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Chronique d’une ancienne ville royale Dourdan/Pièce XXI

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PIÈCE XXI.
Un Te Deum à Dourdan, en 1748.

La paix d’Aix-la-Chapelle, signée le 18 octobre 1748, entre la France, l’Angleterre et la Hollande, permettait d’espérer la fin d’une guerre ruineuse, et la publication de cette paix devait être partout le signal de réjouissances et de Te Deum. Elle ne fut officiellement ordonnée par édit du Roi et lettre de l’intendance, qu’en février 1749, et les autorités s’étant concertées, ce fut le samedi, 1er mars qu’elle eut lieu à Dourdan. M. Vedye, lieutenant-général et subdélégué, dans son rapport à l’intendance, croit pouvoir : « avancer sans exagération, qu’il n’y a pas une ville dans le Royaume, quelque grande et quelque riche qu’elle soit, qui ait plus fait paraître son zèle et son attachement au Roy, par la joye, les acclamations et l’ordre qui a régné, malgré l’affluence du peuple, tant de la ville que des environs… » « Le samedy matin, ajoute-t-il, tout le cortège partit à neuf heures du château. La marche était ouverte par 4 tambours, 2 haubois et 4 violons. Ensuite marchoit une compagnie d’environ 30 jeunes gens à cheval, ayant un trompette, leurs officiers et un étendard à leur teste. Après eux, marchoit le syndic, accompagné des 4 hallebardiers de la ville, ensuite celuy qui devoit faire la publication, et enfin le Commissaire de police et les huissiers. Ils marchèrent ainsy, suivant que la marche avoit été dirigée dans les différentes rues, et la publication fut faite en six endroits différents, aux acclamations du peuple, et vers les unze heures et demie, le cortège rentra au château. Le soir du même jour, les réjouissances du lendemain furent annoncées par le son des cloches de toute la ville et par 3 volées de 3 canons, très-petits à la vérité, mais qui néanmoins marquoient la bonne volonté des habitans qui avoient voulu faire en sorte que rien ne manquast à leur joye. Le lendemain dimanche au matin, cela fut reytéré, et sur le midy, 4 compagnies de bourgeoisie de 40 hommes chacune, qui s’estoient assemblées sous les murs entrèrent par la, porte du costé de Chartres, ayant chacune leurs officiers et leurs drapeaux à leur teste, et se rendirent dans la cour du château, après cependant en avoir fait le tour en dehors. Sur les quatre heures, le Bailliage s’y rendit aussy, dans l’auditoire, et de là, préceddé des 4 compagnies de bourgeoisie à la teste desquelles estoit le Syndic et ses hallebardiers, alla en corps à la principalle Eglise où devoit se chanter le Te Deum. La bourgeoisie se rangea en haye dans la nef et dans les costez, le Bailliage prit la place qui luy est marquée dans le Chœur, où les officiers de bourgeoisie et les drapeaux se placèrent aussy, et le Te Deum fut chanté à 3 chœurs, du peuple, de l’orgue, et des instrumens de musique qui ont toujours marché à la teste des compagnies ; après quoy, on sortit dans le même ordre, et on fit le tour du feu qui estoit préparé dans la place et il fut allumé par le lieutenant-général au bruit de trois décharges de mousquetterie et de ces petits canons, et aux acclamations du peuple dont cette place estoit remplie ; après quoy, toutes les maisons furent illuminées, et presque touttes considérablement, ce qui dura jusqu’à plus de minuit. »

P. 209.