Aux pères et aux mères de famille/05

La bibliothèque libre.

APPEL
adressé aux Jeunes Filles

(20e mille)


Mademoiselle,

Un homme qui a pour toutes les femmes le plus grand respect se permet de vous adresser les présentes recommandations dans le sentiment qu’il a de vous être utile et de vous rendre un grand service.

Vous êtes jeune et vous êtes sans doute heureuse de vivre. Vous avez donc le droit et le devoir de préserver votre santé, votre bonheur et même votre vie.

Les quelques conseils qui vous sont présentés ici méritent de votre part la plus grande attention. Lisez-les donc très attentivement jusqu’à ce qu’ils soient bien fixés dans votre esprit.

Méfiez-vous des hommes, quelque charmants qu’ils soient à vos yeux et quelque polis et bien habillés qu’ils se présentent à vous.

Refusez toujours avec fermeté et dignité d’écouter tout inconnu qui s’adresserait à vous dans la rue, dans un tramway, au café, au cinéma, au théâtre ou au dancing, où l’on se sent plus libre, mais où la jeune fille est aussi plus désarmée. Gardez-vous d’accepter une consommation, même du café, offerte par un inconnu. Les cas ne sont pas rares où une boisson a été arrosée d’un stupéfiant pour paralyser la résistance d’une jeune femme. N’acceptez jamais de monter dans un taxi, dans une automobile avec des hommes si vous n’êtes pas certaine que vous avez affaire à des hommes sérieux et connus de vous. Ne consentez pas non plus à vous promener avec des inconnus ou de les suivre à la campagne ou dans les rues obscures des villes.

Avant d’accepter un emploi qui vous serait proposé par un bureau de placement quelconque, assurez-vous bien que l’on ne vous envoie pas dans une maison de tolérance ou de prostitution.

— Pourquoi toutes ces recommandations ? Pourquoi toutes ces précautions ? direz-vous.

D’abord, il y a beaucoup d’hommes qui ne cherchent qu’à profiter des jeunes filles pour satisfaire leurs passions sexuelles. Ils leur promettent le mariage ou le luxe et le plaisir ; ils les séduisent et les abandonnent ensuite sans se soucier des misères, des hontes de leurs victimes, ni de ce que deviendront les enfants nés de ces courtes liaisons.

Pour beaucoup d’hommes, la liaison, dite amoureuse, n’a d’autre but que de leur permettre les satisfactions de leur sensualité sans les risques et les charges du mariage et de la paternité.

Pour la jeune fille ainsi abandonnée, c’est le malheur, la misère, la solitude et aussi, souvent, la maladie longue, douloureuse, même la mort prématurée.

Ce qui est beaucoup plus grave, et que vous devez savoir, c’est qu’il y a des hommes qui font un véritable commerce de la femme et des jeunes filles pour peupler les maisons de prostitution dans les pays étrangers et aussi en France. C’est ce qu’on appelle « La traite des blanches  » ou la traite des femmes en vue de la débauche.

Ces hommes, quoique bien habillés, sont de véritables bandits. Ils viendront vers vous, bien vêtus, d’allures mondaines, d’aspect respectable, à la recherche des plus jolies jeunes filles. Sous prétexte de les épouser, ils leur promettent, à Buenos-Aires, une belle situation, très lucrative, qui ne sera que la mise forcée dans une maison de tolérance. Ils les conduisent même en Asie et en Afrique. Et les pauvres victimes de ces sinistres bandits ne reverront jamais leur patrie ni leur famille. Elles seront contraintes de se livrer à la débauche et à la prostitution avec des hommes de toutes couleur, de toute race, de toute condition sociale dans des maisons d’où elles ne pourront plus s’échapper qu’au prix de difficultés inouïes.

Les maladies les plus graves, qui sont pour la femme une véritable torture, se contractent dans les rapports intimes qu’elles doivent subir avec ces hommes, presque tous malades de la syphilis et de la blennorragie, deux maladies très répandues, très redoutables et très difficile à guérir.

Même une défaillance passagère peut amener des complications et des conséquences également redoutables et dangereuses : maladies vénériennes et grossesse. L’une et l’autre de ces conséquences sont inséparables des défaillances de la chair et de la volonté.

Vous voyez donc que vous ne sauriez être trop prudente ni trop avertie en face des dangers qui vous menacent.

Mais si un jeune homme, que vous savez être honnête, désire entrer en relations avec vous en vue du mariage, insistez pour qu’il se présente à vos parents ou à vos conseillers, qui pourront s’assurer de sa loyauté, de sa santé et de la dignité de sa conduite. S’il s’y refuse, soyez certaine qu’il ne désire que profiter de vous et vous abandonner ensuite. Cessez, dans ces conditions, tous rapports et toutes relations avec lui.

L’amour est un sentiment généreux et délicat, loyal et discret. Le jeune homme qui vous aimera sincèrement saura accepter tous les sacrifices pour assurer votre bonheur et se résignera volontiers aux exigences que vous avez le droit et le devoir de lui imposer.

Pour vous éviter des remords douloureux et cruels, n’oubliez pas qu’une seule défaillance, un seul abandon, peuvent avoir pour vous, pour votre famille, pour votre honneur et votre avenir, des conséquences incalculables et irréparables. Veillez donc sur vous-même. Personne ne peut vous garder mieux que vous-même ; et personne ne peut vous sauver si vous ne voulez pas être prudente.

Ne contractez jamais non plus des relations trop intimes avec d’autres jeunes filles, ni avec certaines femmes d’âge mûr, surtout si celles-ci n’ont pas un très haut idéal de moralité.

Il vaut mieux vivre dans la pauvreté, être médiocrement payée pour son travail que de perdre l’honneur, la santé, et peut-être tout espoir de se marier un jour et d’être épouse, mère heureuse, et d’avoir la joie suprême réservée à la femme.

Permettez-moi encore ce dernier et très modeste conseil : Évitez les fards et la frivolité dans votre conduite. Femme fardée n’est pas de longue durée. Bien que les fards soient à la mode, ils n’ont pour résultats que de maquiller les traits normaux du visage, de rendre laides celles qui ne le sont pas et de mettre en relief les véritables traits naturels du visage lorsque le maquillage a disparu.

Si jamais vous rencontrez des difficultés et si jamais vous vous sentez découragée ou en danger moral, n’hésitez pas à recourir aux conseils du curé ou du pasteur de votre paroisse ; et si vous êtes israélite, au rabbin de la Synagogue, ou au Procureur de la République, ou au Maire de votre ville ou de votre commune.

N’hésitez jamais à avoir recours à ces personnes si vous vous trouvez dans l’embarras ou en danger, et cela par tous les moyens à votre disposition.

Une jeune fille seule est une proie bien facile pour les hommes de joie et de proie qui recherchent.

Celui qui regarde une femme pour la convoiter a déjà commis avec elle un adultère dans son cœur.

Jésus-Christ