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Comédie humaine - Répertoire/A

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RÉPERTOIRE

DE

LA COMÉDIE HUMAINE




A

Abramko, juif polonais d’une force herculéenne, entièrement dévoué au brocanteur Élie Magus, auquel il servait de concierge et dont il gardait, avec trois chiens féroces, la fille et les trésors, en 1844, dans un vieil hôtel situé chaussée des Minimes, près de la place Royale, à Paris : Abramko s’était laissé compromettre dans les événements de Pologne, et Magus l’avait sauvé par intérêt (Le Cousin Pons).

Adèle, grosse et bonne Briarde au service de Denis Rogron et de Sylvie, sa sœur, de 1824 à 1827, à Provins. — Elle se montrait, au contraire de ses maîtres, pleine de sympathie et de pitié pour leur jeune cousine Pierrette Lorrain (Pierrette).

Adèle, femme de chambre de madame du Val-Noble, au moment où celle-ci était brillamment entretenue par l’agent de change Jacques Falleix, qui fit faillite en 1829 (Splendeurs et Misères des Courtisanes).

Adolphe, petit jeune homme blond, était commis chez Fritot marchand de châles, à Paris, dans le quartier de la Bourse, sous le règne de Louis-Philippe (Gaudissart II).

Adolphus, chef de la maison de banque Adolphus et Cie, de Manheim, père de la baronne Wilhelmine d’Aldrigger (La Maison Nucingen).

Agathe (Sœur), religieuse du couvent de Chelles, réfugiée, sous la Terreur, avec la sœur Marthe et l’abbé de Marolles, dans une pauvre maison du faubourg Saint-Martin, à Paris. — Sœur Agathe était née Langeais (Un Épisode sous la Terreur).

Aiglemont (Général, marquis Victor d’), héritier des marquis d’Aiglemont et neveu de la comtesse douairière de Listomère-Landon ; né en 1783. — Après avoir été l’amant de la maréchale de Carigliano, il épousa, à la fin de 1813 (c’était alors un des plus jeunes et des plus brillants colonels de la cavalerie française), mademoiselle Julie de Chatillonest, sa cousine, avec laquelle il habita successivement la Touraine, Paris et Versailles[1]. Il prit part aux luttes suprêmes de l’Empire ; mais la Restauration le délia de son serment à Napoléon, lui rendit ses titres, lui confia, dans les gardes du corps, un grade qui lui donna le rang de général et, plus tard, le créa pair de France. Peu à peu, il délaissa sa femme, qu’il trompa même avec madame de Sérizy. Le marquis d’Aiglemont avait eu, en 1817, une fille (V. Hélène d’Aiglemont), qui était tout son portrait au physique et au moral ; ses trois derniers enfants vinrent au monde durant une liaison entre la marquise d’Aiglemont et le brillant diplomate Charles de Vandenesse. En 1827, le général fut atteint, ainsi que son pupille et cousin Godefroid de Beaudenord, par la banqueroute calculée du baron de Nucingen ; il perdit ainsi un million, placé dans les mines de Wortschin, spécula ensuite, en hypothéquant les biens de sa femme, et acheva de se ruiner. Il partit alors pour l’Amérique, d’où il revint, six ans plus tard, avec sa fortune refaite. Le marquis d’Aiglemont mourut, épuisé de fatigues, en 1835 (La Maison du Chat qui pelote. — La Maison Nucingen. — La Femme de Trente Ans).

