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Chansons rouges/Chanson des Maréchaux

La bibliothèque libre.
Maurice Boukay (
Ernest Flammarion, éditeur (p. 175-181).


LA CHANSON DES MARÉCHAUX


À Clovis Hugues.
Un maréchal chante :



<<
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c4.~ c4 g8\( | fis g aes g fis g
bes4. aes4 \) g8\( | g aes bes c ees d \)
d4.~ d4 c8\( | bes aes g aes g f
f4. ees4 \) bes'8^\( | a c bes a g bes
g4._~ g4 \) g8\( | bes bes d d c bes \)
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a4.~ a4 a8 | bes a g f! ees g
d4.~ d4 d8 | e fis g a bes c
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  c4 c8 b16 c
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\addlyrics {
J’ai fer -- ré les che -- vaux des rois_;
Les clous d’or bril -- laient dans ma for -- ge,
Pour les cour -- siers frin -- gants et droits,
Cou -- verts d’ar -- gent, re -- lui -- sants d’or -- ge.
Hé -- las_! au bout de mes tra -- vaux,
Je n’eus que mi -- sère et souf -- fran_-_ce.
J’ai lais -- sé les fers aux che -- vaux,
Et puis j’ai fait mon tour de Fran -- ce.
O -- hé_! O -- hé_! les ma -- ré -- chaux,
Bat -- tons les fers tant qu’ils sont chauds_!
}
>>
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I

J’ai ferré les chevaux des rois ;
Les clous d’or brillaient dans ma forge,
Pour les coursiers fringants et droits,
Couverts d’argent, reluisants d’orge.
Hélas ! au bout de mes travaux,
Je n’eus que misère et souffrance.
J’ai laissé les fers aux chevaux,
Et puis j’ai fait mon tour de France.
    Ohé ! Ohé ! les maréchaux,
    Battons les fers tant qu’ils sont chauds !


II

J’ai ferré jusqu’en Avignon,
J’ai ferré la mule du pape.
Le pape était un maquignon
Qui se moquait de moi sous cape.
En guise de remerciement,
Il me bénissait, le saint homme !
Mais quand je voulus mon paiement,
Le pape était parti pour Rome.
    Ohé ! Ohé ! les maréchaux,
    Battons les fers tant qu’ils sont chauds !

III

Pour me venger, pour l’Empereur,
J’ai forgé l’acier de la gloire.
Mes fils morts, l’Europe en terreur,
Tel fut le prix d’une victoire.
Bientôt sous l’ennemi vainqueur
Je forgeai les fers de la honte.
Quand j’y songe, j’ai froid au cœur,
La rage à la face me monte.
    Ohé ! Ohé ! les maréchaux,
    Battons les fers tant qu’ils sont chauds !


IV

Assez de rois et d’empereurs !
Sur une enclume toute neuve,
Pour les chevaux des laboureurs
Je forge un fer à toute épreuve.
Comme eux, j’ai blanchi sous le faix ;
Mais mon marteau connaît la danse.
Ohé ! compagnons ! pour la paix !
Forgeons ! forgeons l’indépendance !
    Ohé ! Ohé ! les maréchaux,
    Battons les fers tant qu’ils sont chauds !