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Bulletin de la société géologique de France/1re série/Tome IV/Séance du 5 mai 1834

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Séance du 5 mai 1834.


présidence de m. michelin.

M. Virlet tient la plume comme secrétaire.

Après la lecture et l’adoption du procès-verbal de la dernière séance, M. le président proclame membres de la Société :

MM.

Eschwege (le baron d’), colonel du génie et capitaine supérieur des mines à Cassel en Hesse, présenté par MM. Boué et Delafosse ;

Gonsolin, avocat, présenté par MM. Bertrand Geslin et Walferdin.


dons faits à la société.

La Société reçoit les ouvrages suivans :

1° De la part de M. Amédée Burat, son ouvrage intitulé : Traité de Géognosie, ou Exposé des connaissances actuelles sur la constitution physique et minérale du globe terrestre, contenant le développement de toutes les applications de ces connaissances, et mis en rapport avec le 1er volume publié, en 1828, par M. d’Aubuisson de Voisins, tome II. In-8° de 650 pages, 8 planches. Paris, 1834.

2° De la part de M. le comte à de Bylandt, le Résumé préliminaire de l’ouvrage qu’il compte publier sous le titre de Théorie des volcans. In-8° de 78 pages. Paris, 1834.

3° De la part de M. J.-C.-F. Ladoucette, son ouvrage intitulé : Histoire, topographie, antiquités, usages et dialectes des Hautes-Alpes. Un vol. in-8o de 664 pages, avec un Atlas contenant une carte et 12 planches. Parts, 1834.

4° De la part de M Ch. Lardy, son Essai sur la constitution géognostique du Saint-Gothard. In-4° de 282 pages, avec 2 cartes.

5° De la part de M. Thirria, son ouvrage ayant pour titre : Statistique minéralogique et géologique du département de la Haute-Saône. In-8° de 468 pages, une carte, une planche. Besançon, 1833.

6° De la part de M. d’Eschwege, ses deux ouvrages intitulés :

A. Observations sur la géologie du Brésil (Beitrage zur gebirgsk unde Brasiliens). In-8° de 488 pages, 5 planches. Berlin, 1832.

B. Pluto Brasiliensis. In-8° de 622 pages, avec 10 tableaux, 2 cartes et 9 planches.

7° De la part de M. Ludwik Zeiszner, son Systemat mineralow Wedlug zasard J.-J. Berzeliusza. In-8° de 116 p. Krakow, 1833.

8° De la part de M. Glocker :

A. Son ouvrage, divisé en deux parties et intitulé : Essai d’une caractéristique de la Bibliographie minéralogique de la Silésie (Versuch einer Charakteristik, etc.). La première partie (Breslau, 1827) comprend les 18 premiers siècles, et la deuxième partie (Breslau, 1832) renferme les années 1800 à 1832.

B. Sa Revue tabulaire.des systèmes de cristallisation (Uebersicht der Krystallisations Systeme, etc.). In-4° de 48 p., 2 pl, Breslau, 1829.


correspondance et communications.

M. Coulier adresse à la Société la description d’une petite machine qu’il a appelée séismomètre, destinée à apprécier la force et la direction des tremblemens de terre.

M. de Teploff lit la note suivante, qu’il a extraite et traduite du Journal du Commerce russe, n0 108, 1833.

Parmi les roches que l’on trouve dans les sables platinifères de l’Oural, il faut distinguer la serpentine, qui compose la grande formation près de Nijnei-Tagilsk.

Cette roche est une des plus importantes, en ce que, trouvée à Kyschtein, elle y contenait de l’or qui, comme on sait, accompagne ordinairement le platine dans les sables métallifères en Amérique et dans l’Oural.

On pouvait donc supposer que ces deux métaux avaient, dans des lieux indiqués, leur gisement primitif dans une seule et même roche.

Nous avons surtout été fortifiés dans cette opinion par un échantillon de platine contenu dans la serpentine, échantillon que le comptoir de M. Demidoff a bien voulu communiquer à la Société minéralogique de Saint-Pétersbourg, tant pour reconnaître la nature du métal, que pour déterminer celle de la roche qui le contient.

L’analyse de l’échantillon a prouvé effectivement que le métal était du platine, et la roche de la Largentière d’une couleur vert-jaunâtre, passant au gris avec des taches et des veines noires, et très semblables en tout à la serpentine qui se trouve près de Tœplitz et en Saxe.

Cette découverte vient encore à l’appui de l’observation faite par M. Boussingault en Amérique.

Nouvelles notes relatives à l’origine volcanique des bitumes minéraux, par M. Virlet.

J’ai cherché, à l’aide des notes que j’ai dernièrement communiquées à la Société sur les bitumes minéraux et leur mode de formation, à démontrer par toutes les circonstances qui les accompagnent ordinairement, qu’ils ont une origine volcanique (voy. p. 203) ; je viens de lire dans le recueil des Actes de l’Académie impériale des sciences de Saint-Pétersbourg (séance publique du 29 décembre 1830, in-4o, Pétersbourg, 1831), un rapport sur un voyage à Bakou, de M. Lenz, dans lequel ce savant a été conduit, par la seule observation des faits, 11 attribuer aussi au naphte une origine volcanique.

