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Correspondance de Voltaire/1761/Lettre 4402

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Correspondance : année 1761
Garnier (Œuvres complètes de Voltaire, tome 41p. 136).

4402. — À M. DE CHENEVIÈRES[1].
Ferney, 4 janvier[2].

Je suis honteux ; je me mettrais dans un trou de souris, mon cher correspondant. Je ne réponds qu’en vile prose et qu’en courant à vos aimables vers. Voilà comme sont faits les maçons et les laboureurs, et j’ai l’honneur de l’être. Voulez-vous bien pourtant me mander s’il est vrai qu’on ait joué à Versailles cette Femme qui a raison qu’on m’impute, et qui est détestablement imprimée ? Le tiers de cet ouvrage est à peine de ma façon. Je souffre très-patiemment qu’on me persécute, mais je ne souffre pas qu’on me rende ridicule.

J’ai envoyé à M. Sénac un mémoire qui semble concerner son ministère : il s’agit d’un marais qui met la peste dans mon petit pays. M. Sénac ne se soucie pas qu’on meure entre le mont Jura et les Alpes ; il ne me répond pas.

J’embrasse mon cher correspondant.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Cette lettre est de 1761 et non de 1763. (G. A.)