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Chefs-d’œuvre poétiques des dames françaises/Mademoiselle L. D. P. P***

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MADEMOISELLE L. D. P. P***.


Cette demoiselle, qui ne s’est fait connaître que par ces initiales et vivait dans le dix-septième siècle, a composé les deux morceaux suivants, que nous avons puisés dans le Parnasse des dames. Elle paraît être morte à dix-huit ans ; s’il en est ainsi, ses idées étaient singulièrement précoces.


RONDEL.


LE CODE DE COUR.


Qui ses besognes veut bien faire,
Selon le tems qui ores court,
Dissimuler doit et soi taire,
Avec les seigneurs être sourd ;
Quand on oit chose qui ennuie,
Que toujours à chaud et à froid,
Dès qu’ils ont parlé on leur die,
Monseigneur dit bien, il a droit.

Car pour leur dire le contraire,
Quelque dommage qui leur sourt,
On ne le peut sans leur déplaire,
C’est la coutume de la cour.
Faut donc démener cette vie,
Et du tout dire à chère lie,
Soit à l’envers, soit à l’endroit.
Soit mensonge, soit flatterie :
Monseigneur dit bien, il a droit.


LA NOUVELLETTE.


CHANSON.


Il est certain qu’un jour de l’autre mois,
M’est advenu très-merveilleuse chose :
Toute seulette étois au fond du bois,
Vint mon ami, plus beau que n’est la rose.
Il me baisa d’un baiser sage et doux,
Et puis après il me fit chose amère,
Si que je dis, avec un grand courroux :
Tenés-vous coi, j’appellerai ma mère.

Il est certain qu’il devint tout transi,
Voyant courir larmes sur mon visage.
A jointes mains il me cria merci,
Et cela fit que je fus moins sauvage.
Alors qu’il vit que je parlois si doux,
L’ami s’y prit de tant belle manière,
Que je lui dis, sans avoir de courroux :
Tenés-vous coi, j’appellerai ma mère.

Il est certain que lors il m’arriva
Chose nouvelle, à quoi n’étois pas faite,
Et quasi morte, un baiser m’acheva,
Qui me rendit les yeux clos et muette ;
Puis m’éveillai, mais d’un réveil si doux,
Que remourus, tant il me fis grand’ chère
Enfin, besoin ne fut d’être en courroux,
Il devint coi, sans qu’appellai ma mère