Le sol pseudo-volcanique des environs de Bakou, les salses, jetant souvent des torrens de boue qui couvrent quelquefois des champs entiers, les feux perpétuels, les nombreuses sources de naphte jaillissant du sol, qu’on y observe de toutes parts, circonstances qui rendent cette contrée si célèbre en Orient ; enfin ces irrégularités de la mer Caspienne, pour lesquelles il n’a encore été donné aucune explication rationnelle, déterminèrent, au commencement de 1830, l’Académie de Saint-Pétersbourg à y envoyer M. Lenz, l’un de ses membres, pour y faire des observations sur ces divers phénomènes. J’ai cru qu’il serait intéressant, pour achever d’éclairer la question de l’origine des bitumes, de rapporter les passages de ce Mémoire qui viennent tout-à-fait à l’appui de notre opinion ; voici comment s’exprime M. Lenz :

« Après avoir parlé de la configuration géognostique de cette contrée en général, je vais m’occuper du caractère particulier des environs de Bakou, et nommément de leur nature pseudo-volcanique. Il n’existe peut-être aucun lieu sur la terre qui soit plus propre adonner une idée claire de ce genre de formation : cependant, ce n’est pas seulement aux environs de Bakou que l’on rencontre les pseudo-volcans, car mes compagnons de voyage, MM. Ménétries et Meyer, qui ont poussé ensuite leurs recherches plus au sud jusqu’à l’embouchure du Koura, y ont également observé le même phénomène ; on le retrouve encore dans quelques petites îles voisines de la côte occidentale de la mer Caspienne, et même, s’il faut en croire d’autres notices, il en existerait aussi sur la côte opposée. L’une des îles principales, à l’embouchure du Koura, doit sans doute son existence aux irruptions de semblables volcans, ainsi que semble l’indiquer son nom de carreau calciné. »

Enfin, après avoir décrit le pseudo-volcan situé au sud du village d’Iokmali, dont j’ai parlé dans mes notes, et celui situé au sud de Bakou[1] près de deux montagnes, connues des marins sous le nom d’oreilles de Bakou, à cause de leur forme étrange, et avoir donné quelques détails sur les champs bourbeux des environs, M. Lenz arrive aux feux, nommés perpétuels, et aux sources de naphte.

« J’ai déjà dit que ces feux ont un rapport intime avec les phénomènes pseudo-volcaniques, rapport qui existe également entre ceux-ci et le naphte, qui tantôt est lancé avec la bourbe argileuse, comme cela a lieu au village de Balkhany, tantôt pénètre les morceaux d’ardoise argileuse et de grès que vomissent les volcans, et sur lesquels on le reconnaît, soit par l’odeur, soit par les petits points noirs qu’il y forme. Il paraît donc, d’après cela, que tout l’intérieur du sol de la presqu’île d’Abcheron est tellement, imprégné de naphte, qu’en quelques endroits il jaillit de la terre ; dans ceux où il est moins abondant, il n’arrive à la surface, ainsi que les autres matières, que par les violentes éruptions qui se font jour à travers les masses d’argile amollie. Les feux perpétuels sont dans les environs de Bakou, et les plus remarquables se trouvent surtout dans deux endroits. Les uns, moins considérables et moins connus que les autres, appelés les petits feux, et auxquels on arrive en franchissant la crête occidentale vers le sud-ouest de Bakou, la vallée sablonneuse déjà mentionnée, et enfin en montant la côte de grès, à droite de cette vallée ; ils occupent sur le sommet une excavation, qui, lorsque nous la visitâmes, était transformée en un marais par les eaux que produit la fonte des neiges. La flamme de ces feux était éteinte, et le gaz qui les alimentait auparavant se dégageait en bulles dans l’eau, ou s’échappait, avec un bruit assez fort, par quelques ouvertures plus élevées et restées à sec dans le sol glaiseux. L’odeur dominante de ce gaz était celle du naphte ; la vapeur de naphte qui s’échappe de ce gaz et la fumée qui vraisemblablement en résulte, est seulement ce qui distingue ces feux de ceux qui se trouvent à 12 verstes à l’E.-N.-E. de Bakou.

