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Contes populaires d’Afrique (Basset)/118

La bibliothèque libre.
E. Guilmoto, Éditeur (Les Littératures populaires, tome XLVIIp. 297-300).
LXVI. — CHAMBALA[1]

118

LA COURGE QUI PARLE[2]


Il y avait une fois un grand village, et les petits enfants allaient jouer dans les champs. Ils virent une fois une courge et dirent :

— La courge devient grosse.

Alors elle parla tout à coup :

— Cueille-moi, je te cueillerai.

Les enfants revinrent chez eux et dirent : — Mère, dans le champ, il y a une courge qui parle.

La mère leur dit :

— Enfants, vous mentez.

Les jeunes filles qui n’avaient pas été avec eux leur dirent :

— Conduisez-nous à l’endroit où est la courge.

Quand elles furent arrivées, elles dirent :

— La courge devient grosse.

Elle ne répondit rien, mais elle resta tranquille et ne fit entendre aucun son. Les jeunes filles revinrent à la maison et dirent :

— Pourquoi nous avez-vous trompées et dupées ?

Les autres enfants rirent et répondirent :

— Laissez-nous y aller et voir nous-mêmes.

Ils y allèrent et quand ils dirent : La courge devient grosse ; elle leur répondit :

— Cueille-moi, je te cueillerai.

Alors ils revinrent à la maison et dirent :

— Mère, elle a parlé de nouveau.

Les jeunes filles y retournèrent, mais la courge ne prononça aucune parole.

La courge grandit, devint grosse comme une maison et saisit tous les hommes. Il ne resta qu’une vieille femme. La courge avala tous les autres habitants du village. Quand elle fut rassasiée, elle alla dans la mer. La femme qui était restée mit au monde un fils. Quand il fut grand, il demanda à sa mère :

— Où est mon père ?

Elle répondit :

— Ton père a été avalé par une courge qui est allée dans la mer.

— Allons chercher mon père, dit-il.

Il sortit, et quand il arriva à un lac, il cria :

— Courge, sors ! courge, sors !

Mais il ne vit rien. Alors il alla à un autre lac et cria :

— Courge, sors.

Alors il vit sortir l’oreille de la courge : il eut peur et grimpa sur un arbre. De là, il cria toujours :

— Courge, sors.

À la fin, la courge sortit pour poursuivre celui qui criait. Mais celui-ci grimpa sur un autre arbre, alla vers sa mère et dit :

— Donne-moi le carquois que je la tue.

Alors il prit des flèches dans le carquois, tira et la courge fut blessée. Il tira six flèches, enfin la courge mourut et rugit tellement qu’on l’entendit jusqu’à Vouga. Le jeune homme dit à sa mère :

— Apporte mon couteau.

Avec cela il trancha la courge ; les gens en sortirent et dirent :

— Qui nous a délivrés ?

— Moi, répondit-il.

— Alors tu seras notre chef et nous te vénérerons.

Il devint chef et reçut son domaine de chef.




  1. Le Chambala est parlé dans l’Ousambara, sur les bords du Pangani, dans l’Afrique orientale allemande.
  2. Seidel, Geschichten und Lieder der Afrikaner, Berlin, Schall et Grund, s. d, in-12, p. 174-175.