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Correspondance de Voltaire/1742/Lettre 1485

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Correspondance de Voltaire/1742
Correspondance : année 1742GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 36 (p. 111).

1485. — À M. THIERIOT[1].
Grai en Franche-Comté, 19 janvier 1742.

Quoique je ne croie pas de léger, et surtout aux promesses de cour (j’entends de cour étrangère, car on ne trompe point chez nous), j’ai quelque lieu de croire que votre affaire est enfin terminée, suivant les lettres que je viens de recevoir de Berlin. Je vous montrerai dans quelques jours celle que je reçus il y a plus de quinze jours en réponse à la missive de vers et de prose que vous vites à Paris ; vous verrez comme on a répondu à la mention que je faisais de vos besoins.

Je ne suis point étonné du succès qu’ont eu les Confessions[2] dont vous me parlez quand on confesse des péchés que tout le monde fait ou que tout le monde voudrait faire, on est bien reçu du public mais je ne crois point, parce que le frivole est bien reçu, que la nation n’aime que le frivole. Les livres sensés et instructifs ont un succès plus durable ils passent à la postérité, et les petits romans sont bientôt oubliés. Dans cent ans on lira Rollin, tout imparfait qu’il est, tout bavard, tout fautif, tout superstitieux, parce que le fonds de son livre est solide et on ne lira pas plus les Confessions du compte de ***, que les honnêtes gens ne lisent celles de saint Augustin.

J’aurais besoin de beaucoup de livres je m’adresserai à vous si vous le permettez. J’espère vous embrasser ce carême.

  1. Pièces inédites de Voltaire, 1820.
  2. Les Confessions du comte de ***, roman de Duclos.