« Ceux-ci, nommés Atech-gah (foyers), sont sur une bien plus grande échelle, et sont ceux que tous les voyageurs citent comme la chose la plus curieuse ; ils ont acquis dans l’Orient une si grande célébrité, que, de nos jours encore, ils ont attiré du fond des Indes vingt descendans des anciens Guèbres, sectateurs de Zoroastre, qui adorent la divinité dans ces feux perpétuels, et y accomplissent les vœux les plus singuliers avec une persévérance digne des pieux cénobites des premiers siècles du christianisme

« Les feux de l’Atech-gah sont dans une vaste enceinte de forme elliptique, et s’échappent du milieu d’un calcaire coquillier, à l’extrémité N.-O. de l’ellipse, dont le grand axe est dirigé du N.-O. au S.-E. La plus grande partie des feux se trouve dans la cour du bâtiment des Indiens, pentagone irrégulier, où l’on entre par une porte surmontée d’une espèce de tour. Les flammes principales sortent de quatre piliers creux, d’environ 25 pieds de hauteur, et forment les quatre angles d’un petit temple placé au milieu de la cour ; elles paraissent avoir deux pieds le jour, et trois pendant la nuit ; leur intensité est si grande, qu’elles répandent assez de clarté pour lire à une verste de distance dans une nuit obscure. Il existe encore dans l’enceinte, outre le petit écoulement qui s’opère dans les cellules des Indiens, 25 ou 26 autres feux qui répandent une assez forte chaleur, et une odeur d’esprit-de-vin très prononcée, mais sans aucune odeur de soufre ou de naphte.

« C’est à l’extrémité N.-O. de cette enceinte elliptique, à 45 pieds au-dessous de l’Atech-gah, et à 19 pieds seulement au-dessus du niveau de la mer Caspienne, que se trouvent les seize puits de naphte blanc, les seuls que possède la contrée ; ce naphte diffère du noir par une couleur verdâtre plus claire, par une odeur moins désagréable, par son extrême fluidité, et sa grande volatilité. La profondeur moyenne des puits jusqu’au naphte est de 15 pieds.

« Le naphte noir pétrole pénètre à la surface de la terre dans un grand nombre d’endroits, mais le lieu principal est près du village de Balkhani, au N.-E. de Bakou. Il y a 82 sources qui fournissent 20,300 pouds de naphte par mois (243,600 pouds, ou environ 40,194 quintaux par année). Il à une couleur brun-verdâtre, une odeur pénétrante et désagréable ; plus de consistance que le naphte blanc, et s’attache fortement aux doigts quand on le touche. Au fond de quelques puits, et notamment dans celui de Khalafi, qui fournit la plus grande source, on entend distinctement le bruissement occasioné par l’ascension des bulles de gaz hydrogène carboné qui l’accompagne.

« L’apparition simultanée du gaz et du naphte, la proximité des points de la presqu’île d’Abcheron, qui sont le théâtre principal de ces deux phénomènes, la présence de tous deux dans les éruptions des pseudo-volcans, suffisent pour expliquer clairement la correspondance souterraine de ces phénomènes qui caractérisent la presqu’île d’Abcheron et la distinguent de toutes les autres contrées. Mais, ajoute en terminant M. Lenz, ou se trouve le foyer de l’action volcanique que les trois éruptions de bourbe, de naphte et de gaz, nous annoncent, et quelle en est la cause ? c’est ce qu’il est impossible de déterminer avec précision ; aussi m’abstiendrai-je de toute hypothèse à ce sujet dans ce court aperçu, pour m’en tenir, ainsi que je l’ai fait, à la description des phénomènes, et à l’indication de la correspondance intérieure qu’ils ont entre eux. Quant aux deux espèces de naphte, je ferai observer que le naphte blanc n’est qu’un produit de la distillation du noir, et qu’il est facile de l’obtenir en distillant celut-ci.

« Si l’on voulait appliquer aux sources de Bakou le calcul que j’ai fait au sujet de celles de l’île de Zante (p. 210), calcul qui a démontré que tous les débris végétaux de la surface du globe n’auraient pu suffire à alimenter ces sources depuis qu’elles existent, on verrait bien mieux encore ici, où il se recueille annuellement 800 fois plus de bitume qu’à Zante, combien l’explication de leur origine organique est incompatible avec les faits, et qu’il suffit de réfléchir un peu pour reconnaître le peu de fondemens sur lesquels cette hypothèse repose.

« Je crois devoir, en terminant, dit M. Virlet, ajouter encore quelques détails sur l’origine du bitume du lac Asphaltite, qui prouvent que même les anciens regardaient déjà cette substance comme un produit volcanique. Ainsi Strabon dit : « que le lac est plein d’asphalte, qui, à des époques régulières, se détache du fond des eaux, et jaillit en bouillonnant à leur surface ; alors les flots écumans se relèvent en pyramides et présentent, en se gonflant, le spectacle d’une colline, dont le sommet vomit des cendres, et se couvre de nuages de vapeurs qui ternissent l’argent, le cuivre, et tous les corps métalliques, excepté l’or. » Cette description me paraît évidemment indiquer qu’il y a eu à différentes époques dans le lac Asphaltite des éruptions sous-marines, accompagnées de dégagemens de gaz hydro-sulfurique, qui, à l’exception de l’or, à la propriété de ternir tous les métaux.

