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Bigot et sa bande/37

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Le nommé Gamelin


En 1735, Joseph-Jacques Gamelin était nommé provisoirement receveur de la Compagnie des Indes à Montréal. Dès l’année suivante. Gamelin est qualifié de garde-magasin dans un acte de l’état civil. Aux environs de 1740, le sieur Gamelin devenait intéressé dans les Forges Saint-Maurice avec François-Étienne Cugnet et Thomas-Jacques Taschereau.

M. Gamelin, devenu un important négociant, jouissait d’une certaine influence auprès de l’intendant Bigot et c’est probablement par son entremise que son fils, Pierre-Joseph Gamelin Maugras, fut choisi comme garde-magasin du fort de la Présentation.

À son mariage avec Marie-Louise-Archange de Lorimier, à Montréal, le 29 janvier 1759, Gamelin est encore qualifié de garde-magasin du Roi mais l’acte ne dit pas dans quel fort il exerçait ses fonctions.

On comprend qu’en 1763 Gamelin-Maugras, marié depuis moins de trois ans, ne fut pas pressé de répondre à la convocation du Châtelet de Paris. Le jugement du 10 décembre 1763 le classe parmi ceux qui subirent leur procès par contumace. La cour déclara qu’il serait plus amplement informé sur son cas.

Cependant Pierre-Joseph Gamelin ne voulait pas laisser planer sur son nom l’accusation portée contre lui devant le Châtelet de Paris. En 1766, il obtint un sauf-conduit des autorités canadiennes et s’embarqua pour la France. Il n’eut pas de difficultés à se justifier devant le Châtelet et fut honorablement acquitté. Il en profita pour réclamer le paiement de 69,000 livres de papiers du Canada dont il était porteur. Le 4 avril 1767, le président du Conseil de Marine transmettait sa réclamation à M. de Fontanieu et l’informait que M. Gamelin demandait ce paiement en raison des fortes dépenses qu’il avait faites pour venir se justifier[1].

Gamelin-Maugras était devenu sous le régime anglais un des plus importants négociants de Montréal. L’abbé Auguste Gosselin rapporte dans son Histoire de l’Église au Canada que Gamelin-Maugras fut en même temps marguillier de Notre-Dame de Montréal et franc-maçon. La chose fut portée à la connaissance de Mgr Briand qui, avec son habileté ordinaire, sans faire d’éclat, réussit à faire sortir Gamelin-Maugras de la franc-maçonnerie et à le ramener dans le droit chemin.

Aegidius Fauteux explique que Gamelin-Maugras, par ses affaires, fréquentait beaucoup la société anglaise. Trois ou quatre de ses filles furent mariées à des officiers ou à des négociants anglais[2].

Pierre-Joseph Gamelin-Maugras décéda à Montréal le 19 octobre 1796, parfaitement réconcilié avec l’église puisqu’il fut inhumé le lendemain de sa mort dans la chapelle Saint-Roch de l’église paroissiale.

Cette famille Gamelin était d’ailleurs une des plus respectables et une des mieux vues de Montréal. Il faut remarquer qu’au début du régime anglais, à Montréal comme à Québec, quelques négociants adoptèrent les coutumes ou les façons anglaises probablement par snobisme. Cet engouement dura peu cependant.

  1. Rapport sur les Archives du Canada, 1905, vol. I. p. 381
  2. Bulletin des Recherches Historiques, 1920. p. 240.