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Cham - Albums du Charivari/Promenade à l’Exposition (1858.)

La bibliothèque libre.
Journal le Charivari (6p. 181--).

Promenades
Promenades
À L’EXPOSITION

Par Cham
Par Cham



— Monsieur, les cartes d’entrée sont personnelles,
il faut que vous ayez deux témoins pour prouver que
vous êtes bien la personne désignée sur la carte.
Autrement vous ne pouvez pas entrer
.


Paris
Paris
AU BUREAU DU JOURNAL LE CHARIVARI,
16, RUE DU CROISSANT.
filet
filet
Paris. Typographie Plon frères, rue de Vaugirard, 36.
PREMIÈRE VERRIÈRE.

L’Exposition universelle envoyant promener les exposants qui arrivent trop tard.

DEUXIÈME VERRIÈRE.

L’Exposition universelle cherchant à ravigoter les exposants amollis par les grandes chaleurs.

— Ces machines-là ne sont pas faites à la corpulence de tout le monde. Fallait pas m’y faire entrer avant de vous assurer si vous pourriez m’en faire sortir.

— Tiens, maman, c’est amusant de tourner là dedans.

— Madame, votre enfant vient de faire tourner le compteur quinze fois, vous devez par conséquent 15 fr.

Les surveillants de l’Exposition obligés par ces chaleurs de veiller sur les appareils réfrigérants, dans la crainte que l’on ne s’introduise dedans.
NOUVELLE INDUSTRIE.

— Dix francs pour moi et ma femme, c’est trop pour ma bourse.

— Mon bourgeois, entrez tout seul, ça vous coûtera cinq francs ; je vous garderai votre femme pour quatre sous jusqu’à ce que vous sortiez, les parapluies compris.

— Ça une cafetière ?

— Oui, monsieur, elle fournit mille tasses à la minute.

— Fournit-elle aussi les cuillères ?

— Dieu ! que c’est dégoûtant ! Et il est défendu d’y toucher encore ! En voilà une naïveté !

— Viens donc par ici, mon ami, ce sont les verroteries.

— Pour rien au monde, ça me ferait mal ! Des bouteilles vides ! ça m’a toujours fait horreur à voir.

— Tu salue ce fabricant ? Mais tu ne le connais pas !

— Ça ne fait rien, il est toujours prudent d’être bien avec un gaillard qui a l’habitude des armes.

— Monsieur, c’est une poudre de chasse de ma fabrication. Elle est tellement bonne que nous avons toutes les peines du monde à l’empêcher de faire explosion à chaque instant.

— Pardon, monsieur, pourriez-vous m’indiquer la porte de sortie la plus proche ?

— Sortir d’ici quand nous n’avons pas tout vu, pour être obligés de revenir payer encore demain ? pas si bêtes ! Nous avons nos provisions, nous nous installons à l’Exposition pour quatre ou cinq jours sans en sortir.

— Voyons, mon enfant, si la vue de ce palais élevé à l’industrie va éveiller en toi une vocation.

— Oui, papa, la vue du Palais de cristal me donne l’envie d’être un jour vitrier.

— Monsieur, je désirerais pouvoir visiter l’Exposition !

— Ah bigre ! je vois ce que c’est, c’est cent sous qu’il vous faut ?

— Monsieur, moi été agent de police anglais envoyé in Paris pour surveiller les pick-pockets pendant l’Exposition.

— Eh bien ?

— Eh bien ! vous venir d’être volé par un pick-pocket, vous avoir l’obligeance de venir avec moi in London faire votre déposition tout de suite.

M. PRUDHOMME À L’EXPOSITION.

— Mon ami, je crois qu’il y a une légère faute de dessin dans ce tableau anglais !

— Madame, les Anglais sont nos alliés, je n’avouerai donc jamais qu’ils ont pu commettre une faute dans un de leurs tableaux, je ne le dois pas et ne le ferai pas !

Exposition des produits russes.
IMPRESSION SUR ÉTOFFES.

— Dis donc, Aglaé, j’ai envie de faire faire le portrait de… mon mari sur étoffe.

— Farceuse ! sur étoffe changeante alors ?

— Gardien ! au secours ! ma femme qui se trouve mal.

— Devant les cachemires de Biétry. Nous connaissons ça ! Ça arrive tous les jours ; c’est pour en avoir un, aussi nous n’y faisons plus attention !

UNE FEMME DÉSESPÉRÉE. — Ce désespoir provient sans doute de ce que sa blanchisseuse lui a perdu tout son linge.

— Pardon, monsieur ! vous me paraissez avoir une perruque, voulez-vous me permettre de la comparer avec celles de l’Exposition, afin que je voie le perfectionnement ?

— Les belles cannes !

— Vous aimez les cannes, vous… on voit bien que vous n’avez jamais été mariée !…

— Ce sont des caisses qu’il est impossible d’ouvrir. C’est là le perfectionnement.

— Mais pour retirer ce qui se trouve dedans ?

— Inutile, puisqu’on ne peut pas ouvrir, on ne peut rien y mettre.

— Quelle section monsieur désire-t-il visiter ?

— Oh ! moâ être venu à l’Exposicheune rien que pour visiter le buffet.

— Monsieur, il a beau faire chaud, vous n’avez pas le droit d’ôter vos habits.

— Excusez ! Quand j’ai regardé dans cette vitrine, j’ai cru que c’était permis.

— Quelle différence votre savon a-t-il avec les autres savons ?

— Monsieur, le mien est imperméable.