Aiglemont (Générale, marquise Julie d’), femme du précédent ; née en 1792. — Ce fut malgré les avis de son vieux père, M. de Chatillonest, qu’elle épousa, en 1813, le séduisant colonel Victor d’Aiglemont, son cousin. Désillusionnée promptement, atteinte d’ailleurs d’une « inflammation assez ordinairement mortelle, que les femmes se confient à l’oreille », elle tomba dans une mélancolie profonde. La mort de la comtesse de Listomère-Landon, sa tante par alliance, la priva de conseils et de soins précieux. Cependant elle devint mère et trouva, dans le sentiment de ses devoirs nouveaux, la force de résister à l’amour, partagé, qu’elle éprouvait pour un jeune et romanesque Anglais, lord Arthur Ormond Grenville, qui, ayant étudié la médecine, la soigna et la guérit de ses souffrances physiques, et mourut pour ne pas la compromettre. La marquise, le cœur brisé, se retira dans la solitude d’un vieux château, situé au milieu d’un paysage triste et aride, entre Moret et Montereau ; elle s’y recueillit pendant un an environ, toute à sa douleur, sans accepter les consolations de la religion qui lui furent offertes par le vieux curé du village de Saint-Lange ; puis elle fit sa rentrée dans le monde, à Paris. Alors, âgée d’environ trente ans, elle se laissa toucher par la passion vraie du marquis de Vandenesse. Un enfant, appelé Charles, naquit de ces relations, mais périt bientôt dans des circonstances tragiques. Deux autres enfants, Moïna et Abel, naquirent également au cours de cette liaison ; ils devinrent les préférés de leur mère, au détriment des deux aînés, Hélène et Gustave, qui appartenaient réellement au marquis d’Aiglemont. Vers l’âge de cinquante ans, madame d’Aiglemont, restée veuve et n’ayant plus de ses cinq enfants que sa fille Moïna, la maria, en sacrifiant toute sa fortune, avec M. de Saint-Héreen, héritier d’une des plus illustres maisons de France. Elle vint alors habiter chez son gendre, dans un hôtel magnifique en bordure de l’esplanade des Invalides ; mais sa fille ne répondait guère à son affection : froissée des observations que madame d’Aiglemont lui adressait sur les assiduités compromettantes du fils du marquis de Vandenesse, Moïna alla, un jour, jusqu’à rappeler à sa mère le souvenir de ses coupables relations avec le père du jeune homme ; la pauvre femme, d’ailleurs très usée, sourde, souffrant d’une maladie de cœur, mourut de ce coup en 1844 (La Femme de Trente Ans).

Aiglemont (Hélène d’), fille aînée du marquis et de la marquise Victor d’Aiglemont ; née en 1817. Délaissée par sa mère, ainsi que son frère Gustave, pour Charles, Abel et Moïna, Hélène devint jalouse et défiante ; âgée de huit ans environ, dans un accès de haine farouche, elle poussa dans la Bièvre son frère Charles, qui s’y noya. Ce crime d’un enfant passa toujours pour un terrible accident. Devenue jeune fille, Hélène s’enfuit avec un mystérieux aventurier traqué par la justice et réfugié, pendant un moment, chez le marquis d’Aiglemont, à Versailles, une nuit de Noël. Son père, désespéré, la chercha en vain ; il ne la revit plus que sept ans après et une seule fois, lors de son retour d’Amérique en France : le navire sur lequel il revenait fut capturé par des corsaires, et le capitaine, qui était justement le ravisseur d’Hélène, le « Parisien », sauvegarda le marquis et sa fortune. Les deux amants avaient quatre beaux enfants et vivaient ensemble dans un bonheur parfait, partageant les mêmes dangers ; Hélène refusa de suivre son père. En 1835, quelques mois après la mort de son mari, madame d’Aiglemont, conduisant aux eaux des Pyrénées la jeune Moïna, fut priée de porter secours à une pauvre malade dans laquelle elle reconnut Hélène. Celle-ci venait d’échapper à un naufrage et n’en avait sauvé qu’un enfant : tous deux moururent presque aussitôt sous les yeux de madame d’Aiglemont (La Femme de Trente Ans).

Aiglemont (Gustave d’), second enfant du marquis et de la marquise Victor d’Aiglemont, né sous la Restauration. — Il apparaît, pour la première fois, tout enfant, en 1827 ou 1828, revenant, avec son père et sa sœur Hélène, de la représentation d’un noir mélodrame, à la Gaîté. Il avait fallu quitter précipitamment le spectacle qui agitait trop Hélène, en lui rappelant les circonstances de la mort de son frère Charles, arrivée deux ou trois ans auparavant. On retrouve Gustave d’Aiglemont, sous le costume de lycéen, lisant les Mille et une Nuits, dans le salon où la famille est réunie, à Versailles, le soir même de l’enlèvement d’Hélène. — Il mourut, encore jeune, emporté par le choléra, laissant une veuve et des enfants auxquels la marquise douairière d’Aiglemont ne témoignait que peu d’affection (La Femme de Trente Ans).

Aiglemont (Charles d’), troisième enfant du marquis et de la marquise d’Aiglemont, né à l’époque des relations de madame d’Aiglemont avec le marquis de Vandenesse. — Il n’apparaît qu’une seule fois, un matin de printemps, en 1824 ou 1825, à l’âge de quatre ans, dans une promenade sur le boulevard des Gobelins, avec sa sœur Hélène, sa mère et le marquis de Vandenesse. Hélène, dans un brusque accès de haine jalouse, poussa le petit Charles dans la Bièvre, où il fut noyé (La Femme de Trente Ans).

Aiglemont (Moïna d’), quatrième enfant et seconde fille du marquis et de la marquise Victor d’Aiglemont (La Femme de Trente Ans). — V. Comtesse de Saint-Héreen.