« Tacite rapporte aussi que l’asphalte s’élève à la surface des eaux du lac Asphaltite, qu’il y nage pendant quelque temps, et que les habitans du pays emploient différens procédés pour le coaguler. Dioscoride dit également que le bitume de Judée était. très estimé, et qu’on le reconnaissait au reflet couleur de pourpre qu’il offrait aux regards, lorsqu’on l’exposait à la lumière du soleil. Aujourd’hui ce sont les Arabes qui le recueillent, sous le nom de Karabé de Sodome ou Baume des moines ou des funérailles ; ils en vendent la plus grande. partie à Jérusalem, et se servent du reste pour calfater leurs canots et leurs navires. Les manufacturiers de Damas l’emploient pour enduire les étoffes, et en faire des toiles, ou des draps imperméables.

« Tous les récits des voyageurs, aussi bien que les passages des historiens de l’antiquité, semblent démontrer que le lac Asphaltite a été le siège de grands phénomènes volcaniques, et tous les écrivains, tant profanes que sacrés, s’accordent à dire qu’il existait autrefois sur les bords de cette mer de grandes villes qui ont été englouties, et dont on prétend qu’on retrouve encore des débris sous les eaux. D’autres phénomènes volcaniques paraîtraient s’y être encore manifestés plusieurs fois depuis les temps historiques, car les eaux semblent, d’après les passages de quelques auteurs, avoir été quelquefois élevées à une très haute température : ce n’est du moins qu’à l’aide de cette hypothèse que pourraient s’expliquer les contradictions des voyageurs sur cette température ; ainsi Strabon dit positivement, que ceux qui sont allés bien avant dans le lac ont été brûlés jusqu’à la ceinture, et Pokole pense que l’on court risque de s’y brûler, tandis que plusieurs voyageurs ont pu s’y baigner impunément ; au reste presque tous les auteurs s’accordent à regarder l’asphalte comme un produit des feux souterrains. »

M. Boubée lit un Mémoire sur le creusement des vallées à plusieurs étages.

L’auteur se pose trois questions : 1o Trouve-t-on des vallées à plusieurs étages, sur plusieurs points du globe, ou seulement dans quelques localités spéciales ? Selon M. Boubée, toutes les grandes vallées de France offrent des étages très marqués, et il les a lui-même observés dans les vallées de la Seine, de la Marne, de la Loire, de la Garonne, du Rhône, de l’Allier, de l’Aveyron, du Tarn, du Lot, de l’Aude, du Gers, de l’Adour, du Gade de Pau, et divers auteurs signalent le même phénomène dans plusieurs vallées d’Europe, et aussi dans plusieurs grandes vallées du nouveau continent.

Ces vallées sont-elles toujours accompagnées de caractères constans que l’on puisse observer dans chacune d’elles ? M. Boubée décrit les vallées de la Seine et de la Marne, et fait voir que les circonstances topographiques qui caractérisent ces vallées, qu’il choisit pour types à cause de leur proximité de la capitale, se retrouvent les mêmes dans les autres vallées de la même classe. Ces caractères sont : que l’étage inférieur qui borde la rivière, et qui très souvent est couvert de prairies, est une plaine régulière, moins large que les plaintes qui constituent les autres étages, et qu’elle est formée d’un terrain plus fertile et moins caillouteux ; enfin que les cailloux qu’on y rencontre sont moins volumineux, et que cette plaine s’élève au même niveau à droite et à gauche du lit de la rivière… que les autres étages sont demeurés d’autant plus larges, qu’ils sont plus élevés, et que l’abondance et le volume des cailloux roulés y augmente, tandis que la fertilité du terrain diminue dans le même rapport.

M. Boubée fait remarquer plusieurs autres circonstances de ces vallées, en examinant le cas où elles sont bordées par des collines abruptes, et il est conduit à cette conclusion : que les vallées à plusieurs étages offrent toutes une série nombreuse de caractères constans qui se retrouvent dans chacune d’elles.

Peut-on rationnellement attribuer le fait général des vallées à plusieurs étages à quelque cause générale qui ne soit pas en dehors des lois physiques du globe ?

M. Boubée cherche à prouver que chaque étage de ces vallées offre les mêmes caractères que le lit du fleuve actuel, et dès lors il considère chaque étage comme ayant été autrefois le lit même de la rivière ; et trouvant que chaque étage plus élevé, et par cela même plus ancien, est plus large, et couvert de cailloux plus abondans et plus volumineux, il en conclut que le fleuve qui l’occupait était plus volumineux dans le même rapport. Il croit même qu’on pourrait évaluer approximativement le volume de ces anciens fleuves, parce qu’il y a, dit-il, des rapports nécessaires, susceptibles d’être analysés par le calcul, entre le volume moyen des eaux d’une rivière, sa vitesse moyenne, la pesanteur moyenne des galets, qu’elle charrie, et la largeur et profondeur du lit qu’elle occupe.