— Un lit en or et en argent, ça doit être bien ennuyeux… tantôt le lit monte, grâce à la hausse de la rente, tantôt il descend avec la baisse ; on doit être bien mal couché !

UN BON COUP DE COMMERCE À FAIRE.

— Monsieur, veuillez, je vous prie, sortir ; il est quatre heures, l’Exposition ferme.

— Vous m’avez pris 5 francs pour me laisser entrer. Je vous en demande maintenant 10 si vous voulez me voir sortir.

— Tu vois ce peintre, il a été refusé le premier à l’Exposition.

— Le premier ! diable, c’est beau ! sur tant d’individus qui ont été refusés, il ne faut pas que ce soit un homme ordinaire !

Auguste ayant toujours marché avec son siècle, le peintre l’a représenté assis.
Trajan effrayant le peuple de Rome par la forme et la couleur de son cheval. Bœufs dans le tête-à-tête.
PRISE DE LA SMALA D’ABD-EL-KADER
PAR M. HORACE VERNET
.

Les personnes qui s’imaginent que la smala a été prise par un autre sont dans l’erreur, le livret en fait foi.
Précaution que prennent de temps en temps les pompiers avec les tableaux dont les tons leur paraissent trop chauds.
Jeune lady pleine de pudeur britannique, non contente de se baigner avec ses habits, choisissant encore une eau saumâtre et malpropre dont la transparence ne puisse pas trahir ses formes.
Dalila admet volontiers Samson, le soir, dans sa chambre à coucher, l’éclat de ses yeux lui économisant les frais d’une veilleuse.
Comme quoi, par l’exercice, on peut arriver à faire ce que l’on veut de ses bras et de ses jambes. Le public observant la plus stricte neutralité vis-à-vis de l’école prussienne.

— Tenez, ma chère, j’ai fait peindre mon portrait par des artistes spéciaux. Mon portrait sur le premier plan est par M. Dubuffe ; mon domestique, qui me suit, est par M. Courbet.

Deux connaissances se rencontrant à l’Exposition un jour à quatre sous.
Une dame qui ne se doute probablement pas que l’on vient de mettre un impôt sur les chiens. Samson volant la porte cochère de son propriétaire, qui a eu la politesse de l’augmenter.
Bœuf sortant du pot-au-feu pour aller travailler à l’agriculture.
LA SALLE DE M. INGRES.

— Quelle horreur ! un peintre qui a gagné tant d’argent n’avoir pas de quoi habiller ses modèles !

Une jeune fille travaillant avec tant de zèle dans une grange qu’elle n’a pas encore pu trouver une seule minute pour se livrer à quelques soins de propreté.
Inquisiteurs cherchant à guérir un hérétique en lui ramenant la chaleur aux extrémités.
Une jeune dame s’entête à vouloir soigner un jeune seigneur pour une maladie de cœur, tandis qu’il lui explique clairement qu’il ne souffre que de ses cors.
Un homme n’ayant que la queue de son chien pour se couvrir tâche de retenir la bête pour ne pas rester entièrement nu.
À L’EXPOSITION.
Leçon de politesse donnée par M. Courbet à deux bourgeois. À la vue de M. Courbet, les bourgeois n’ôtent que leurs chapeaux. À la vue des bourgeois, M. Courbet ôte son chapeau, sa veste et son gilet.

— Monsieur, on ne décroche pas les tableaux.

— Mais c’est un tableau de l’école française que je veux mettre à côté d’un tableau de l’école anglaise ; comment voulez-vous que je le compare sans cela ?

— Votre portrait fait dans ce genre-là, non, madame, je ne le souffrirai jamais !

— Vilain jaloux !

UN EFFET DE L’EXPOSITION DE PEINTURE.

— Mon ami, tu vas chercher demain l’huissier-priseur ?

— Pour quoi faire ?

— Pour vendre les quatre tableaux que nous avons à la maison. J’en ai tant vu aujourd’hui que je ne veux plus en revoir de ma vie. J’en suis dégoûtée.

À L’EXPOSITION D’HORTICULTURE.

— Ma fille, baissez les yeux, il n’est pas convenable que vous regardiez des camélias, ce ne sont pas des fleurs honnêtes.

— C’est du propre ! Voilà les plantes qui vont maintenant avoir de la barbe comme ces vilains hommes ! Si ça continue, elles fumeront de sales cigares.

— Qu’est-ce que tu dis, Lolo ?

— Je dis que j’aime bien les plantes grasses, parce qu’elles ressemblent à maman, que j’aime bien.

— C’est bon, taisez-vous, ou vous aurez le fouet.

— Tiens, comme ils sont malingres ces camélias ! !

— Mais, ma chère, c’est là leur chic, des camélias poitrinaires, c’est le grand genre.

À L’EXPOSITION DU CHAMP DE MARS.

— Monsieur, il est défendu de toucher aux animaux.

— Sapristi ! vous voyez bien que c’est pas moi qui y touche !

— Tiens ! mais il n’y avait qu’une vache hier dans cette case, et en voilà quatre aujourd’hui.

— Oui, monsieur ; la vache d’hier, comme vous voyez, est productrice.

— Ah ben, merci ! Ils sont beaux les encouragements aux animaux reproducteurs ; je leur mène ma Zémire, et l’on me renvoie au bureau des contributions, où l’on m’a augmenté mes impositions.

UNE MISSION DÉLICATE.
Couronnement des lauréats à l’exposition des animaux reproducteurs.