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Cham - Albums du Charivari/Qu’on se l’demande

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Journal le Charivari (6p. 55--).

QU’ON SE L’DEMANDE !
filet
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ALBUM
DE 60 CARICATURES
PAR
CHAM
CHAM

Quel stupide amour-propre ! il ne veut pas me suivre parce que mon fusil n’est pas à aiguille.
Mais, imbécile, le fusil à aiguille justement n’a pas de chien.


PARIS
ARNAULD DE VRESSE, ÉDITEUR
55, RUE DE RIVOLI, 55

— Je suis un honnête homme, madame était habillée quand j’ai fait prix pour son bain, maintenant que madame est déshabillée, je vois qu’il y a moitié moins d’ouvrage !…

Le flot qui la porta recule épouvanté.

— Madame a oublié son ombrelle ? ça ne fait rien. Je vas lui prêter mon baquet pour rentrer à son hôtel.

— Combien pour vous baigner tous les deux ? Dame ! le chien c’est meilleur marché, ça se tire d’affaire tout seul,… c’est plus intelligent !

— Est-elle laide ! Si je la lâchais… elle ne sait pas nager… son mari serait peut-être reconnaissant.

— Vous porter dans l’eau comme c’te dame là-bas ? C’est donc que vous vous démontez ? Vous n’avez pas la prétention que je porte tout ça à la fois !

— Examinez vous-même, madame, tout sable fin au fond. Voyez à votre aise, prenez votre temps.

— Ça ne fait rien à madame, si je fais monter encore un voyageur ?

— Petit imbécile, qu’est-ce que tu as à me regarder comme ça ? Tu me connais donc ?

— Oui, m’sieu, vous êtes Porichinelle.

— Comment faire, cette écrevisse ne veut pas me lâcher ?

— Vous allez mettre votre jambe dans l’eau bouillante jusqu’à ce que l’écrevisse soit cuite. Elle vous lâchera après.

— Mais arrêtez donc, cocher !

— Ah ! dame ! c’est que mon cheval est jeune. Il est dans le cas de conduire madame comme ça jusqu’en Angleterre.

— C’est une horreur ! je n’ose pas sortir prendre mon bain. Un photographe qui me guette !

EN VACANCES.

— Ah ! mon dieu ! comme il sent le tabac, ton petit Charles !

LE COLLÉGIEN. — Ne me serrez pas trop, vous allez casser ma pipe qui est dans ma poche.

— T’es frileux, dis ? t’es pas comme papa ; j’ai entendu dire qu’il jouait à la Bourse sans couverture.

— Vous ne le tirez pas ?

— La semaine prochaine. C’est un lapin domestique, je lui donne ses huit jours.

— Mon enfant, choisissez le pays qui convient le mieux à votre santé, le collège vous y enverra suivant le nouveau règlement.

— Monsieur, je demande un pays dans lequel il ne pousse pas des haricots.

INTÉRIEUR D’UN LYCÉE DEPUIS LE NOUVEAU DÉCRET.

— M’sieu ! besoin d’aller au bord de la mer.

— M’sieu ! besoin d’aller à Nice.

— M’sieu ! besoin d’aller dans les forêts de sapins.

(De mon temps on ne demandait pas à aller si loin pendant l’étude.)

Les malheureux professeurs obligés de grimper désormais pour corriger les thèmes et les versions de leurs élèves qui réclament l’air des hauteurs.
Pas bête ce lièvre arrangeant ses oreilles de façon à dégoûter le chasseur en lui faisant supposer qu’il a la maladie des bêtes à cornes.

— Comment, madame, vous sortez de la maison de jeu au bras d’un nègre ?

— Mon ami, c’est par reconnaissance. J’ai gagné à la couleur.

Comme quoi tout n’est pas sucre à Candie.
À VENISE

— Le pont des Soupirs, s’il vous plait ?

— Je ne soupire plus !

LE COMMISSAIRE-PRISEUR. — Permettez ! je ne puis pas commencer la vente comme ça. Il faut d’abord que les marteaux de votre piano soient mis d’accord avec mon marteau à moi. Allez chercher l’accordeur.

— Cinquante francs la polka ! Très-bien, monsieur vous levez la main, à vous la polka !

— Mais c’était pour battre la mesure…

— Inutile, monsieur, à vous la polka !

— Madame, c’est une infamie ! Je vous autorise à acheter une valse à l’hôtel des ventes, et vous profitez de cela pour vous faire adjuger en même temps le pianiste !

— Que signifie ? des pendules et des pincettes dans mon piano ?