M. Boubée recherche ensuite, très au long, l’origine et la source de ces grandes eaux ; il distingue celles qui ont creusé le premier étage, qui est le plus large et le plus élevé. Ce sont, d’après lui, les eaux diluviennes, tandis que les étages inférieurs sont dus à des eaux postdiluviennes, et à ce sujet l’auteur cherche à prouver la réalité d’un déluge universel ; il cite un grand nombre de faits comme autant de preuves certaines ; il insiste surtout sur la dénudation opérée, dès lors du platine, et des pierres précieuses dont les terrains diluviens renferment de grandes quantités, bien que ces substances ne se trouvent naturellement qu’en petits filons très rares, et peu abondans : il a fallu, dit-il, une grande destruction de roches pour mettre à nu cette quantité inépuisable de ces matières précieuses, que renferment les dépôts diluviens.

Après avoir cherché à prouver la réalité du cataclysme général, qu’il appelle le déluge des géologues, pour le distinguer du déluge mosaïque, beaucoup plus moderne, selon lui, M. Boubée recherche les causes de ce déluge, et il développe à ce sujet les idées qu’il a déjà émises dans sa géologie populaire ; il entre ensuite dans des détails à peu près analogues pour justifier l’existence et la source des eaux postdiluviennes, auxquelles il attribue les étages inférieurs de ces vallées, et il résume ainsi son Mémoire :

1° On peut distribuer les vallées qui sillonnent le globe en deux grandes sections : les vallées d’érosion, et les vallées de dislocation. On peut distinguer dans les vallées de dislocation des vallées de fendillement, et des vallées de soulèvement, et dans les vallées d’érosion, des vallées sans étages, et des vallées à plusieurs étages. Ce Mémoire n’a eu pour objet que de présenter quelques observations sur les vallées à plusieurs étages, qui sont d’ailleurs les plus grandes et les plus nombreuses.

2° On trouve des vallées plusieurs étages sur toutes les parties du globe, et elles offrent toujours des caractères semblables et constans qui permettent d’établir entre elles les mêmes comparaisons, les mêmes rapprochemens, et qui dénotent qu’elles ont toutes une même origine, qu’elles dépendent toutes d’un même mode d’érosion.

3° Le nombre des étages n’est pas le même dans toutes les vallées ; mais le premier, ou le supérieur, est toujours incomparablement plus grand que tous les autres.

4° Chaque étage est comparable à un lit de rivière, et il est recouvert par-dessous la terre végétale, ou pêle-mêle avec elle de gravier, comme le lit d’un fleuve.

5° La largeur des étages augmente de l’inférieur au plus élevé, et le volume moyen du gravier de chaque étage augmente dans le même rapport, de telle sorte que l’étage inférieur, ou le plus rétréci, a le moindre gravier, tandis que l’étage supérieur, ou le plus élargi, a le gravier le plus gros et le plus pesant.

6° Ces divers étages paraissent ne pouvoir être attribués qu’à l’érosion des eaux, et leurs formes et leurs dimensions nous représentent les cours d’eaux qui les ont remplis ; d’où il résulte que nos grandes vallées ont été occupées par des fleuves beaucoup plus volumineux que ceux qui les arrosent aujourd’hui, et que ces anciens fleuves ont éprouvé plusieurs diminutions successives dans le volume de leurs eaux :

7° Le premier étage de ces vallées, celui qui est le plus élevé et en même temps le plus élargi, et dont la largeur est même disproportionnée dans toutes les vallées à la largeur des autres étages, ne saurait être attribué qu’à un déluge général résultant de l’éruption violente des mers sur les continents.

8° La réalité d’un tel déluge, que prouveraient suffisamment les étages de ces vallées et leur direction généralement parallèle, ne saurait plus être mise en doute, lorsque se réunissent encore pour le démontrer, soit la dispersion des blocs erratiques, soit l’accumulation des pierres roulées sur toutes les parties du monde et à des élévations que les eaux communes n’ont pu jamais atteindre, soit le dépouillement des matières précieuses que l’on trouve rassemblées en dépôts inépuisables au milieu des sables et des cailloux de transport, soit le nivellement des grandes contrées formées de roches dures et de couches plus ou moins verticales, soit enfin les traces de dislocation que les roches conservent encore à l’extérieur sans que la masse intérieure en soit affectée.

9° à ces preuves, qui suffiraient chacune pour attester la réalité d’un cataclysme général, se joignent trois autres circonstances qui leur donnent un nouveau degré de certitude et permettent d’apprécier la cause, le mode, et l’origine du cataclysme ; c’est, d’une part, la disparition de plusieurs races de grands animaux à l’époque de ces dépôts diluviens ; en second lieu le gisement des débris de ces animaux dans les régions les plus froides du globe, tandis qu’ils dûrent habiter les zones les plus chaudes ; et en troisième lieu l’apparition des aérolithes à la même époque, aérolithes dont la terre n’a cessé de recevoir depuis lors de nouveaux fragmens, tandis qu’elle n’en avait point reçu jusqu’alors.

