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Correspondance de Lagrange avec d’Alembert/Lettre 066

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Texte établi par Ludovic LalanneGauthier-Villars (Œuvres de Lagrange. Tome XIIIp. 136-137).

66.

D’ALEMBERT À LAGRANGE.

À Paris, ce 30 juin 1769.

Mon cher et illustre ami, voilà un petit Supplément au second des deux Mémoires que vous avez dû recevoir il y a huit jours. Je me suis aperçu d’une méprise qui est corrigée, comme vous le verrez, dans ce Supplément. Cependant, comme la restriction n’a lieu que quand les deux suites en question sont finies, je crois qu’il n’y a nul inconvénient à imprimer les deux Mémoires tels qu’ils sont ; il faudra seulement avoir l’attention que la correction que je vous envoie se trouve dans le même Volume où sera le second Mémoire.

J’ai ajouté à celui-ci un petit post-scriptum que je vous prie d’avoir soin de faire imprimer à la fin. Je croyais avoir fait le premier la remarque singulière et importante qui est à la fin de l’article XVIII sur les cas où, dans une équation différentielle, est tout ce qu’on voudra, étant zéro. À peine avais-je écrit le peu que je vous dis à ce sujet, que j’ai reçu le premier Volume du Calcul intégral d’Euler, et j’ai vu que ce, diable d’homme avait déjà fait la même remarque. Cependant je crois qu’il n’a pas tout dit ; mais j’ai vu, avec quelque regret, qu’il m’avait enlevé la fleur des réflexions que j’avais faites sur ce sujet. Je pourrai vous en faire part une autre fois.

Ce Traité du Calcul intégral me paraît plein d’excellentes choses ; dites-moi, je vous prie, si le second Volume paraît ou si vous savez quand il paraîtra. Pour prévenir l’inconvénient où je viens de tomber, je fais parapher actuellement par le secrétaire de l’Académie l’énoncé de différents problèmes et théorèmes de Calcul intégral, afin de m’en conserver du moins la possession et de constater que je les ai trouvés de mon côté, si ce diable d’homme me prévient encore sur quelques-uns, ce qui pourrait bien être, car où ne fouille+il pas ? Adieu, mon cher et illustre ami ; je vous embrasse de tout mon cœur. Donnez-moi des nouvelles de votre santé et surtout ménagez-la, pour vous premièrement, et puis pour l’intérêt des sciences et pour la tranquillité de vos amis, à la tête desquels je me flatte que vous me placez. Iterum vale et me ama.