Aiglemont (Abel d’), cinquième et dernier enfant du marquis et de la marquise Victor d’Aiglemont, né pendant les relations de sa mère avec M. de Vandenesse. — Il fut, avec Moïna, le préféré de madame d’Aiglemont. Tué, en Afrique, devant Constantine (La Femme de Trente Ans).

Ajuda-Pinto (Marquis Miguel d’), Portugais ; appartenant à une très ancienne et très riche famille, dont la branche aînée était alliée aux Bragance et aux Grandlieu. — En 1819, il comptait parmi les plus illustres élégants de la vie parisienne. À cette même époque, il commença à délaisser Claire de Bourgogne, vicomtesse de Beauséant, avec laquelle il était lié depuis trois ans ; après l’avoir abusée sur ses véritables projets, il lui restitua ses lettres par l’entremise d’Eugène de Rastignac, et épousa mademoiselle Berthe de Rochefide (Le Père Goriot. — Splendeurs et Misères des Courtisanes). Il était, en 1832, à une soirée chez madame d’Espard, où toutes les voix s’accordaient pour médire de la princesse de Cadignan, en présence de Daniel d’Arthez, alors violemment épris d’elle (Les Secrets de la Princesse de Cadignan). Veuf, vers 1840, le marquis d’Ajuda-Pinto se remaria avec mademoiselle Joséphine de Grandlieu, troisième fille du dernier duc de ce nom. Peu de temps après, le marquis prit part au complot tramé par les amis de la duchesse de Grandlieu et de madame du Guénic pour arracher Calyste du Guénic des mains de la marquise de Rochefide (Béatrix).

Ajuda-Pinto (Marquise Berthe d’), née Rochefide. — Mariée, en 1820, au marquis Miguel d’Ajuda-Pinto, elle mourut, vers 1840 (Béatrix).

Ajuda-Pinto (Marquise Joséphine d’), l’une des filles du duc et de la duchesse Ferdinand de Grandlieu, seconde femme du marquis Miguel d’Ajuda-Pinto, son parent par alliance ; leur mariage eut lieu vers 1840 (Splendeurs et Misères des Courtisanes).

Alain (Frédéric), né vers 1767. — Il avait été clerc dans l’étude de Bordin, procureur au Châtelet ; en 1798, il prêta cent écus en or à Mongenod, son ami d’enfance ; cette somme ne lui ayant pas été rendue, M. Alain se trouva à peu près ruiné et dut prendre, au Mont-de-piété, une petite place qu’il cumula avec la tenue des livres chez le célèbre parfumeur César Birotteau. En 1816, Mongenod, devenu très riche, força M. Alain à accepter cent cinquante mille francs pour les cent écus prêtés : l’excellent homme consacra, alors, sa fortune inespérée à des œuvres de bienfaisance, de concert avec le juge Popinot ; puis, à partir de 1825, il devint l’un des auxiliaires les plus actifs de madame de la Chanterie et de son association de charité. C’est M. Alain qui fit affilier Godefroid aux frères de la Consolation (L’Envers de l’Histoire contemporaine).

Albertine, femme de chambre de madame de Bargeton, entre les années 1821 et 1824 (Illusions perdues).

Albon (Marquis d’), conseiller à la Cour et député ministériel sous la Restauration ; né en 1777. — Au mois de septembre 1819, il chassait, sur la lisière de la forêt de l’Isle-Adam, avec son ami Philippe de Sucy, qui, tout d’un coup, tomba sans connaissance, à la vue d’une pauvre folle dans laquelle il reconnaissait son ancienne maîtresse, Stéphanie de Vandières. Le marquis d’Albon, avec l’aide de deux promeneurs, M. et madame de Granville, rappela M. de Sucy à la vie ; puis il se rendit, à sa prière, chez Stéphanie, où il apprit de l’oncle de cette malheureuse la triste histoire des amours de son ami et de madame de Vandières (Adieu).

Albrizzi (Comtesse) était, en 1820, à Venise, amie du célèbre mélomane Capraja (Massimilla Doni).

Alcindor. — « E. de B…, dit Alcindor », telle est la signature d’un rapport de police, adressé en 1840 à M. de Saint-Estève (Vautrin) sur le faux monnayeur Schirmer (La Famille Beauvisage).