10° Quant aux étages inférieurs, ils sont dus évidemment à des eaux post-diluviennes. Les sources naturelles de ces grandes eaux, qui ont dû être jusqu’à cent fois plus volumineuses que celles des fleuves actuels, peuvent se prendre dans l’évaporation très grande qui dut avoir lieu sur le globe, après l’inondation générale, dans le déversement d’un grand nombre de lacs formés momentanément lors du grand cataclysme, et enfin dans le soulèvement des montagnes, qui ont dû occasionner de grandes inondations locales sur divers points du globe.

M. de Beaumont fait observer à M. Boubée que la présence non encore reconnue des aérolithes dans les terrains antédiluviens ne lui paraît pas être un caractère négatif sur lequel on puisse s’appuyer en géologie ; que d’ailleurs, M. Gaymard a reconnu une masse de fer métallique dans les calcaires jurassiques des bords du Rhin, qui pourrait bien avoir été une véritable aérolithe.

Sur l’observation de M. Boubée qu’on n’y a pas constaté la présence du nickel et du cobalt, M. Virlet lui fait observer que la présence ordinaire de ces deux métaux dans les aérolithes, n’est pas un caractère absolu, puisqu’on en a trouvé plusieurs où il n’y en avait aucune trace ; que, d’ailleurs, les chutes d’aérolithes, que tout porte à faire considérer comme un phénomène indépendant de tout ce qui peut se passer ou a pu se passer sur notre globe, ne pouvant être assimilées à des époques géologiques, et étant très rares à la surface de la terre, il n’est pas étonnant qu’on n’en ait pas encore constaté dans intérieur des couches, où un nombre infiniment petit de naturalistes font des observations rares, comparativement à celles qui peuvent se faire journellement à la surface du sol.

Cette discussion, que prétend soulever M. Boubée, parait donc à M. Virlet devoir ressembler à la question qui, il y a dix ou douze ans, occupait tant de géologues, celle de savoir si les houilles étaient ou n’étaient pas d’origine végétale ; les uns admettaient cette origine ; les autres, se fondant sur ce que, disaient-ils, certains terrains houillers n’offraient aucunes traces de fossiles, la niaient complètement ; mais des observations mieux faites et plus multipliées sont venues prouver depuis que argument sur lequel ces géologues s’appuyaient n’était aucunement fondé, Il en sera de même des aérolithes ; dès qu’on en aura constaté positivement une, la question sera tranchée : mais il était nécessaire de provoquer l’attention des personnes qui observent, car il arrive fort souvent en géologie, science purement d’observations, qu’on ne voit bien que ce que l’on cherche.

M. Deshayes fait connaître à la Société que M. Ladoucette, dans son Histoire topographique des Hautes-Alpes, a inséré, p. 565, une liste de fossiles découverts au-dessus du village de Chaillol et de la montagne de Faudon, où il a reconnu, avec quelques fossiles de la craie et quelques espèces nouvelles, un grand nombre de coquilles du terrain tertiaire parisien, ce qui lui paraît devoir bien constater la présence, dans cette contrée, du terrain tertiaire inférieur.

Il fait remarquer que MM. Lyell et Boué, dans leurs cartes des terrains tertiaires, avaient indiqué aux environs de Gap un petit bassin tertiaire dont l’âge était resté incertain : que les fossiles qui lui ont été communiqués, caractéristiques des terrains parisiens, ne laissent plus aucun doute à cet égard ; et qu’on ne doit pas s’étonner de l’éloignement des lieux, puisque les bassins de Londres, de Belgique, de Valogne, de Castel-Gomberto, et les formations de la Gironde, appartiennent à la même époque.

M. Élie de Beaumont prend, à ce sujet, la parole, et dit que la communication de M. Deshayes est très importante quant à la localité dont il s’agit, car elle tendrait à faire ranger dans le terrain tertiaire de Paris des couches, qui jusqu’alors avaient été regardées comme appartenant aux terrains de transition ; il rappelle qu’il a lu, il y a déjà plusieurs années. à la Société d’histoire naturelle de Paris, un Mémoire dans lequel il annonçait que ce pouvait bien être de la craie supérieure. La question est donc de savoir si c’est dans la craie ou dans le terrain tertiaire qu’il faudra ranger ce terrain coquillier. D’abord, tous les fossiles que M. Deshayes a indiqués, aussi bien ceux du terrain tertiaire que ceux de la craie, parmi lesquels se trouve le Pentacrinites basaltiformis, etc., appartiennent à la même formation. Il lui paraît douteux que les deux espèces nouvelles de nummulithes aient été reconnues bien positivement aux environs de Laon. Il est bien vrai que, parmi les fossiles déterminés, la plus grande partie appartient au terrain tertiaire, qu’une autre appartient à la craie, et enfin une troisième sont des espèces nouvelles qui peuvent appartenir aussi bien à l’une qu’à l’autre formation ; mais il n’en est pas ainsi dans toutes les localités, et M. de Beaumont pense qu’elle est même exceptionnelle, et que, si l’on réunissait tous les fossiles des autres localités, la majorité numérique des fossiles appartiendrait à des espèces différentes de celles du terrain parisien. Ainsi, la question ne peut se résoudre par cette localité là seule, qui est la même que celles du Collet et des Basses-Alpes, et s’étend, d’après M. Pareto, jusqu’à Gênes ; c’est la même chose que les Diablerets, que M. Brongniart regarde comme du calcaire grossier ; c’est encore la même chose que la mine de houille d’Entrevernes, et que les terrains décrits par M. Studer dans les cantons de Vaud et de Fribourg ; ce qui ne veut pas dire que tout cela soit la même couche, mais seulement la même formation.

