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Claude Paysan/026

La bibliothèque libre.
La Cie d’imprimerie et de gravures Bishop (p. 122).


XXVI


Un soir qu’ils avaient été longtemps à réfléchir tous les deux, sans se parler, la mère Julienne lui avait dit : Je deviens vieille, je m’en irai peut-être bientôt rejoindre ton père sous les sapins du cimetière … pourquoi n’épouses-tu pas Julie Legault ? … elle t’aime bien, paraît-il… elle…

— Non, mère… non… Est-ce que vous ne m’aimez point, vous ?… Serais-je jamais plus heureux qu’aujourd’hui ?… Non, vieille mère, ce serait peut-être vous qui ne seriez plus heureuse ensuite…

Ça, c’était vrai, car elle y avait déjà pensé ; mais elle reprenait quand même pour voir ce que répondrait son Claude :

— Il faudra toujours que tu te maries… un grand garçon comme toi… Et puis ce ne sont pas les amoureuses qui te manquent…

En même temps leurs regards se fuyaient, sachant bien au fond qu’ils se trompaient mutuellement.

Claude, doucement, comme pour implorer :

— Parlons d’autre chose, voulez-vous, mère ?… Elle avait accepté et ça avait été tout. Seulement ils n’avaient pas pu trouver d’autre chose ensuite à se dire et leur entretien avait cessé tout-à-fait.

… À Claude, cela lui était resté longtemps dans la tête cette conversation de mariage…