Aldrigger (Jean-Baptiste, baron d’), Alsacien, né en 1764. — Banquier à Strasbourg en 1800, à l’apogée d’une fortune faite pendant la Révolution, il épousa, par ambition et par inclination, l’héritière des Adolphus, de Manheim, jeune fille adorée de toute une famille, dont elle recueillit naturellement tout l’avoir, et cela dans l’espace de dix ans. Aldrigger, « baronifié » par l’empereur, se passionna pour le grand homme qui l’avait titré, et se ruina, entre 1814 et 1815, pour avoir pris au sérieux « le soleil d’Austerlitz ». À l’époque de l’invasion, l’intègre Alsacien continua de payer à bureaux ouverts et se retira de la banque, méritant ce mot de Nucingen, son ancien premier commis : « Honnête, mais bête. » Le baron d’Aldrigger vint ensuite à Paris ; il lui restait encore un revenu de quarante-quatre mille francs, réduit à sa mort, en 1823, de plus de la moitié, par suite des dépenses et de l’insouciance de sa femme. Celle-ci resta veuve avec deux filles, Malvina et Isaure (La Maison Nucingen).

Aldrigger (Théodora-Marguerite-Wilhelmine, baronne d’), née Adolphus. — Fille du banquier Adolphus, de Manheim, très gâtée de son père et de sa mère, elle épousa, en 1800, le banquier strasbourgeois Aldrigger, qui la gâta également, comme le firent, plus tard, les deux filles qu’elle eut de son mari. C’était une femme superficielle, incapable, égoïste, coquette et jolie ; à quarante ans, elle avait conservé presque toute sa fraîcheur et pouvait encore être appelée « la petite bergère des Alpes ». Quand le baron mourut, en 1823, elle faillit le suivre, tant sa douleur fut violente ; le lendemain, à déjeuner, on lui servit des petits pois qu’elle aimait, et ces petits pois calmèrent sa crise. Elle habitait à Paris, rue Joubert, et y recevait, avant le mariage de sa fille cadette (La Maison Nucingen).

Aldrigger (Malvina d’), fille aînée du baron et de la baronne d’Aldrigger, née à Strasbourg, en 1801, au moment où l’on « ossianisait » tout. — Grande, mince, ardente, d’un éclat mat, elle représentait très bien la femme d’« Avez-vous vu dans Barcelone ». Intelligente, fière, tout âme, tout sentiment, tout expansion, elle s’éprit néanmoins de l’aride Ferdinand du Tillet, qui la rechercha un moment en mariage, mais s’éloigna ensuite, sachant la famille d’Aldrigger ruinée. L’avoué Desroches songea aussi à demander la main de Malvina et y renonça également. La jeune fille reçut les conseils d’Eugène de Rastignac, qui l’engageait expressément à se marier ; néanmoins, elle finit vieille fille, se desséchant de jour en jour, donnant des leçons de piano, vivant assez pauvrement avec sa mère dans un modeste appartement, au troisième étage, rue du Mont-Thabor (La Maison Nucingen).

Aldrigger (Isaure d’), seconde fille du baron et de la baronne d’Aldrigger, mariée à Godefroid de Beaudenord. Voir ce nom (La Maison Nucingen).

Aline, jeune Auvergnate, femme de chambre de madame Véronique Graslin, à laquelle elle s’attacha corps et âme. — Seule, peut-être, Aline fut admise dans la confidence entière des secrets terribles de la vie de madame Graslin (Le Curé de Village).

Allegrain[2] (Christophe-Gabriel), sculpteur français, né en 1710. — À Rome, en 1758, avec Lauterbourg et Vien, il aida son ami Sarrasine à enlever Zambinella, cantatrice alors célèbre : la prima donna était un castrat (Sarrasine).

Almada (Duc d’), chambellan de l’empereur du Brésil, en 1842 ; né en 1760. — Âgé de quatre-vingt-deux ans, il s’éprit de Luigia, alors prima donna au théâtre de Rio-de-Janeiro. Marié, il voulait l’épouser quand il serait veuf ; mais, quelque temps après la mort de sa femme, il tomba à la mer, au cours d’une promenade avec Luigia, fut sauvé par la cantatrice et l’adopta. Il ne tarda pas d’ailleurs à mourir, et Luigia hérita de son titre et de son immense fortune (La Famille Beauvisage).

Alphonse, ami de l’orphelin ruiné Charles Grandet (retiré momentanément à Saumur), s’acquitta fort bien, en 1819, d’une mission que lui confiait le jeune homme : il arrangea ses affaires à Paris et, avec le produit d’une petite vente, paya les dettes laissées par lui (Eugénie Grandet).

Al-Sartchild, nom d’une maison de banque allemande, où Gédéon Brunner fut obligé de déposer l’argent appartenant à son fils Frédéric, du chef maternel (Le Cousin Pons).