M. Deshayes pense qu’en assimilant le dépôt coquillier des environs de Gap à celui de Gosau, c’est commettre une grave erreur ; car il n’y a pas à Gosau une seule espèce des environs de Paris, pas même du terrain tertiaire ; et, en effet, il a examiné attentivement la première collection rapportée de Gosau par MM. Sedgwick et Murchison, où il a pu reconnaître un grand nombre d’espèces, et qu’aucune n’a son analogue dans les terrains tertiaires ; il pense donc que la question est résolue quant à cette localité.

Relativement aux nummulites, M. Deshayes observe que lorsqu’on les lui fit voir pour la première fois, il les compara avec celles du calcaire grossier proprement dit, et il les trouva d’espèces différentes, ce qui est incontestable ; mais que depuis il compara les deux espèces de Gap avec celles qui sont si abondantes dans les sables du Soissonnais, et qu’il trouva une identité parfaite entre les individus des deux localités. Quant aux polypiers, ajoute M. Deshayes, parmi les espèces citées comme nouvelles, quelques unes ont leurs analogues dans le calcaire grossier de Valogne ; et il faut toujours se souvenir que ces animaux ont une distribution un peu différente de celle des mollusques, qu’ils sont plus circonscrits dans les localités, et que, dans chacune d’elles, on trouve un certain nombre d’espèces, quoique toutes ces localités soient du même âge géologique.

M. Deshayes croit que les polypiers dont il est question appartiennent au calcaire grossier, tandis que la tige d’encrinite, d’après les renseignemens obtenus, appartiendrait à des couches différentes qu’il suppose dépendre de la craie.

M. de Beaumont ajoute que les coquilles citées occupent précisément la partie inférieure, et reposent immédiatement sur des couches du système jurassique aux Diablerets, dans les Basses-Alpes, à Nice ; c’est à la partie inférieure de la craie que se trouvent ces couches coquillières ; c’est une des allures générales de la formation ; il y a, pour ainsi dire, fusion entre ces fossiles et ceux de la montagne de Fis, de Corbières ; et l’on peut assurer qu’elles se trouvent depuis le lac de Lucerne jusqu’à Nice. La question devra donc être résolue d’un seul coup pour toutes les localités intermédiaires.

M. Dufrénoy rappelle à ce sujet qu’il a publié, il y a déjà plusieurs années, un Mémoire sur le terrain de craie du Midi, dans lequel il a montré positivement qu’il existait des coquilles évidemment tertiaires (telles que la Crassatella tumida, la critina perversa, des cérites, quelques exemplaires de cyprées, de cônes, etc.) ; que le mélange de ces coquilles dans la même couche solide ou au-dessous de couches solides, avec des coquilles aussi évidemment crétacées, et même l’adhérence entre quelques uns de ces fossiles, ne peuvent laisser supposer qu’ils appartiennent à des couches différentes, et encore moins à des terrains différens. M. Dufrénoy rappelle aussi que M. Brongniart, chargé par l’Académie d’examiner son travail, a reconnu l’exactitude de ces faits, et les a consignés dans son rapport. Ce n’est pas dans une seule localité, mais bien dans plusieurs, qu’il a trouvé cette réunion de fossiles qui ne marchent pas ordinairement ensemble. Il faudra donc admettre que le Pecten quinquecostatus appartient au terrain tertiaire, ou la Crassatella tumida à la craie.

Il ajoute que MM. Murchison et Sedgwick avaient émis l’opinion que cette formation pouvait bien être entre la craie et le terrain tertiaire ; que les couches qui contiennent tous les fossiles cités n’ont que deux à trois pieds, et que le terrain tertiaire reposant en couches horizontales au-dessus de ces couches inclinées, il y a impossibilité de réunir les deux systèmes ; M. Dufrénoy ne rejette pas l’idée que ce soit un terrain intermédiaire ; mais quand, sur une très grande étendue, des couches reposent d’une manière aussi constante que dans le cas dont il s’agit sur des couches très inclinées, cette superposition lui paraît un des caractères les plus prononcés, et un de ceux qui forment les bases fondamentales de la géologie.

M. Deshayes pense qu’il n’y a pas de cadre intermédiaire entre le calcaire grossier et la craie, en y comprenant Maëstricht, et Ciply, où on ne trouve aucune espèce qui soit identique avec le calcaire grossier.

