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Chansons rouges/La Voleuse

La bibliothèque libre.
Maurice Boukay (
Ernest Flammarion, éditeur (p. 63-68).


LA VOLEUSE


À Armand Silvestre.
Un chemineau chante :

  \relative c'' {
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  \key ees \major
  \time 6/8
  \tempo "Moderato."
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R4.*6 \bar "||" 
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g4 f8 r4 f8 | f f f bes f fis \break
g4. r4 g8 | bes bes bes d^> c g | bes4. r4 f8 \break
g aes bes c g aes | bes4. bes8 r r 
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r4 g \( | aes\< bes | aes8 g\! aes^\markup { \italic "Cres - cen - do" } bes | c2 \break
c8 \) r f,4 \( g\< aes | bes8\! aes\> g f\! | g2~ 
% {page suivante}
g4 g | a\< b\! | c8 d ees d | d2~
d8 r r d | f4 ees | c8 bes aes g | f2 (ees4) r \bar "|."
}
\addlyrics {
J’ai se -- mé dans la ter -- re neu -- ve
Du blé pour les miens et pour "moi ;"
J’ai se -- mé sans sa -- voir pour -- quoi
Un bai -- ser sur le bord du fleu -- ve.
Et voi -- ci qu’u -- ne fil -- le chan -- "te :"
"« Viens" mois -- son -- ner les blés do -- rés.
Viens cueil -- lir aux ro -- siers pour -- prés
Le bai -- ser d’a -- mour qui m’en -- "chante ! »"
}
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    \Score
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}


I

J’ai semé dans la terre neuve
Du blé pour les miens et pour moi.
J’ai semé, sans savoir pourquoi,
Un baiser sur le bord du fleuve.

Et voici qu’une fille chante :
« Viens moissonner les blés dorés.
Viens cueillir aux rosiers pourprés
Le baiser d’amour qui m’enchante ! »

II

J’ai répondu : « L’amour au diable !
Au diable le baiser fleuri !
Dès ce soir, il sera flétri.
Mieux vaut du pain blanc sur la table. »


Et j’ai pris ma bonne faucille
Pour couper les blés jaunissants ;
Et j’ai laissé pour les passants
Le baiser, l’amour et la fille.

III

C’est l’hiver. On frappe à porte
La fille entre et me dit : « J’ai faim !
Si tu veux me donner du pain,
C’est ton baiser que je t’apporte. »

Or, la fille était si jolie
Qu’elle prit mon pain, tout mon bien,
Et mon baiser. Je n’ai plus rien
Plus rien, plus rien que ma folie.