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Chansons populaires de la Basse-Bretagne/Le deuil de la maîtresse morte

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LE DEUIL DE LA MAITRESSE MORTE


   Approchez, jeunes gens, que vous entendiez mes lamentations ;
Donnez-moi, s’il est possible, un soulagement à mes peines.

   Hélas ! il est bien malaisé de me soulager l’esprit.
A un tourment si grand il n’y a pas de remède.

   Morte est ma maîtresse, morte mon espérance !
Adieu, mon plaisir, adieu toute ma confiance !

   Adieu, ma jeunessse, adieu, mon plaisir !
Je les ai tous perdus, en l’espace d’une heure.

   Quand je songe au dessein que j’avais d’aller la voir,
Il me semble que je vais mourir à tout moment.

   Les paroles gracieuses de mon aimée
Me traversent le cœur, ainsi que lance ou glaive.

   Armes, toutes tant que vous êtes dans le monde, glaives, sabres,
N’attendez plus longtemps ! achevez mes jours !

   Je demande à aller au palais de la Trinité,
Là où j’aurai l’allégresse, une fois encore, de la voir.

   La douceur (du bruit) de l’eau, courant à travers bois,
Éparse de tous côtés, dans les ruisseaux,

   Ne cesse, nuit et jour, de me troubler l’esprit,
En me rappelant le souvenir de ma plus aimée.


   (Je suis) comme un pêcheur dont la barque sombre ;
Jeté sur un écueil, il ne peut plus se sauver ;

   Comme une cane tombée au fond de la mer profonde,
Est demeuré mon cœur sans consolation.

   Comme une cane qui s’en va au fil de l’eau,
Je suis noyé en mes larmes, sans pouvoir trouver de secours.

   Comme une haie de fleurs, pleine de mauvaises herbes,
Est plein mon cœur de soupirs.

   La chaîne de l’amour est du métal le plus durable ;
Il faut qu’elle soit en diamant, puisqu’elle ne vient à s’user :

   Le fer et l’acier s’usent, avec le temps,
Mais jamais on ne rompt deux amours fidèles.

   Or ça, camarades, venez maintenant m’assister ;
Je vois clairement que je ne puis plus résister.

   Quand vous apprendrez que je serai mort, priez pour mon âme,
Afin que j’aille eu l’autre monde retrouver mon aimée !

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