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Correspondance de Lagrange avec d’Alembert/Lettre 042

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Texte établi par Ludovic LalanneGauthier-Villars (Œuvres de Lagrange. Tome XIIIp. 84-85).

42.

D’ALEMBERT À LAGRANGE.

À Paris, 12 décembre 1766.

Mon cher ami, vous recevrez incessamment, et peut-être vous aurez déjà reçu, une petite balle qui vous est adressée par M. Franck, de Strasbourg, de la part de Bruyset, mon libraire de Lyon. Cette balle contient quelques exemplaires du cinquième Volume de mes Mélanges[1], dont je vous prie de faire la distribution suivante :

Un pour vous,

Un pour M. Bitaubé,

Un pour Mgr le prince de Prusse ; avec les quatre Volumes précédents, que je n’avais pas encore eu occasion de lui présenter.

Les autres, vous les adresserez à M. de Catt ; il y en a un pour le roi, un pour lui, un pour milord maréchal[2] et un pour le marquis d’Argens[3].

Mon libraire a fait la sottise de vous adresser cette balle, au lieu de l’envoyer à M. de Catt, comme je le lui avais mandé ; vous vous ferez rembourser des frais du port par MM. Michelet[4], en leur disant de ma part que c’est pour le compte du roi, à qui je n’ai pas cru devoir adresser cette balle directement.

Il y a quelques fautes de copiste ou d’impression désagréables ; je vous enverrai l’errata incessamment. Je vous préviens seulement que, dans le morceau sur le Calcul des probabilités, l’imprimeur a mis en deux endroits dix-sept fois pour cinq fois, et dans un autre, donnera un écu à Pierre pour recevra un écu de Pierre. Vous vous apercevrez aisément de ces petites inadvertances, qui viennent peut-être de la copie, car l’Ouvrage n’a pas été imprimé sous mes yeux. Je souhaite que cet Ouvrage ne vous déplaise pas, et je désire fort savoir en détail votre avis sur les morceaux qu’il contient et dont vous connaissez déjà la plupart ; mais je les ai retouchés en plusieurs endroits.

Je tiendrai la parole que je vous ai donnée de vous envoyer dans le courant de l’année prochaine quelques broutilles pour votre Volume ; en attendant, je travaille à mettre en ordre des matériaux pour un quatrième Volume d’Opuscules, et peut-être même pour un cinquième. Donnez-moi de vos nouvelles et de celles de vos travaux. Je vous embrasse, mon cher et illustre ami, de tout mon cœur. Mille compliments à MM. Bitaubé et Thiébault, et mille respects à l’Académie. Le P. Frisi, qui est ici pour l’hiver, vous fait mille compliments.

P.-S. En finissant cette Lettre, je reçois l’errata ci-joint que je vous envoie ; vous mettrez les six à chaque exemplaire. Il me manque votre Volume de 1759 et les suivants, excepté 1764.

À Monsieur de la Grange, de l’Académie royale des Sciences,
et directeur de la Classe mathématique, à Berlin
.

  1. Mélanges de Littérature, d’Histoire et de Philosophie (sans nom d’auteur), Amsterdam, 5 vol in-12. Les quatre premiers Volumes sont de 1764 ; le cinquième est de 1767.
  2. G. Keith, maréchal héréditaire d’Écosse, connu sous le nom de milord maréchal, né à Kincardineshire vers 1685, mort près de Potsdam en 1778. Condamné à mort après une tentative en faveur du prétendant, il se réfugia en Espagne, puis passa au service de Frédéric II, qui le nomma gouverneur de la principauté de Neuchâtel. Il fut très-lié avec Rousseau. D’Alembert a écrit son éloge (Mém. de l’Acad. de Berlin, année 1760, p. 450).
  3. J.-B. Boyer, marquis d’Argens, né à Aix (Provence) en 1704, mort en 1771. Il séjourna vingt-cinq ans près de Frédéric II, qui le fit son chambellan et le nomma directeur général de l’Académie de Berlin. Les Lettres juives sont le plus connu de ses Ouvrages.
  4. Négociants à Berlin, comme on l’a vu plus haut.