Caroline et Saint Hilaire, ou Les putains du Palais-Royal/00-1

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Avis du traducteur

AVIS

DU TRADUCTEUR.



Je suis persuadé que le plus grand nombre des lecteurs va révoquer en doute la certitude que cet ouvrage soit une traduction de l’italien. Comment peut-il se faire, vont-ils dire qu’un ouvrage dont la scène paraît se passer en France, à Paris même, dont la topographie est si exacte, dont tous les caractères et les noms sont français, ait été composé et imprimé en Italie ? Cette objection, la seule qui puisse être vraisemblablement proposée, va tomber d’elle-même par les réflexions suivantes : d’abord, je pourrais dire les mémoires de la célèbre C…m, où n’ont-ils pas été imprimés, en Allemagne avant de l’être en France ? Mais il n’y a pas entièrement parité, diront les critiques, puisqu’alors il faudrait que l’héroïne fut française et que seulement l’ouvrage eût été imprimé en italien ; aussi je ne m’arrête pas beaucoup à mon argument ; mais n’est-il pas vrai que souvent, et même presque toujours, les auteurs qui craignent que l’on arrête leur écrit, ou qui attaquent des personnes dont ils ont à craindre le ressentiment, changent le lieu de la scène et feignent qu’un évènement qui se passe près d’eux, a lieu au contraire chez une nation étrangère, dont ils donnent les caractères, les mœurs, les noms à leurs héros ? Tous les ouvrages allégoriques sont faits de cette manière. Voyez les Lettres d’Aspasie, les Lettres Persanes, etc., etc. Eh bien ! chers lecteurs, il en est de même de cet ouvrage, les événemens ont eu lieu en Italie, et l’éditeur italien, que je connais particulièrement, pour déjouer les poursuites de son héroïne, affirme que cette histoire très-véritable s’était passée en France et c’est pour cela qu’il a si bien suivi la topographie. Il paraît quoiqu’il en soit que cet éditeur est aussi habile géographe qu’énergique historien ; car il faut avouer qu’il désigne juste ; au surplus une autre raison, non moins convaincante que les précédentes qui triomphera absolument des incrédules, s’il y en avait encore après ce que je viens de dire, c’est qu’il est impossible que parmi nos nouvelles parvenues françaises, il s’en trouve d’aussi dévergondées que Caroline et qu’en conséquence il n’est pas possible que cette héroïne soit française. Que l’on demande plutôt aux riches fournisseurs Lisette N.... Catiche N… Goton N.... Nanette N.... Toutes brillantes parvenues et qui connaissent bien toutes les dames de la nouvelle France ; elles vous diront que si on attribue de pareils passe-temps à quelques-unes d’elles, ce serait mentir de presque moitié, après cela chers lecteurs vous êtes convaincus, je pense ; ainsi je me tais.


Noc ed Liop.