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Correspondance de Voltaire/1733/Lettre 336

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Correspondance de Voltaire/1733
Correspondance : année 1733GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 33 (p. 344-345).
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336. — Á M. THIERIOT[1].
…1733.

J’ai donné aujourd’hui un petit paquet à monsieur votre frère, qui m’a au même instant payé avec usure par une de vos lettres[2]. Je vois que nous pensons à peu près aux mêmes choses, sans nous être donné le mot. En vérité, cela prouve que nous sommes faits pour vivre ensemble. Vous devriez venir passer l’hiver prochain à Paris. Je ne m’accoutume pas à une si longue absence. Je vais dire à Formont que vous songez à lui, et que vous l’aimez, quoique vous soyez dans le pays de l′indifférence.

Je crois que vous verrez dans peu le duc de Richelieu, qui va porter ses grâces et ses séductions à Londres. Vous me paraissez trop Anglais pour lui faire votre cour, et de trop bon goût pour être de son avis sur les beaux-arts, qu’il entend très-mal ; mais il entend à merveille celui de plaire. C’est de tous les arts celui qu’en général les Anglais cultivent le moins, et que M. de Richelieu connaît le plus. Pour vous, vous me plairez infiniment si vous revenez après m’avoir imprimé. Écrivez-moi souvent et longuement, si vous m’aimez.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Thieriot était alors à Londres.