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Correspondance de Voltaire/1761/Lettre 4414

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Correspondance : année 1761
Garnier (Œuvres complètes de Voltaire, tome 41p. 145-146).

4414. — À M. THIERIOT.
11 janvier.

Reçu le Monde[1] et la Lettre du primat[2] des Gaules ; il y a plus de deux mois, mon cher ami, que j’ai chez moi cette Lettre in-4° marginée. Sachez qu’en poursuivant frère Berthier, je suis fort bien auprès de mon primat, très-bien avec mon évêque ; qu’incessemment je serai le favori de l’archevêque de Paris ; et, si vous me fâchez, je le serai du pape.

Reçu encore la Théorie de l’Impôt, théorie obscure, théorie (qui me paraît absurde ; et toutes ces théories viennent mal à propos pour faire accroire aux étrangers que nous sommes sans ressource, et qu’on peut nous outrager et nous attaquer impunément. Voilà de plaisants citoyens et de plaisants amis des hommes ! Qu’ils viennent comme moi sur la frontière, ils changeront bien d’avis ; ils verront combien il est nécessaire de faire respecter le roi et l’État. Par ma foi, on voit les choses tout de travers à Paris.

Vous verrez bientôt une très-singulière Épître[3] à Clairon. Je la loue comme elle le mérite ; je fais l’éloge du roi, et c’est mon cœur qui le fait ; je me moque de tout le reste, et même assez violemment. J’ai souffert trop longtemps ; je deviens Minos dans ma vieillesse, je punis les méchants.

P. S. Je suis bien content de l’acquisition de Mlle Corneille : elle fait jusqu’à présent l’agrément de notre maison. Il est honteux pour la France que quelque grande dame ne l’ait pas prise auprès d’elle.

Nota bene que le saint abbé Grizel[4] n’a point volé Mme d’Egmont, mais bien M. de Tourny. Gardez-vous d’induire les commentateurs en erreur.

  1. Ouvrage de Bastide ; voyez lettre 4323.
  2. Lettre de M. l’archevéque de lyon (Moutazet) à M. l’archevêque de Paris (Chr. de Beaumont), 1760, in-4° et in-12.
  3. L’Épître à Daphné : voyez tome X.
  4. Voyez l’avant-dernier alinéa de la lettre 4395.