— Monsieur, tout ça va être vendu dans un même lot avec votre rêverie !

LA MUSIQUE AUX ENCHÈRES.

Le public profitant de la vente.

— Messieurs, trente-cinq francs ! Vous l’avez entendue, une polka toute neuve !

— Permettez, monsieur le commissaire, il y a des notes dans cette polka, qui ont déjà servi.

L’AVOCAT EN VACANCES.
La veuve et l’orphelin effrayés eux-mêmes à l’aspect de la barbe de leur protecteur.

— Jamais le gibier ne sortira d’un temps pareil, à moins que tu ne lui paies une voiture.

On lit dans le futur dictionnaire de l’Académie : « Fort comme un Turc. » Expression passée de mode. Bien détérioré, le pauvre dynamomètre. On est prié de ne pas taper dessus trop fort.
La Prusse vous rendant votre domestique après son service dans la landwehr.

— Je compte maintenant sur monsieur pour me faire mon ouvrage.

— Sergent, qu’en pensez-vous… tout le monde soldat, comme en Prusse ?

— Mais, malheureux, s’il ne reste plus de bourgeois, qui est-ce qui nous paiera la goutte ?

Il a beau porter les culottes, paraît que ce n’est pas lui qui est le maître dans son ménage.

— Dites donc, vous ne donnez pas bonne mesure…

— Monsieur, depuis le tremblement de terre, nous ne remplissons plus jusqu’au bord ; c’est une mesure de prudence.

— Je vais prier le proviseur de te donner du lait le matin.

— Dis-lui que je suis très-délicat et que le médecin me recommande le tabac.

— Mon enfant, que penses-tu de la pièce de Joseph ?

— Maman, combien crois-tu qu’on me donnerait de mon petit frère ?

— Vous ne chargez votre fusil qu’à poudre ?

— Toujours, depuis qu’en mangeant un perdreau je me suis cassé une dent sur un plomb.

À UNE REPRÉSENTATION DE JOSEPH.

— À peine au sortir de l’enfance !… Comment trouves-tu ça ?

— Tu sais bien que j’aime pas les mineurs !

— Tu ne conduis pas ton fils à la messe du Saint-Esprit ?

— Ma chère, nous en voilà débarrassés, une messe ne me suffit pas. Je demande un Te Deum.

L’EMBARRAS DU CHOIX.

Mon enfant, qu’est-ce que tu préfères, rentrer aujourd’hui à ton collège ou rester à la maison pour que je te mène chez le dentiste ?

Les collégiens dont la santé exigera les Pyrénées auront les ours qui leur serviront de correspondants et les feront sortir le dimanche.
PRIÈRE D’UN COLLÉGIEN.

— Madame, je vous en supplie, ne rentrez pas encore dans votre lit. Venez dans notre classe entraîner le professeur et tous nos livres.

— J’ai perdu ! j’avais parié face.

— Gourmand ! Déjà à la buvette !

— Excusez-moi, mais les chevaux aujourd’hui passent avant les dames.

— Monsieur, ma poudre ne prend pas en plein air.

— Mais alors, sur le champ de bataille… ?

— Monsieur, quand on voudra faire la guerre on la fera en chambre.

— Monsieur, avant de vous faire connaître ma poudre inexplosible, j’ai voulu d’abord vous faire apprécier les inconvénients de l’ancienne poudre.

— Né malin, le peuple français finit imbécile.

— Si vous n’avez pas le poids, je vous céderai un morceau de monsieur… Ça le gêne.

— T’aimerais pas c’t’état-là, toi ?

— L’état de maigreur, merci !

— Quelle injustice ! on l’applaudit… Eh bien, moi, pour avoir franchi un mur, on m’a collé pour six mois de prison.

Labor coronat… Joliment vrai en matières de courses.

— Dis donc, Gugusse, le nom de cette dame ?

— J’en sais rien ; le programme ne donne que le nom des coureurs.

— Bourgeois, faut-il aller chercher un peu de colle ? Monsieur ne tient pas !

— Tape-t-il son pauvre cheval !

— Ah ! bah ! madame lui rendra ça ce soir !

— Joseph, tu es fou !… descendre à la cave dans cette tenue !

— Écoute donc, elle est peut-être inondée !

— J’ai la conscience tranquille avec leurs inondations. Si l’eau a fait des bêtises, c’est toujours pas moi qui l’aurai jamais encouragée !

La Seine ayant bien de la peine à retrouver son lit depuis qu’elle a visité les caves.


Clichy. — Impr. Maurice Loignon et Cie rue du Bac d’Asnières, 12.