Aller au contenu

Blanqui - Critique sociale, II/Sociétés coopératives

La bibliothèque libre.
Auguste Blanqui (1805-1881)
Félix Alcan (2p. 138-142).

II

SOCIÉTÉS COOPÉRATIVES


Fondation d’une société coopérative à Charleval (Eure), commune de 1.500 âmes.

Il y a là des dividendes, des intérêts, tout le mécanisme de l’économie politique officielle, le règne du capital.

La société a formé une bibliothèque communale dont elle prête les livres à 5 centimes le volume par quinzaine.

Toujours le système capitaliste et ses conséquences.

Février 1868.

Article Lock sur l’achat, par la société coopérative des fondeurs en fer, des marchandises saisies chez Dubois-Caplain pour refus de payement des droits d’octroi. Les marchandises a achetées ont été restituées à Dubois-Caplain par Brosse, le gérant de la société coopérative. L’article Lock dit :

« … Ce trait est la preuve que les efforts faits de différents côtés, et dans des vues moins divergentes en réalité qu’en apparence, pour créer ou Entretenir une hostilité impolitique et désastreuse entre ouvriers et patrons, n’ont pas obtenu tout le résultat que l’on avait pu s’en promettre. »

Les insinuations de ces orléanistes sont faciles à comprendre.

Novembre 1867.

SOCIÉTÉ DE CRÉDIT


Si c’est un crédit moral, l’assurance d’un appui mutuel, d’une solidarité fraternelle dans la défense des intérêts communs, rien de mieux. Mais un crédit dans l’acception banquière du mot, un crédit d’argent à prix d’argent, un prêt à usure d’un taux quelconque, ce serait, pour la presque totalité des travailleurs, une voie fatale qui les conduirait à la ruine.

Octobre 1867.

SOCIÉTÉ GÉNÉRALE ENTRE OUVRIERS
DU BÂTIMENT


Projet de statuts. Cette société doit durer quatre-vingt-dix-neufans et sa dissolution ne peut être ni demandée ni consentie.

Liste des trente et un membres de la commission, élue le 29 septembre pour rédiger les statuts.

Cette société est une véritable reconstitution de l’ancienne corporation. Elle tend à mettre tout le corps d’état entre les mains du conseil de direction.

Le gouvernement, si ombrageux pour tout ce qui ressemble à l’association, si prompt à réprimer, laisse faire. Donc il a la main dans l’entreprise qui se fait ainsi de son consentement et sous son patronage tacite. Il ne parait pas, afin de ne pas donner de soupçons. Mais il serait par trop niais de croire qu’il laisserait ainsi se constituer une puissance matérielle formidable, si elle ne se constituait pas à son profit et à sa disposition.

Novembre 1867.

LA BOULANGERIE COOPÉRATIVE


Constitution définitive de la Boulangerie coopérative au capital de 50.000 francs, versable par les sociétaires, jusqu’à concurrence de 20 francs, en quatre-vingts semaines, à 25 centimes par semaine, ou plutôt soixante-seize semaines, et 1 franc de première cotisation.

Le Journal la Coopération assure qu’il se disait tout haut dans les groupes de sociétaires qu’un protecteur d’un ordre élevé complèterait le capital de 50.000 francs, si les sociétaires ne le fournissaient pas eux-mêmes.

M. Chemalé, l’un des membres actifs et dirigeants des sociétés coopératives, repousse hautement l’assertion du journal. Il ajoute que, si les sociétaires ne pouvaient fournir immédiatement la somme de 50.000 francs, quelqu’un mettait ladite somme à la disposition de la commission administrative, le jour où les registres constateraient l’engagement de 2.500 sociétaires pour chacun 20 francs.

M. Tolain, du Courrier français, appuie et confirme la dénégation de M. Chemalé au sujet du protecteur et dit aussi qu’une personne, désirant aider la formation de la boulangerie coopérative, a offert la somme de 50.000 francs dans ce but, somme que la société est libre d’accepter ou de refuser.

« Quelqu’un » ? « Une personne » ? Qui donc ? Quel est ce quelqu’un ? Quelle est cette personne ? Pourquoi ne la nomme-t-on pas ? Le public saurait alors si cette personne est un protecteur d’un ordre élevé ou pas élevé.

Décembre 1867.