Althor (Jacob), banquier de Hambourg, établi au Havre depuis 1815. — Il eut un fils qu’en 1829 M. et madame Mignon rêvaient pour gendre (Modeste Mignon).

Althor (Francisque), fils de Jacob Althor. — Francisque était le dandy du Havre, en 1829 ; il devait épouser Modeste Mignon, mais il abandonna bien vite sa fiancée quand il crut la famille ruinée. Peu de temps après, il épousa mademoiselle Vilquin aînée (Modeste Mignon).

Amanda, modiste à Paris, sous le règne de Louis-Philippe. — Elle avait, au nombre de ses clientes, Marguerite Turquet, dite Malaga, qui la payait fort mal (Un Homme d’Affaires).

Amaury (Madame), possédait à Sanvic, près d’Ingouville, en 1829, un pavillon que Canalis fit louer, lorsqu’il vint au Havre pour voir mademoiselle Mignon (Modeste Mignon).

Ambermesnil (Comtesse de l’), vers 1819, âgée de trente-six ans environ, vint prendre pension chez madame veuve Vauquer, née Conflans, rue Neuve Sainte-Geneviève[3], à Paris. Madame de l’Ambermesnil disait attendre la fin de la liquidation et le règlement d’une pension qui lui était due, en qualité de veuve d’un général mort sur « les champs de bataille ». Madame Vauquer l’entourait de soins et lui confiait toutes ses affaires. Au bout de six mois, la comtesse disparut sans payer. Quelque âpreté que madame Vauquer mît à ses recherches, elle ne put obtenir aucun renseignement dans Paris sur cette aventurière (Le Père Goriot).

Amédée, prénom sous lequel Félix de Vandenesse était désigné par lady Dudley, au moment où celle-ci croyait voir une rivale dans madame de Mortsauf (Le Lys dans la Vallée).

Anchise (Le père), surnom donné par La Palférine à un petit Savoyard de dix ans, qui le servait pour rien. « Je n’ai jamais vu tant de niaiserie réunie à tant d’intelligence, » disait de cet enfant le prince de la Bohème ; « il passerait dans le feu pour moi, il comprend tout et ne comprend pas que je ne peux rien pour lui » (Un Prince de la Bohème).

André, domestique du baron de Werchauffen (Schirmer), en 1840 (La Famille Beauvisage).

Angard. — En 1840, à Paris, le « professeur » Angard fut consulté, avec les docteurs Bianchon et Larabit, pour madame Hector Hulot, que l’on craignait de voir perdre la raison (La Cousine Bette).

Angélique (Sœur), religieuse du couvent des Carmélites, à Blois, sous Louis XVIII ; célèbre pour sa maigreur. — Elle fut connue de Renée de l’Estorade (madame de Maucombe) et de Louise de Chaulieu (madame Marie Gaston), qui firent leur éducation dans ce couvent (Mémoires de Deux Jeunes Mariées).

Anicette, femme de chambre de la princesse de Cadignan, en 1839. — Champenoise fine et jolie que le sous-préfet d’Arcis-sur-Aube, Maxime de Trailles, et madame Beauvisage, la femme du maire, cherchaient, chacun de son côté, à séduire et à employer au profit de divers candidats à la députation (Le Député d’Arcis).

Annette, prénom d’une jeune femme du monde parisien sous la Restauration. — Elle avait été élevée à Écouen, où elle avait reçu les conseils pratiques de madame Campan. Maîtresse de Charles Grandet avant la mort du père de ce jeune homme. Vers la fin de 1819, victime de quelques soupçons, auxquels il était nécessaire qu’elle sacrifiât momentanément son bonheur, elle voyageait, ennuyeusement, avec son mari, en Écosse. Elle féminisait et matérialisait son amant, lui conseillant de tout faire pour arriver ; lorsqu’il revint des Indes, en 1827, elle l’engagea vivement à épouser mademoiselle d’Aubrion (Eugénie Grandet).

Annette, servante du ménage Rigou, à Blangy (Bourgogne). — En 1823, elle avait dix-neuf ans et était, depuis plus de trois ans, dans cette place, quoique Grégoire Rigou ne conservât jamais au delà de ce temps ses servantes, qu’il honorait toutes de ses faveurs. Annette, douce, blonde, mignarde, vrai chef-d’œuvre de beauté fine et piquante, digne d’une couronne de duchesse, ne gagnait que trente francs par an. Elle entretenait des relations avec Jean-Louis Tonsard, sans que son maître se doutât de rien : l’ambition avait suggéré à cette jeune fille d’employer la flatterie, comme moyen d’aveugler ce lynx (Les Paysans).

