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Aux femmes d’Espagne

La bibliothèque libre.
Les Ailes d’or : poésies nouvelles, 1878-1880Bibliothèque-Charpentier (p. 224-225).

AUX FEMMES D’ESPAGNE

Quand notre ciel devenu sombre
Au linceul des jours est pareil,
Avez-vous pitié de notre ombre
Ô vous qui venez du soleil ?

Et quand de nos cœurs pleins d’alarmes
L’angoisse se lit dans nos yeux,
Avez-vous pitié de nos larmes,
Ô vous dont l’amour est joyeux ?

Et savez-vous que le poète,
Las d’amertume et las de nuit,
Fendant l’air sur l’aile muette
D’un rêve doré, vous poursuit

Au pays où l’amour se chante,
Sous les balcons aventureux ;
Où des fleurs la grâce penchante
Se tend aux mains des amoureux ;

Où le couchant met des lumières
À tous les angles des portails ;
Où l’âme des roses trémières
Flotte au souffle des éventails ?