉙, découverte par M. Marth, à Londres, le 1er mars 1854.

Uranie ㉚, découverte par M. Hind, à Londres, le 22 juillet 1854.

Euphrosine ㉛, découverte par M. Ferguson, à Washington, le ler septembre 1854.

Pomone ㉜, découverte par M. Goldschmidt, à Paris, le 26 octobre 1854.

Polymnie ㉝, découverte par M. Chacomac, à Paris, le 28 octobre 1854.

  1. Livre II, chap. xxx.
  2. Traduction de M. H. Martin, t. i, p. 105.
  3. Boeckh, de Platonico systemate cœlestium globorum et de vera indole astronomiæ Philolaicæx, p. xvii, et Philolaus, 1819, p. 99.
  4. Julius Firmicus Maternus, Astronomiæx libri VIII (id. Pruckner. Basil., 1551, lib. II, cap. iv) ; l’auteur était contemporain de Constantin le Grand.
  5. Humboldt, Monuments des peuples indigènes de l’Amérique, t. II, p. 42-49. M. de Humboldt, dès 1812, a signalé les analogies du zodiaque de Bianchini avec celui de Dendérah. Voyez aussi Letronne, Observations critiques sur les représentations zodiacales, p. 97, et Lepsius, Chronologie der Ægypter, 1849, p. 80.
  6. De architectura, liv. IX, chap. iv.
  7. De Nuptiis philologiæ et Mercurii, lib. VIII, id. Grotius, 1599, p. 289.
  8. Ainsi qu’il indique qu’on devait le faire, on a ajouté à la liste dressée par M. Arago, les petites planètes découvertes depuis sa mort, arrivée le 2 octobre 1853.