Anselme, jésuite de la rue des Postes[4], mathématicien distingué, en relations avec Félix Phellion, qu’il tentait de convertir à la pratique de la religion. — Ces renseignements assez douteux sont fournis sur lui par une certaine madame Komorn (Les Petits Bourgeois).

Antoine, né au village des Échelles (Savoie). — En 1824, il était le plus ancien des garçons de bureau du ministère des Finances, où il avait installé, dans une position encore plus modeste que la sienne, deux de ses neveux, Laurent et Gabriel, mariés à d’habiles blanchisseuses de dentelles. Antoine, mêlé à tout le mouvement administratif, coudoyait, jugeait, grondait, caressait : Clément Chardin des Lupeaulx, Ernest de la Brière, La Billardière, Benjamin de la Billardière, Xavier Rabourdin, Isidore Baudoyer, du Bruel (Cursy), Jean-Jacques Bixiou, Godard, Phellion, Clergeot, Colleville, Thuillier, Paulmier, Vimeux, François Minard, Sébastien de la Roche, Fleury, Desroys, Saillard, les deux Poiret. Il vivait sans doute avec ses neveux (Les Employés).

Antoine, vieux domestique au service de la marquise Béatrix de Rochefide, en 1840, rue de Chartres-du-Roule, près du parc Monceau, à Paris (Béatrix).

Antonia. — V. Chocardelle (mademoiselle).

Aquilina, courtisane à Paris, sous la Restauration et sous le règne de Louis-Philippe. — Elle se disait Piémontaise ; son vrai nom n’était pas connu ; elle avait emprunté ce nom de guerre à l’un des personnages de la célèbre tragédie d’Otway, Venise sauvée, qu’elle avait lue par hasard. À seize ans, belle et pure, au moment de se jeter dans la prostitution, elle avait rencontré Castanier, caissier de Nucingen, qui résolut de la sauver du vice à son profit et vécut maritalement avec elle, rue Richer. Aquilina prit alors le nom de madame de la Garde. En même temps que Castanier, elle avait pour amant un certain Léon, sous-officier dans un régiment d’infanterie, qui n’était autre qu’un des sergents de la Rochelle, exécutés sur la place de Grève, en 1822. Sous Louis XVIII, avant cette exécution, elle assistait, un soir, au Gymnase, à une représentation où elle riait fort du comique de Perlet dans le Comédien d’Étampes, pendant que, présent au joyeux spectacle, Castanier, persécuté par Melmoth, traversait les poignantes péripéties d’un atroce drame intérieur (Melmoth réconcilié). Elle apparut ensuite à une orgie fameuse chez Frédéric Taillefer, rue Joubert, en compagnie d’Émile Blondet, de Rastignac, de Bixiou et de Raphaël de Valentin. C’était une grande fille bien proportionnée, d’un maintien superbe, d’une physionomie caractéristique et irrégulière ; ses yeux et son sourire effrayaient la pensée ; elle mettait toujours quelques chiffons rouges dans sa parure, en souvenir de son amant exécuté (La Peau de Chagrin).

Arcos (Comte d’), grand d’Espagne, vivant dans la péninsule au moment de l’expédition de Napoléon Ier. — Il aurait peut-être épousé Maria-Pepita-Juana Marana de Mancini, sans de singulières circonstances qui lui firent épouser François Diard, officier français (Les Marana).

Argaïolo (Duc d’), Italien très riche et très noble, mari respecté, quoique vieux, de celle qui fut plus tard la duchesse de Rhétoré, pour l’éternelle douleur d’Albert Savarus. — Il mourut en 1835, presque octogénaire (Albert Savarus).

Argaïolo (Duchesse d’), née Soderini, femme du duc d’Argaïolo. — Devenue veuve en 1835, elle se remaria avec le duc de Rhétoré (Albert Savarus). — V. Duchesse de Rhétoré.

Arrachelaine, surnom du voleur Ruffard. — Voir ce nom (La Dernière Incarnation de Vautrin).