M. Dufrénoy répond que, de même que la craie n’est pas complète à Meudon, elle pourrait aussi n’être pas complète à Maëstricht.

M. de Beaumont ajoute que, puisqu’on a reconnu un certain nombre d’espèces identiques entre les deux étages tertiaires, il ne voit pas pourquoi la même chose n’aurait pas eu lieu entre la craie et le terrain tertiaire ; M. Deshayes ne rejette pas cette hypothèse comme impossible, mais seulement il dit que jusqu’à présent les observations manquent ; enfin, M. de Beaumont lui répond que le fait qu’il a tout récemment observé à Bougival et à Port-Marly, où on trouve des milliolithes dans la craie supérieure, montre que la liste des fossiles de la craie est incomplète.

M. Deshayes observe que ce que vient de dire M. de Beaumont relativement à la craie de Bougival et de Marly n’a que peu d’importance dans la question des environs de Gap ; qu’il n’est pas certain que le corps fossile cité comme milliolithe appartienne réellement à ce genre, et que, quand même il devrait en faire partie, cela ne prouverait rien, puisque M. Deshayes a été le premier à dire et à répéter que les genres n’ont rien d’important dans leur distribution, mais qu’il n’en est pas ainsi des espèces ; il faudrait donc, pour que l’observation de Bougival eût quelque portée dans la discussion actuelle, que la milliolithe en question fût en réalité une vraie milliolithe, et qu’elle fût identique avec une du terrain tertiaire ; dès lors il y aurait la preuve du mélange des fossiles des deux terrains ; mais cette preuve n’est pas donnée, comme on le voit, par la craie de Bougival.

M. de Beaumont fait observer que la question de la contemporanéité des couches qui renferment un certain nombre d’espèces tertiaires dans les Alpes et les Pyrénées, avec la craie ou le calcaire grossier, ne lui paraît pas susceptible d’être résolue par la seule considération de l’identité de quelques espèces de coquilles, attendu que ces couches se sont déposées dans des bassins qui peuvent n’avoir eu que des communications très éloignées avec ceux où s’est déposée la craie du nord de l’Europe. Rien ne s’oppose à ce qu’on admette qu’à l’époque du dépôt de la craie blanche du nord de la France et de l’Angleterre, le midi de l’Europe était baigné par une mer dont les habitans différaient autant de ceux de la mer qui s’étendait sur le nord, que ceux de la mer Pacifique diffèrent de ceux de la mer des Antilles, ou que ceux de la mer Rouge diffèrent de ceux de la Méditerranée. Les êtres marins qui, pendant la période du calcaire grossier, ont peuplé les mers de l’Europe, pouvaient très bien, pendant la période de la craie blanche, exister déjà en partie dans les mers qui baignaient alors le midi de l’Europe.

M. de Beaumont pense que, même indépendamment de cette considération de géographie géologique, on ne pourrait classer les couches alpines dont il s’agit, qu’après leur avoir appliqué la méthode des proportions numériques que M. Deshayes a si heureusement appliquée aux divers étages tertiaires, et il croit que l’application de cette méthode conduirait plutôt à séparer les couches en question du calcaire grossier qu’à les en rapprocher. N’ayant pas visité Gosau, il ne peut soutenir aucune opinion relativement aux rapports précis des couches qu’on y observe avec celles des environs de Gap.

M. Deshayes répond à M. de Beaumont que l’on peut considérer, quant à présent, comme une ingénieuse hypothèse ce qu’il vient de dire sur la distribution des mers à l’époque de la craie ou du calcaire grossier ; mais que, relativement à l’application de la méthode des proportions numériques, pour qu’elle soit bien faite, il serait nécessaire que les observations, fussent plus complètes et plus nombreuses. M. Deshayes ajoute qu’il croit qu’il y a dans les environs de Gap deux terrains, l’un tertiaire, de l’époque parisienne, et l’autre dépendant de la craie ; que ces deux terrains sont réunis en une seule formation par M. Élie de Beaumont ; il pense qu’ils peuvent être séparés, si ce n’est par l’emploi exclusif des moyens géologiques, du moins par ceux que fournit l’usage rationnel de la zoologie. Tout consiste donc à savoir, dans cette question, si les espèces fossiles de la craie sont mélangées dans toutes les couches du système avec celles du terrain tertiaire.

M. Deshayes conclut de ce qui a été dit à ce sujet, que l’incertitude dans la question vient de la difficulté de séparer, sur le terrain, des couches d’une apparence semblable, mais, en réalité, appartenant à deux époques zoologiques très distinctes.

M. Élie de Beaumont répète que les fossiles des environs de Gap, que M. Deshayes voudrait partager entre la craie et le calcaire grossier, sont mélangés dans les mêmes couches et sont nécessairement contemporains.



  1. Ce pseudo-volcan formait un cône de 200 pieds de haut, qui s’est en partie éboulé en 1827, et paraît avoir lancé, outre des boues et des pierres de différente nature, des espèces de scories.