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Correspondance de Lagrange avec d’Alembert/Lettre 135

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Texte établi par Ludovic LalanneGauthier-Villars (Œuvres de Lagrange. Tome XIIIp. 302-303).

135.

D’ALEMBERT À LAGRANGE.

À Paris, ce 10 juillet 1775.

Mon cher et illustre ami, j’ai communiqué à M. de la Place l’article de votre Lettre qui le regarde, et je suis charmé de ce que vous vous occupez encore à enrichir par vos travaux la théorie des planètes. M. le marquis de Condorcet m’a dit vous avoir écrit. Il est vrai qu’il est directeur de la Monnaie ; il l’était d’abord sans appointements, mais on a trouvé qu’il n’était pas juste qu’il travaillât toujours et partout gratuitement, comme il a fait jusqu’ici, et on lui a donné les mêmes appointements qu’à son prédécesseur, qui conserve les siens. Il vous a envoyé, m’a-t-il dit, les Ouvrages que l’Académie a fait paraître ; il en avait chargé M. de la Lande ainsi c’est de la part de l’un et de l’autre que vous avez reçu la balle dont vous me parlez. Je joins ici la liste que vous me demandez des arts imprimés de l’Académie, avec les prix ; mais on en fait actuellement à Neufchâtel (si je ne me trompe) une édition in-quarto qui sera beaucoup moins chère.

Vous m’affligez beaucoup en m’annonçant que vous ne travaillerez point à notre prix sur les comètes, et encore plus que le dérangement de votre santé pendant l’hiver dernier en a été la cause. Ménagez-vous bien, je vous supplie, pour vos amis et pour les sciences, qui ont si grand besoin de vous. Je me suis remis un peu au travail mathématique, mais ma pauvre tête ne s’en trouve pas trop bien, et je crains d’être encore obligé d’y renoncer. Un ami vient de me prêter le Volume de 1773 de vos Mémoires, que j’attends à la première occasion que vous aurez de me l’envoyer. J’y ai lu avec grand plaisir et profit vos deux Mémoires sur le mouvement d’un corps de figure quelconque et sur l’attraction d’un sphéroïde elliptique[1]. Je n’ai pas encore entamé les deux autres, dont le sujet m’intéresse moins, quoiqu’il me paraisse très savamment traité par vous, ainsi que tout ce que vous faites. Adieu, mon cher et illustre ami ; je finis ici pour ne pas trop grossir ce paquet, et je vous embrasse de tout mon cœur. Une autre fois je m’entretiendrai plus au long avec vous. Mes très humbles respects à l’Académie, et mes compliments à MM. Thiébault, Bitaubé, Borrelly, Formey, Lambert, etc., et à tous ceux qui veulent bien se souvenir de moi.

(En note : Répondu le 6 septembre 1775.)

  1. Nouvelle solution du problème dit mouvement de rotation d’un corps de figure quelconque qui n’est animé par aucune force accélératrice (Mémoires de l’Académie de Berlin, année 1773, p. 85-120). — Sur l’attraction des sphéroïdes elliptiques (ibid., p. 121-148). Voir Œuvres, t. III, p. 579 et 619.