Arthez (Daniel d’), l’un des plus illustres écrivains du XIXe siècle et l’un de ces hommes rares qui offrent « l’accord d’un beau talent et d’un beau caractère ». Né de 1794 à 1796 ; gentilhomme picard. — En 1821, âgé d’environ vingt-cinq ans, il était très pauvre et habitait au cinquième étage d’un sombre hôtel de la rue des Quatre-Vents, à Paris, où avait demeuré aussi, dans sa jeunesse, l’illustre chirurgien Desplein. Là se réunissaient Horace Bianchon, alors interne à l’Hôtel-Dieu ; Léon Giraud, le philosophe profond ; Joseph Bridau, peintre, plus tard si célèbre ; Fulgence Ridal, poète comique d’une grande verve ; Meyraux, physiologiste éminent, mort tout jeune ; enfin Louis Lambert et Michel Chrestien, le républicain fédéraliste, qui succombèrent également dans leur fleur. À ces hommes de cœur et de talent vint se joindre Lucien de Rubempré, le poète, amené par Daniel d’Arthez, qu’ils reconnaissaient comme leur chef. Cette réunion avait pris le nom de « Cénacle ». Arthez et ses amis conseillaient et secouraient, au besoin, Lucien, « ce grand homme de province à Paris », qui finit tragiquement. Même, avec un désintéressement bien remarquable, Arthez corrigeait et refaisait L’Archer de Charles IX, de Lucien, et l’œuvre, entre ses mains, devenait un livre superbe. Arthez avait encore un commerce d’amitié avec Marie Gaston, jeune poète de sa trempe, mais « féminisé ». Arthez était brun, avec une longue chevelure, assez petit, et ressemblait à Bonaparte. Très sobre, très chaste, ne buvant que de l’eau, il mangea longtemps au quartier latin chez Flicoteaux, rival de Rousseau l’aquatique. En 1832, devenu célèbre, il possédait trente mille francs de rente légués par un oncle qui l’avait laissé en proie à la plus rigoureuse misère, tant que l’écrivain était resté obscur. Arthez habitait alors une jolie maison à lui, rue de Bellefond, où il vivait, d’ailleurs, comme autrefois, dans l’austérité du travail. Il était député et siégeait à droite, étant royaliste de droit divin. Quand vint l’aisance, il eut la plus vulgaire et la plus incompréhensible liaison avec une femme assez belle, mais d’une classe inférieure, sans aucune instruction, sans manières. Arthez la tenait, d’ailleurs, soigneusement cachée à tous les regards, et cette longue liaison, loin de lui plaire par l’habitude, lui était devenue insupportable. C’est alors qu’il fut demandé chez Diane de Maufrigneuse, princesse de Cadignan, âgée déjà de trente-six ans, mais ne les portant pas. La célèbre « grande coquette » lui raconta ses soi-disant « secrets » et s’offrit absolument à celui qu’elle traitait de « niais illustre » et dont elle fit son amant. Depuis ce jour, il n’a plus été question de la princesse ni de Daniel d’Arthez ; le grand écrivain, dont les publications devinrent très rares, ne parut plus que pendant quelques mois d’hiver, à la Chambre des députés (Un Grand Homme de province à Paris. — Mémoires de Deux Jeunes Mariées. — Le Député d’Arcis. — Les Secrets de la Princesse de Cadignan).

Asie, l’un des pseudonymes de Jacqueline Collin. — Voir ce nom (Splendeurs et Misères des Courtisanes).

Astaroth. — C’était le nom d’un crapaud qui servait, dans ses divinations, à madame Fontaine, tireuse de cartes, rue Vieille-du-Temple, à Paris, sous Louis-Philippe. Ce batracien de dimension énorme, avec des yeux de topaze, grands comme des pièces de cinquante centimes, impressionnait fort Sylvestre-Palafox Gazonal, conduit dans l’antre de la devineresse par son cousin Léon de Lora, flanqué de Jean-Jacques Bixiou. Madame Cibot, concierge rue de Normandie, dut aussi remarquer Astaroth lorsque, dans un but cupide, elle vint demander le grand jeu à madame Fontaine. Enfin, en 1839, une femme enceinte fut émue à ce point de son hideux aspect, qu’elle accoucha d’un enfant mort (Les Comédiens sans le savoir. — Le Cousin Pons. — Le Comte de Sallenauve).

Athalie, cuisinière au service de madame Schontz, en 1836. — Elle possédait, au dire de sa maîtresse, un talent particulier pour accommoder le chevreuil (La Muse du Département).

Aubrion (Marquis d’), gentilhomme ordinaire de la Chambre, sous Charles X. — Il était de la maison d’Aubrion de Buch, dont le dernier captal mourut avant 1789. Il avait fait la folie d’épouser une femme à la mode, étant déjà un vieillard, et, réduit à une vingtaine de mille francs de rente, qui lui servaient à peine pour vivre à Paris, il cherchait à marier sa fille sans dot à quelque homme ivre de noblesse. En 1827, au dire de madame d’Aubrion, cet antique débris adora passionnément la duchesse de Chaulieu (Eugénie Grandet).

