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Correspondance de Voltaire/1733/Lettre 310

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Correspondance de Voltaire/1733
Correspondance : année 1733GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 33 (p. 322-323).
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310. — Á M. JOSSE[1].
À Paris, le 6 janvier[2].

Quoique je n’aie jamais reçu un sou des souscriptions de la Henriade[3], quoique tous ceux qui ont envoyé en Angleterre aient reçu le livre, quoique jamais aucune souscription ne m’ait appartenu, cependant, depuis que je suis en France, j’ai toujours payé de mes deniers les souscriptions qu’on a présentées ; et j’ai, outre cela, fait donner gratis toutes les éditions de la Henriade aux souscripteurs. Il est vrai, monsieur, que le temps fixé pour ce remboursement est passé, il y a deux mois ; mais M. de Laporte, porteur de deux souscriptions, mérite une considération particulière. Je vous prie de lui rembourser ce papier, et de lui faire présent d’une Henriade de ma part.

  1. Jean-François Josse, libraire, cité dans la lettre du 5 juin 1734, à Formont.
  2. Nous imprimons cette lettre sur l’original même, auquel se trouvaient jointes un grand nombre de souscriptions remboursées par M. de Voltaire. Cette lettre prouve qu’au commencement même de sa carrière littéraire, M. de Voltaire n’avait point cette avidité que ses ennemis lui ont tant de fois et si injustement reprochée. Il est d’ailleurs très-bien prouvé que nul auteur n’a moins tiré parti de ses ouvrages pour s’enrichir ; il les a presque toujours donnés, soit aux libraires ou aux comédiens, soit aux jeunes gens de lettres qu’il voulait encourager. (K.)
  3. L’édition de Londres, 1728, in-4o ; les souscriptions étaient d’un louis chacune et Thieriot s’en appropria cent. Voyez la lettre du 3 décembre 1744, à Destouches