Aubrion (Marquise d’), femme du précédent ; née en 1789. — La marquise d’Aubrion, belle encore à trente-huit ans et ayant toujours des prétentions, cherchait, en 1827, à capturer par tous les moyens Charles Grandet, revenant des Indes, dont elle voulait faire son gendre, comme elle y réussit d’ailleurs (Eugénie Grandet).

Aubrion (Mathilde d’), fille du marquis et de la marquise d’Aubrion ; née en 1808 ; mariée à Charles Grandet. — V. Grandet (Charles).

Aubrion (Comte d’). — C’est Charles Grandet, après son mariage avec la fille du marquis d’Aubrion (La Maison Nucingen).

Auffray, épicier à Provins, au temps de Louis XV, de Louis XVI et de la Révolution. — Marié d’abord à dix-huit ans, M. Auffray avait contracté, vers soixante-neuf ans, un second mariage. De son premier lit était issue une fille assez laide, mariée, dès l’âge de seize ans, à un aubergiste de Provins, nommé Rogron ; de sa seconde union naquit encore une fille, mais charmante, celle-ci, qui épousa un Breton, capitaine dans la garde impériale. Pierrette Lorrain était la fille de cet officier. L’ancien épicier Auffray mourut à quatre-vingt-huit ans, sous l’Empire, sans avoir eu le temps de tester. La succession fut si bien manœuvrée par Rogron, le premier gendre du défunt, qu’il ne resta presque rien à la veuve du bonhomme, âgée seulement de trente-huit ans (Pierrette).

Auffray (Madame), femme du précédent. — V. Néraud (madame).

Auffray, notaire à Provins, en 1827. — Marié à la troisième fille de madame Guénée ; arrière-petit-neveu du vieil épicier Auffray ; subrogé tuteur de Pierrette Lorrain. À la suite des mauvais traitements dont cette jeune fille devint l’objet chez Denis Rogron, son tuteur, elle fut transférée, malade, chez le notaire Auffray, nommé tuteur à son tour, et elle y mourut, entourée des meilleurs soins (Pierrette).

Auffray (Madame), née Guénée. — Femme du précédent. Troisième fille de madame Guénée, née Tiphaine. Elle se montra pleine de bonté pour Pierrette Lorrain et la soigna très bien dans la maladie qui l’emporta (Pierrette).

Auguste, nom de Boislaurier, comme chef de « brigands », dans les rébellions de l’Ouest sous la République et sous l’Empire (L’Envers de l’Histoire contemporaine).

Auguste, valet de chambre du général marquis Armand de Montriveau, sous la Restauration, à l’époque où il demeurait rue de Seine, près de la Chambre des pairs et entretenait des relations avec la duchesse Antoinette de Langeais (Histoire des Treize : la Duchesse de Langeais).

Auguste, assassin célèbre, exécuté dans les premières années de la Restauration. — Il laissait une maîtresse, surnommée la Rousse, à laquelle Jacques Collin avait fidèlement remis, en 1819, vingt et quelque mille francs, de la part de son amant, après l’exécution. Cette femme, mariée en 1821, par la sœur de Jacques Collin, au premier commis d’un riche quincaillier en gros, quoique rentrée dans la vie régulière, restait attachée, par un pacte secret, au terrible Vautrin et à sa sœur. — V. Madame Prélard (La Dernière Incarnation de Vautrin).

Auguste (Madame), couturière d’Esther Gobseck et sa créancière au temps de Louis XVIII (Splendeurs et Misères des Courtisanes).

Augustin, valet de chambre de M. de Sérizy, en 1822 (Un Début dans la Vie).

Aurélie, courtisane, à Paris, sous Louis-Philippe, à l’époque où madame Fabien du Ronceret commençait sa carrière galante (Béatrix).

Aurélie (La petite), l’un des surnoms galants de Joséphine Schiltz, dite encore Schontz, qui devint, plus tard, madame Fabien du Ronceret (Béatrix).

Auvergnat (L’), l’un des surnoms du malfaiteur Sélérier, dit aussi le père Ralleau, le Rouleur, Fil-de-Soie (La Dernière Incarnation de Vautrin). — V. Sélérier.


  1. La résidence du marquis d’Aiglemont, à Versailles, était, paraît-il, située au no 57 actuel de l’avenue de Paris ; elle fut habitée plus tard par un des auteurs de ce travail.
  2. On doit au sculpteur Allegrain, mort en 1795, un Narcisse, une Diane et une Vénus entrant au bain, aujourd’hui au musée du Louvre.
  3. Aujourd’hui, rue Tournefort.
  4. Aujourd’hui, rue Lhomond.